Une semaine décisive pour les fraises
Par Lysane Sénécal Mastropaolo
Les champs sont prêts, les plants sont en fleurs, les abeilles butinent, il ne manque que le beau temps pour faire sortir les petits fruits rouges si délicieux qui poussent en abondance et qui font la renommée de la région : les fraises. Les fermiers attendent patiemment. Ils ne sont pas encore inquiets, mais. la pluie doit cesser, s'accordent-ils pour dire.
Le soleil s'est caché presque tout le mois de mai, mais il est encore trop tôt pour dire si la saison des fraises est jouée. Les deux prochaines semaines doivent être ensoleillées et chaudes pour permettre la pollinisation. Certains fermiers, comme Guy Rivest de Rawdon, attendent encore tranquillement la floraison qui tarde à arriver. «Les gens vont être un peu mêlés. Le client va chercher la fraise hâtivement comme l'année dernière», ajoute M. Rivest.
Il faut dire que l'année dernière était plutôt exceptionnelle. Le soleil et le beau temps avaient précipité la saison des fraises. Du jamais vu pour plusieurs agriculteurs. Francine Perron, des Fermes Perron de Saint-Jacques, affirme que sa récolte arrive en force autour du 24 juin habituellement. L'année dernière, c'était le 15 juin. Mme Perron estime pouvoir ouvrir son kiosque d'auto-cueillette pour le 24 juin cette année. C'est presque deux semaines de retard par rapport à l'année dernière. Dans les faits, ce n'est qu'une semaine de retard par rapport à la normale. «C'est ce qui nous trompe, assure l'agricultrice. On se compare à l'année dernière et tout le monde, je crois, avait eu une surproduction», se rappelle la dame. Cette dernière s'attend à une production normale pour cette année malgré le retard accumulé.
Dame Nature peu clémente
Des précipitations record sont tombées sur le sud du Québec ce printemps, et plusieurs municipalités ont été victimes d'inondations. La région de Joliette a reçu 88 mm de pluie durant le mois de mai, soit 4 mm de plus que la moyenne, selon MétéoMedia. L'année dernière, seulement 23 mm de pluie se seraient abattus sur la région. Jean Auclair, du Paradis de la Fraise à Lavaltrie, affirme que la pluie ne devrait pas affecter sa production trop drastiquement puisqu'il cultive sur des terres de sable. Les champs plantés sur des terres de glaise, comme à L'Assomption, auraient plus de problèmes à tirer leur épingle du jeu, selon lui. M. Auclair ajoute qu'il est plus facile de contrôler les sécheresses que les mois pluvieux. Les systèmes d'irrigation remplacent les cumulonimbus remplis d'eau. Par contre, pour ce qui est du beau temps, «on n'est pas encore capables de faire de la chaleur», lance-t-il à la blague.
Les clients programmés
Peu importe la date à laquelle les fraises vont sortir, les clients s'attendent à cueillir ces fruits rouges une fois les enfants en vacances, vers le 24 juin. Les consommateurs se seraient habitués à un certain rythme pour consommer les produits de la terre. Les framboises se mangent après les fraises et les ketchups se font en septembre. L'année dernière, les fraises seraient sorties trop tôt pour les consommateurs qui ont à peine eu le temps d'en profiter que les framboises et le maïs prenaient le relais. Cette année, elles seront en retard. «Essayez de fêter Noël le 15 janvier, ce n'est pas Noël», explique Françine Perron à titre de comparaison.
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