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Il avait 86 ans

Le chanteur, comédien et ex-sénateur Jean Lapointe est décédé

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21 novembre 2022
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Par La Presse Canadienne

Le chanteur, comédien et ex−sénateur Jean Lapointe s’est éteint vendredi. Il avait 86 ans.

La Fondation Jean Lapointe a annoncé qu’il était décédé à la Maison St−Raphaël, entouré de ses proches, à la suite de complications de santé.

Né à Price, dans le Bas−Saint−Laurent, le 6 décembre 1935, Jean Lapointe débute sa carrière alors qu’il est encore adolescent, à la station de radio CHRC à Québec.

En 1953, il remporte un concours d’amateurs dans un cabaret montréalais avec son groupe, les Québécairs. C’est deux ans plus tard qu’il fonde les Jérolas avec Jérôme Lemay. Le duo, qui mêle chant, humour et imitations, connaît une popularité constante et mène ses interprètes jusqu’au Ed Sullivan Show, en 1963, ainsi qu’à l’Olympia de Paris. Les Jérolas se dissolvent finalement, en 1974, puis Lapointe et Lemay entreprennent chacun des carrières solos.

Jean Lapointe connaît du succès seul, autant avec ses disques que ses spectacles d’humour et chansons dans les années 1970 et 1980. On se souvient, par exemple, de «Chante−la ta chanson», «Tu jongles avec ma vie» et «Si on chantait ensemble».

En 1981, il remporte le Félix du spectacle de l’année avec «C’est pour le fun».

Sous les encouragements de son ami Raymond Devos, Jean Lapointe tente ensuite sa chance en France et connaît un bon succès. Il présente même son spectacle «Lapointe porte à rire» à l’Olympia, en 1985. 

Jean Lapointe est aussi un comédien doué et mène une carrière cinématographique parallèlement à la chanson. Il fait son premier film avec Jérôme Lemay, en 1966, «Yul 871».

Il enchaîne avec «Deux femmes en or», en 1970, qui est suivi notamment par «Les chats bottés» et «Les Ordres». En 1977, son rôle dans «One Man», tourné en anglais, lui vaut le Canadian Film Award du meilleur acteur de soutien. Il tient également le rôle−titre de la série télévisée «Duplessis», en 1978.

Tous ses succès ne l’ont cependant pas empêché de sombrer dans l’alcoolisme, dès les années 1960. Il réussit heureusement à s’en sortir et crée, en 1982, une maison de transition pour alcooliques et toxicomanes, La Maison Jean Lapointe.

Plusieurs hommages
L’humoriste, chanteur et comédien est fait officier de l’Ordre du Canada en 1984. En 1995, la Ville de Québec le nomme Grand Québécois de l’année.

En 2000, le gala Les Olivier lui remet un prix hommage. Un autre hommage lui est rendu au gala Juste pour rire en 2005, année marquant ses 50 ans dans le milieu artistique.

Son rôle dans «Le dernier tunnel» (2004), d’Érik Canuel, lui permet de remporter la même année un prix Génie et un Jutra.

Il est nommé officier de l’Ordre national du Québec en 2006.

En 2011, Jean Lapointe retrouve son partenaire de scène de la première heure, Jérôme Lemay, et les deux artistes entreprennent ensemble un retour. Mais Jérôme Lemay est victime d’un malaise lors de la première montréalaise de leur spectacle, à la Place des Arts. Il décédera quelques semaines plus tard.

L’une de ses dernières apparitions cinématographiques remonte à 2011 dans «À l’origine d’un cri», de Robin Aubert, qui lui vaudra le Jutra du meilleur acteur de soutien. Il obtient la même année un Jutra−Hommage soulignant l’ensemble de sa carrière. 

Au Gala Les Olivier 2019, on lui a remis le prix «Merci pour tout», décerné pour l’implication sociale et humanitaire. Très ému, il avait confié à La Presse Canadienne que cette reconnaissance lui ramenait en mémoire un hommage que lui avait rendu son idole, Félix Leclerc, en décembre 1980.

«Félix Leclerc avait écrit un portrait de moi, il m’avait invité chez lui et il me l’avait lu. C’était vraiment très émouvant parce que ça disait "Longtemps après son départ, Jean Lapointe aura laissé des bouées", en faisant allusion à la Maison Jean Lapointe. Puis, il finissait en disant Jean Lapointe le généreux.»

Passage en politique
Par ailleurs, en parallèle à sa carrière artistique, Jean Lapointe goûte à la vie politique. En 2001, le premier ministre du Canada, Jean Chrétien, le nomme au Sénat, à la grande surprise du principal intéressé, qui passera les dix années suivantes à la Chambre haute. Au cours de cette période, il fait de la lutte contre les appareils de loterie vidéo dans les bars et les restaurants sa priorité, présentant à plusieurs reprises un projet de loi à cet effet, qui n’aura finalement jamais été adopté.

Au moment de prendre sa retraite, à la fin de 2010, il se dit déçu de son passage dans la capitale fédérale, avouant avoir trouvé le monde politique difficile et s’être retrouvé irrité par les tractations qui se font parfois en coulisse. «Je n’aime pas la politique. Je n’ai pas aimé ça. Il y a bien des combines qui se font», avait−il alors confié à La Presse Canadienne

«Je n’ai jamais cédé d’un pouce (au moment des votes), j’y suis allé selon ma conscience puis selon mes connaissances (...) La ligne de parti, j’en n’ai rien à cirer. Qu’ils en fassent une ligne, moi je ne la connais pas», avait ajouté celui qui s’était lui−même baptisé le «sénartiste», témoignant ainsi de la passion qui aura animé sa vie jusqu’à son dernier souffle.

Caroline St−Pierre, La Presse Canadienne

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