Un triste chapitre d'une longue histoire de violence
Par Agence QMI Maxime Deland
Début février, une femme est retrouvée morte dans sa résidence de Saint-Lin-Laurentides.
Linda Loiselle, 48 ans, a été victime d'un meurtre sordide. Le frère de la victime, Sylvain Loiselle, se livre à la police dans les jours suivants.
Un mois après le crime, la soeur de Sylvain et de Linda Loiselle, Carole, lève le voile sur les atrocités vécues par son petit frère depuis le premier jour de sa vie.
«Pendant des années, tout le monde autour de nous a fermé les yeux, sachant très bien qu'on se faisait violenter par nos parents. Mais moi, j'ai choisi de ne pas fermer les yeux et mon petit frère, je ne peux pas le laisser tomber.»
Au bout du fil, Carole Loiselle fond en larmes. Depuis le début du mois de février, la dame de 47 ans vit un épouvantable drame familial. Sa soeur aînée, Linda, a été assassinée par son petit frère Sylvain, 45 ans, qui se retrouve présentement derrière les barreaux à la prison de Saint-Jérôme.
Chaque jour, Carole Loiselle parle au téléphone avec son frère cadet. Mme Loiselle tient à ce que les gens sachent qu'elle n'excuse pas le geste de son frère. «C'est dégueulasse, mais quand tu as eu une vie comme la sienne... Il peut bien avoir pété une coche » laisse-t-elle tomber.
Récit d'horreur
Carole Loiselle prend une grande respiration et commence un long récit. Un véritable récit d'horreur. «Aurore, l'enfant martyre, je peux vous assurer que ce n'est rien comparativement à ce que Sylvain a vécu», commence-t-elle.
«Bébé naissant, il était attaché dans son lit. La porte barrée. Pas de lumière. Mes parents le faisaient sortir juste pour manger, raconte Carole Loiselle. S'il avait le malheur d'échapper une goutte à côté de son assiette, la claque ou le coup de poing partait.»
«C'est pas compliqué, pendant toute sa jeunesse, à chaque jour, mon frère a été torturé mentalement et physiquement», déplore-t-elle.
«Mon père le battait et le frappait avec tout ce qui pouvait lui tomber sous la main: un bâton, la strape, ses caps d'acier... Et s'il ne trouvait rien, il le frappait à coups de poing», souffle la benjamine de la famille Loiselle.
Le père de trois enfants, «un véritable bourreau», selon Carole Loiselle, est mort il y a quelques mois. La mère, qui participait ou commandait les atrocités, est morte elle aussi, il y a plusieurs années.
Encore aujourd'hui, Carole Loiselle jure qu'il ne se passe pas une journée sans qu'elle ne pleure en pensant aux sévices et «à la vie traumatisante» que son petit frère a eue.
«Mon enfance a été difficile aussi. J'ai été abusée sexuellement et en plus de me faire traiter de salope et de putain dès l'âge de quatre ans, mon père m'a toujours dit que le premier gars avec qui je coucherais, ça serait lui», lâche-t-elle avant de s'arrêter pour une longue pause. «Mais tout ça, c'est rien à comparer à ce que Sylvain a enduré», enchaîne-t-elle.
Une vie, trois sourires
D'ailleurs, depuis la prison de Saint-Jérôme, Sylvain Loiselle aurait récemment confié à sa soeur qu'il «se souvient d'avoir souri seulement trois fois» durant toute sa vie.
«Sylvain, il voulait de l'attention et de l'amour. De l'amour, il en a cherché toute sa vie. Je me demande même comment ça se fait qu'il n'est pas mort aujourd'hui» dit Carole Loiselle.
Selon cette dernière, malgré le parcours criminel bien garni de son frère, celui-ci «a le coeur à la bonne place».
«Quand il est sorti de prison, il a cogné à tellement de portes pour obtenir un emploi. Personne ne lui a laissé une chance.»
Encore aujourd'hui, Carole Loiselle affirme que son frère n'a aucun moyen de s'exprimer. Celui qui devait subir une évaluation psychiatrique de 30 jours à l'Institut Philippe-Pinel, à Montréal, a été retourné en prison après la première journée, selon Mme Loiselle.
«C'est peut-être moi qui l'aurais fait»
Carole Loiselle assure que sa grande soeur, Linda, ne méritait pas de souffrir. Tuée de nombreux coups de marteau, Linda Loiselle laisse dans le deuil ses deux garçons âgés respectivement de 23 et 20 ans, le plus jeune étant lourdement handicapé.
«Elle a tellement détesté nos parents qu'elle est devenue comme eux. Je le répète, je n'excuse pas le geste de mon frère. Sauf qu'elle était tellement méchante. Avoir été le moindrement violente, c'est peut-être moi qui l'aurais fait, pas mon frère...»
Avant le meurtre pour lequel il est présentement accusé, Sylvain Loiselle était connu des services policiers notamment pour extorsion, intimidation, introduction par effraction, possession de drogue ou encore voies de fait contre des policiers.
Loiselle doit revenir en Cour le 11 mars pour la suite des procédures.
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