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Une représentante de l'UE affirme que la guerre commerciale sert la Chine

durée 04h15
14 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

LA MALBAIE — La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères affirme que les droits de douane entre les pays occidentaux ne servent que les intérêts de la Chine et appelle à une augmentation des dépenses de défense pour contenir la Russie.

«Si les États-Unis mènent une guerre commerciale avec le Canada, le Mexique ou l'Union européenne, alors c'est la Chine qui en profite réellement», a soutenu Kaja Kallas lors d'une entrevue accordée jeudi à La Presse Canadienne.

Mme Kallas, ancienne première ministre estonienne, supervise l'approche de l'Union face à un nouveau climat géopolitique alarmant, où les États-Unis laissent entendre qu'ils réduiront leur engagement à défendre leurs alliés de l'OTAN et mèneront une guerre commerciale contre l'Europe et le Canada.

«Nous essayons de garder la tête froide, a déclaré Mme Kallas. Nous sommes également prêts à défendre nos intérêts, mais nous préférerions ne pas avoir à gérer cette situation, car nous avons tant d'autres problèmes.»

Ces problèmes comprennent la première guerre terrestre de grande ampleur en Europe depuis des décennies, les restrictions budgétaires qui obligent les gouvernements de tout le continent à équilibrer leurs comptes, et une recrudescence des phénomènes météorologiques violents causés par le changement climatique.

Ces menaces ont conduit l'Europe à se tourner vers le Canada pour consolider ses chaînes d'approvisionnement dans tous les domaines, de l'alimentation à l'énergie – des domaines couverts par un accord de libre-échange en vigueur depuis 2017.

«Nous devons absolument approfondir notre coopération dans ces domaines, notamment en matière de sécurité économique», a insisté la représentante de l'Union européenne (UE).

L'Europe se tourne également vers le Canada pour une coopération sur les questions militaires.

Plus tôt ce mois-ci, le premier ministre sortant Justin Trudeau s'est rendu à Londres pour une conférence européenne sur la sécurité visant à maintenir le soutien des alliés à la défense de l'Ukraine.

Les Européens suivent avec anxiété les informations faisant état d'un possible cessez-le-feu entre la Russie et l'Ukraine, et certains pays se sont engagés à envoyer des troupes et des avions de combat pour maintenir la paix et prévenir de nouvelles incursions russes.

Le Canada et l'UE discutent depuis près d'un an d'un éventuel partenariat en matière de sécurité et de défense.

Ce pacte pourrait être similaire à ceux signés par Bruxelles avec le Japon et la Corée, qui couvrent les exercices navals conjoints, ou à ses accords avec des pays tiers sur les infrastructures sous-marines.

Kaja Kallas a indiqué que le partenariat avec le Canada impliquerait une «coopération importante dans le domaine de l'industrie de la défense» et l'établissement de normes pour les «investissements dans la défense, afin que nous travaillions ensemble et soyons prêts à nous entraider».

Elle a ajouté que les Européens n'ont aucun intérêt à créer des «structures parallèles» pour reproduire l'alliance militaire de l'OTAN.

«Plus le Canada est fort, et plus les alliés européens au sein de l'OTAN sont forts, plus l'OTAN est forte», a pointé l'Estonienne.

Le pays d'origine de Mme Kallas, autrefois partie de l'Union soviétique, entretient des relations tumultueuses avec la Russie depuis des décennies.

Elle a ajouté que les Canadiens doivent comprendre que la Russie est leur voisin immédiat dans l'Arctique, une région dont l'importance géopolitique est croissante en raison de ses routes commerciales et de ses matières premières essentielles.

«La Russie représente une menace existentielle, non seulement pour la sécurité européenne, mais aussi pour la sécurité mondiale, a-t-elle prévenu. Si nous laissons la Russie s'en tirer avec les accaparements de territoire et les attaques qu'elle mène contre l'Ukraine, tout est en danger.»

L'Europe et ses pairs doivent investir davantage dans la défense, selon Mme Kallas. De nombreux pays de l'OTAN, dont le Canada, n'atteignent pas l'objectif de 2 % du PIB fixé par l'organisation en matière de dépenses de défense.

Certains alliés de l'OTAN ont discuté d'objectifs de dépenses de défense plus élevés, de 2,5 % ou 3 % du PIB. Mme Kallas a souligné que les dépenses de défense de la Russie représentent 9 % de son PIB.

«Si nous n'investissons pas suffisamment dans notre défense, ils voudront à nouveau recourir à cette force militaire, a-t-elle dit. La seule chose qui les dissuade, c'est la force: notre force ne suffira-t-elle pas à les empêcher de nous tester?»

Dylan Robertson, La Presse Canadienne