Prévisions
La production pétrolière pourrait augmenter légèrement en 2023 au Canada
Par La Presse Canadienne
Les entreprises pétrolières et gazières canadiennes prévoient augmenter leurs dépenses en 2023, mais des analystes estiment que ce sera tout de même une autre année de croissance modeste.
Pour l'industrie énergétique du pays, 2022 a finalement été l'année qui a rétabli la prospérité dans ce secteur. Avec la levée des restrictions sanitaires partout dans le monde, la guerre en Ukraine et l'impact cumulatif d'années de sous-investissement dans le pétrole et le gaz, les prix de l'énergie ont atteint des niveaux records en 2022, ce qui a du même coup permis aux entreprises canadiennes d’engendrer des bénéfices records.
Mais la plupart de ces revenus ont servi à rembourser des dettes et à récompenser les actionnaires, donc ils n’ont pas été redirigés vers de grands projets de construction ou d'infrastructure. Et même si les prix des matières premières devaient rester au vert en 2023, cette tendance devrait se poursuivre.
«Les producteurs de pétrole sont devenus beaucoup plus disciplinés financièrement au cours des six ou huit dernières années», estime le stratège en chef des investissements chez IG Wealth Management, Philip Petursson. Selon lui, la menace d'une récession en 2023 est l'un des facteurs qui font en sorte que les entreprises hésitent avant de se lancer dans de folles dépenses.
«On sait qu'en période de ralentissement économique, la demande pour le pétrole chute, rappelle M. Petursson. Donc, je pense que (les entreprises) voudront être un peu plus prudentes.»
En Alberta seulement, au cours des 10 premiers mois de 2022, la production de pétrole brut a atteint en moyenne 3,7 millions de barils par jour — un record absolu qui a été battu en raison de la demande mondiale en hausse, selon ATB Financial.
Production élevée en 2023
Des experts s’attendent à ce que la production soit encore plus élevée en 2023. Ils font cette prédiction à la lumière des budgets d'investissement déjà publiés et des prévisions de production des sociétés pétrolières et gazières.
De nombreuses entreprises ont été en mesure de rembourser d'importants morceaux de leur dette en 2022, ce qui fait en sorte qu’elles auront plus de liquidités l’an prochain si les prix des matières premières se maintiennent autour de 75 $ US le baril.
De plus, l'expansion de l'oléoduc Trans Mountain devrait être terminée d'ici la fin de l'année, ce qui offrira une capacité de transport supplémentaire aux sociétés pétrolières et augmentera le potentiel de croissance des exportations.
L'Association canadienne des producteurs pétroliers s'attend également à ce que les investissements dans le gaz naturel et le gaz naturel liquéfié augmentent en 2023.
M. Petursson va même jusqu’à prédire que la production pétrolière canadienne en 2023 dépassera le record établi en 2022, mais seulement par un cheveu.
«Je pense qu’il va y avoir une toute petite augmentation, parce qu’il y a de nouveaux projets qui sont actuellement en construction, souligne-t-il. Mais je ne pense pas qu’on va revenir à du “pompe, bébé, pompe” comme dans les dernières années.»
Viabilité financière
En 2023, l'industrie continuera probablement de se concentrer sur les rendements des actionnaires et sur le maintien de la viabilité financière de leurs entreprises. En plus de l'incertitude économique mondiale, le secteur canadien du pétrole et du gaz est confronté à des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de plus en plus agressifs. Le gouvernement fédéral est actuellement en train d'élaborer un plafond législatif sur les émissions du secteur, ce à quoi l'industrie s'oppose.
Le président-directeur général d'Advantage Energy, Mike Belenkie, indique que son entreprise prévoit de croître à un taux de 10 à 12 % au cours des prochaines années.
«Nous n'avons probablement jamais été dans une position plus forte qu'aujourd'hui. Notre dette est très faible, notre production augmente et notre équipe est stable», assure M. Belenkie.
Mais il blâme les orientations récentes du gouvernement fédéral - y compris le système de tarification du carbone - pour avoir contraint l'industrie dans son ensemble à mettre un terme à l'ère des grands projets.
«Au cours de la dernière décennie, la plupart des entreprises qui n’étaient pas en bonne posture ont dû fermer. Et les entreprises qui sont restées sont assez fortes et ont la capacité de résister à beaucoup de volatilité», croit M. Belenkie.
Entreprise dans cette dépêche : (TSX : AAV)
Amanda Stephenson, La Presse Canadienne
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