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Vers un nouveau test à domicile pour connaître son risque d'avoir un cancer du sein

durée 06h00
24 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Dans le but de détecter le cancer du sein plus tôt chez les femmes présentant un risque accru de le développer, la Fondation cancer du sein du Québec espère qu'un nouveau test, qu'elle qualifie de révolutionnaire, sera bientôt disponible dans les chaumières de la province.

Le test est issu de l’étude PERSPECTIVE qui a évalué une nouvelle stratégie de dépistage qui tient compte du risque de chaque femme. L'outil mis au point dans le cadre de l'étude combine une analyse de salive à un questionnaire pour calculer le risque de cancer du sein de façon personnalisée pour chaque femme. Ledit questionnaire prend en compte des facteurs tels que les antécédents familiaux, la densité mammaire, l’exposition aux hormones et l’indice de masse corporelle.

Après avoir été étudié cliniquement auprès d'environ 4000 femmes, l’outil est prêt à être déployé pour la population. La Fondation cancer du sein du Québec s'attend à ce que le test soit homologué d'ici la fin de l'année 2025. Après cette étape, l'outil devra d'abord faire l'objet d'un projet pilote dans une région avant qu'il soit disponible à l'ensemble du Québec.

Actuellement, l’accès au dépistage du cancer du sein repose uniquement sur le critère de l’âge. Lorsqu'elles atteignent 50 ans, les Québécoises sont invitées à passer une mammographie de dépistage tous les deux ans. Or, un cancer sur six est détecté chez les femmes de moins de 50 ans.

«Si on dépiste un cancer du sein tôt, au stade zéro, moins il y a de chance qu'on en meurt. Le taux de survie d'un cancer détecté à un stade 1, c'est entre 98 et 100 %, tandis qu'à un stade 4, c'est 23 %. On pense que ça fait une différence et que cet outil nous permettrait de façon équitable de détecter des cancers du sein plus tôt», fait valoir Karine-Iseult Ippersiel, présidente-directrice générale de la Fondation cancer du sein du Québec.

Une fois qu'elles connaissent leur facteur de risque, les femmes devront quand même passer une mammographie pour savoir s'il y a un cancer ou pas. Mme Ippersiel ajoute qu'il s'agit d'un choix de vouloir connaître son niveau de risque ou pas. «C'est comme le programme de dépistage en cancer du sein; il n'y a que 63 % de la population qui y participe alors qu'elles y ont droit», dit-elle.

«Notre programme de dépistage en cancer du sein, il fonctionne bien... à partir de 50 jusqu'à 74 ans, tient à préciser Mme Ippersiel. On ne veut pas changer le mode de dépistage. On veut donner l'accessibilité à cet outil pour que les femmes puissent connaître leur risque de cancer et puissent prendre des décisions éclairées plus tôt.»

Mieux utiliser les ressources

Le cancer du sein est la deuxième principale cause de décès par cancer auprès des Canadiennes. Pour 2024, la Société canadienne du cancer estime que 30 500 femmes ont reçu un diagnostic de cancer, représentant le quart de tous les nouveaux cas de cancer chez la femme.

Une fois le test salivaire effectué et le questionnaire rempli, la femme pourra savoir si elle a un risque faible, intermédiaire ou élevé de développer un cancer du sein. À partir de là, selon son résultat, elle pourra être suivie plus étroitement par son médecin, aller se faire dépister régulièrement ou faire d'autres examens, par exemple une imagerie par résonance magnétique (IRM) si elle a une importante densité mammaire.

Le test a le potentiel d'éviter des mammectomies et de sauver des vies. «Un stade plus tôt, ça veut dire des interventions moins invasives, qu'on se remet plus rapidement pour retourner à notre vie la plus normale possible», soutient Mme Ippersiel.

Il s'agit aussi d'une économie de coût pour le système de santé. «Un cancer à un stade zéro, c'est moins de 15 000 $ pour le traiter, tandis qu'un stade 4, c'est 370 000 $. Le système serait gagnant sur toute la ligne en plus de sauver des vies», souligne la PDG.

Elle indique par ailleurs qu'une pénurie de techniciens en imagerie rend l'accès difficile aux mammographies pouvant prendre des mois dans certaines régions. Le nouveau test permettrait de prioriser les cas ayant un facteur de risque élevé.

«Quand on a un risque élevé de cancer du sein, c'est à peu près sûr que dans notre vie on va avoir un cancer du sein. Le nerf de la guerre, c'est de le trouver le plus tôt possible pour passer à autre chose et ne pas en mourir», explique Mme Ippersiel.

La Fondation cancer du sein du Québec aimerait qu'à partir de 30 ans, les femmes du Québec aient accès à leur score de risque en cancer du sein. Mme Ippersiel affirme que les instances gouvernementales sont bien au fait du projet PERSPECTIVE, mais elle veut les talonner pour s'assurer qu'elles iront de l'avant avec le déploiement du test.

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Katrine Desautels, La Presse Canadienne