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Une famille de réfugiés syriens souligne ses dix ans au Canada

durée 08h52
2 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Quand on l’interroge sur sa vie en Syrie il y a dix ans, Amani Shamseddin a du mal à trouver les mots.

Assise sur le canapé de sa maison à Edmonton, tandis que ses enfants réclament son attention, elle s’arrête pour réfléchir.

«Ce n’était pas sécuritaire, nous avons eu tellement d’incidents», a confié la femme de 33 ans après un moment. «Je ne veux pas revivre cette situation.»

À l’automne 2015, le gouvernement libéral nouvellement élu au Canada a tenu sa promesse de réinstaller 25 000 Syriens fuyant la guerre civile du pays en seulement 100 jours.

Depuis, le Canada a accueilli plus de 100 000 réfugiés syriens.

Parmi eux se trouvaient Mme Shamseddin, son mari Mahmoud et leurs enfants Ahmad et Ghena, qui avaient huit et quatre ans lorsque la famille a fui Damas en avril 2016. La famille a brièvement séjourné au Liban avant d’obtenir l’asile au Canada.

Selon Affaires mondiales Canada, plus de 250 000 personnes sont mortes dans le conflit syrien qui a commencé en 2011, et il y a plus de sept millions de Syriens déplacés à l’intérieur du pays et six millions de réfugiés syriens dans le monde.

Survivre au jour le jour

Après presque une décennie au Canada, Mme Shamseddin dit qu’elle n’aurait jamais pu imaginer la fuite de sa famille et la communauté qu’ils ont maintenant trouvée à Edmonton. Bien que l’installation dans un nouveau pays ait comporté ses défis, leur parcours vers la sécurité est quelque chose qu’elle ne tient pas pour acquis.

«Nous avions tellement d’espoir», a-t-elle dit en souriant.

Chaque jour à Damas était marqué par la peur, a relaté Mme Shamseddin. Les frappes aériennes ont secoué leur maison et d’innombrables voisins sont morts alors qu’ils fuyaient pour sauver leur vie. Mme Shamseddin a affirmé qu’elle avait peur d’envoyer Ahmad à l’école ou de faire entrer Ghena à la maternelle lorsque les bombes explosaient dans la ville.

Les membres de sa famille ne pensaient pas beaucoup à l’avenir, souligne-t-elle, car ils essayaient seulement de survivre au jour le jour.

«Je n’ai jamais pensé à ma vie plus tard, car je ne savais pas ce qui pourrait changer, a-t-elle indiqué. Nous pensons au jour le jour.»

«C’était terrifiant.»

Une réinstallation qui a ses défis

C’est à la fin de 2015 qu’ils ont appris que le Canada pouvait leur offrir un avenir. Ils avaient déjà des proches en Alberta, qui les ont encouragés à demander l’asile. Pour Mme Shamseddin, le choix était clair.

«Nous pensions que ce serait une bonne occasion pour nous et les enfants d’avoir un avenir meilleur, a-t-elle soutenu. Nous avions de l’espoir, mais on ne sait jamais si cela va se produire.»

Une mosquée et une église de Toronto se sont associées pour parrainer la famille, et en avril suivant, ils étaient dans un avion.

Amani Shamseddin, qui n’avait que 25 ans à l’époque, dit qu’elle n’avait jamais voyagé plus loin que le Liban. Elle se souvient du moment où l'avion a atterri à l'aéroport international Pearson de Toronto.

«J'étais bouleversée par tout ça. J'imaginais que ce serait le paradis, a-t-elle affirmé. Nous pleurions, nous étions en larmes.»

Au début, la famille a eu du mal à s'installer à Toronto, dit-elle. Ils étaient entassés dans un minuscule appartement de deux chambres et ont dû faire face à la crise de l'accessibilité financière de la ville. La famille regrettait aussi de ne pas avoir de communauté musulmane à proximité. Une culture, une langue et un climat différents faisaient également partie des défis.

Il y a trois ans, ils ont déménagé à Edmonton pour être plus près de leurs proches. Le soulagement d'être près de leur famille n'a fait qu'augmenter lorsqu'ils ont reçu officiellement la citoyenneté canadienne.

«Nous avons senti qu'une fois que nous aurions obtenu notre citoyenneté, nous pourrions aller où nous le voulions (...) comme si notre rêve devenait réalité», a-t-elle expliqué.

Ce sentiment de sécurité est quelque chose qu'elle souhaite pour les membres de sa famille qui sont encore en Syrie. Le mois dernier, le président du pays, Bachar al-Assad, a fui le pays après que les forces de l'opposition se soient emparées de Damas. Cela a marqué la fin de 50 ans de contrôle du pays par la famille Assad et de 14 ans de règne par Bachar al-Assad, marqués par la guerre civile.

Le ministre de l'Immigration, Marc Miller, a déclaré que le Canada continuerait d'évaluer les demandes d'asile des personnes qui ont quitté la Syrie, même si certains pays européens ont suspendu ces demandes après la chute du régime Assad.

En date du 30 septembre, le Canada comptait environ 1600 demandes d'asile en attente en provenance de Syrie.

Rester résilients

Pour Mme Shamseddin, la vie depuis son arrivée au Canada n'a pas été facile. La famille essaie toujours de faire face au coût de la vie et, avec maintenant quatre enfants, elle dit qu'elle et son mari sont toujours pressés par le temps.

Mais leurs difficultés ne les ont pas empêchés d'aller de l'avant, dit-elle.

Alors qu'elle était enceinte de sept mois de son plus jeune enfant, Mme Shamseddin a commencé à étudier pour devenir aide-enseignante, ce qu'elle décrit comme «très difficile». Elle a obtenu son diplôme et travaille maintenant dans une école locale, tandis que son mari travaille dans l'entretien.

Son fils aîné, Ahmad, aujourd'hui âgé de 17 ans et en dernière année d'école secondaire, envisage de devenir médecin. Ghena, aujourd'hui en neuvième année, espère devenir infirmière. Les deux plus jeunes enfants du couple, Selena et Mila, sont toutes deux nées au Canada et ont maintenant six et deux ans.

En repensant à leurs années au Canada et à la guerre qu'ils ont fuie, Mme Shamseddin dit qu'elle encourage ses enfants à tirer des leçons de leur parcours et à toujours rester résilients.

«Soyez le meilleur exemple d'un Syrien, d'un musulman, d'un être humain, a-t-elle souligné. Peu importe le défi auquel vous êtes confrontés.»

Rianna Lim, La Presse Canadienne

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