Une importante délégation à l'ONU pour parler des droits autochtones


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Une délégation de représentants autochtones du Québec participe à la 24e session de l’Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones (UNPFII), qui se déroule cette semaine au siège social de l'ONU à New York.
Lundi avant midi, le nouveau chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Francis Verreault-Paul, se sentait «très fébrile», quelques heures avant de prendre la parole devant des délégués internationaux au siège de l’ONU.
«Ghislain Picard a été à la tête de l’APNQL pendant plus de 30 ans, alors c’est un gros changement pour tout le monde», mais «les chefs m’ont apporté leur support et je le réalise cette semaine à l’ONU, c'est spécial d'être ici et c’est une opportunité pour se mobiliser et regarder vers le futur», a expliqué à La Presse Canadienne celui qui a été élu à la tête de l’APNQL en février dernier.
L’ancien hockeyeur professionnel de 37 ans, qui a une maîtrise en administration des affaires, sera l’un des principaux intervenants d’une mission de trois jours d’une délégation de chefs, d’élus et de représentants des Premières Nations du Québec et du Labrador.
Cette mission «vise à porter un message clair sur la scène internationale», selon un communiqué de presse publié par les représentants: «les gouvernements du Québec et du Canada doivent aller au-delà des paroles et mettre pleinement en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA)».
Pour le chef Francis Verreault-Paul, originaire de Mashteuiatsh, l’adoption de la Loi sur la DNUDPA par Ottawa, en 2021, est «une avancée importante», mais plusieurs défis demeurent à relever, car il faut notamment «harmoniser cette loi avec les juridictions provinciales» et territoriales.
«J’aime utiliser le terme de «réconciliation législative», a expliqué le jeune chef.
«Par exemple, au Québec, on est dans une juridiction qui ne veut pas nécessairement reconnaître la DNUDPA.»
Le dossier de la protection du caribou «en est un exemple concret», a-t-il indiqué, en rappelant un récent jugement de la Cour supérieure du Québec qui souligne le manque de consultations du gouvernement avec les populations autochtones dans sa stratégie de protection des populations de caribous.
Le Québec, selon le chef de l’APNQL, devrait suivre l’exemple de la Colombie-Britannique, seule province qui a adopté une loi portant sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
«Cette province a mis en place un secrétariat de la DNUDPA qui est en charge, en quelque sorte, de s'assurer que tout projet de loi de leur assemblée nationale respecte la DNUDPA. Bien sûr, ça apporte son lot de travail. Mais il reste que c'est un exemple positif pour l'ensemble de nos nations et je pense que c'est un exemple à suivre.»
La délégation de chefs doit participer, lundi, à un événement parallèle à la 24e session de l’Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones.
Les chefs comptent mettre en lumière trois enjeux lors de cet événement qui se déroule au siège des Nations unies: «la réforme du régime forestier au Québec, analysée dans un contexte de dépossession territoriale des Premiers Peuples», la «notion de consentement libre, préalable et éclairé dans le cadre du projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Chalk River» et «le recours constant de la Nation Innue aux tribunaux pour faire valoir ses droits fondamentaux, notamment en lien avec la protection du caribou».
Stéphane Blais, La Presse Canadienne