Une étude dévoile que des orques s'installent dans l'Arctique
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Par La Presse Canadienne, 2024
Les orques étendent leur territoire et se sont déplacées vers les eaux arctiques à mesure que le changement climatique fait fondre la glace de mer. Deux populations génétiquement distinctes ont été identifiées par des scientifiques canadiens.
Toutefois, leur étude indique que cela pourrait avoir de «graves conséquences» pour les baleines proies potentielles, telles que les bélugas, les narvals et les baleines boréales, que le chercheur principal Colin Garroway a qualifiées de «lentes, grassouillettes et délicieuses».
M. Garroway, généticien évolutionniste à l'Université du Manitoba, a expliqué dans une entrevue que la situation était complexe : les orques de l'Arctique ont le potentiel de bouleverser les écosystèmes en tant que prédateurs supérieurs, même si elles méritent d'être préservées.
L'étude indique que les orques pourraient également affecter les humains, en «ajoutant une pression descendante sur les réseaux alimentaires arctiques essentiels au bien-être social et économique des communautés du nord».
Elle précise que les orques de l'est de l'Arctique canadien ont été observées en train de chasser principalement des bélugas et des narvals, suivis par des baleines boréales et des phoques.
«Nous pensons qu’il va y avoir un grand changement dans la structure de la communauté et dans la façon dont ces différentes créatures interagissent», a déclaré M. Garroway.
L’étude affirme que l’Arctique est la région qui se réchauffe le plus rapidement sur la planète, et que, à mesure que la glace de mer recule, ses eaux s’ouvrent aux espèces traditionnellement subarctiques, telles que les orques.
M. Garroway a dit que les orques étaient autrefois considérées comme des visiteuses peu fréquentes de l’Arctique, car elles risquaient de briser leurs célèbres nageoires dorsales sur la glace.
Mais les observations sont devenues plus fréquentes.
M. Garroway a déclaré que les chercheurs ont prélevé des échantillons de tissus des orques «et nous avons été très surpris de constater qu’il existe en fait deux populations très distinctes».
«Je me suis dit : je n’y croyais pas, puis j’ai fouillé et fouillé et… c’est assez simple à faire quand on a les données. Et, bien sûr, il y avait deux populations distinctes», a raconté M. Garroway, ajoutant qu’elles se comptaient par centaines.
L'étude, publiée dans «Global Change Biology» en juin, décrit un groupe comme «génétiquement distinct au niveau mondial», tandis que le second est similaire aux orques du Groenland.
M. Garroway a dit que les deux groupes d'orques de l'Arctique ont des comportements alimentaires et des vocalisations différents et ne se reconnaissent pas comme des partenaires potentiels.
Des centaines de milliers de bélugas, de narvals, de baleines boréales, de cachalots et de baleines à bec vivent sur les territoires des orques de l'Arctique, a-t-il noté.
«Maintenant qu'il n'y a plus de couverture de glace, nous pensons que c'est l'une des raisons pour lesquelles les orques viennent», a fait valoir M. Garroway.
«Il y a toutes ces baleines lentes, grassouillettes et délicieuses dans l'Arctique qui sont plus faciles à attraper qu'autrement… Il est intéressant de voir plus d'orques dans l'Arctique, et en tant que prédateurs de haut niveau, elles peuvent perturber l'écosystème.»
L'étude souligne que les espèces proies des orques sont «culturellement et économiquement importantes pour les communautés autochtones, donc ces espèces méritent également d'être préservées et gérées à la lumière des populations d'orques qui se déplacent vers l'Arctique».
M. Garroway a déclaré que pendant la période de recherche, qui a duré plusieurs années, l'équipe a entendu des groupes autochtones des communautés du nord qui ont exprimé des inquiétudes concernant les orques qui se déplacent et chassent de la nourriture qui est «cruciale» pour leurs communautés.
«C'est ce qui rend tout cela si confus, car les orques elles-mêmes sont une population en danger et tout change», a affirmé M. Garroway.
M. Garroway a dit que la recherche est en cours et que l'écologie des orques de l'Arctique était encore très méconnue, notamment l'endroit où elles vont pendant l'hiver lorsque les mers gèlent. Les suivre a été difficile.
«Nous avons eu un certain nombre d'orques avec des émetteurs allumés, mais il semble que le plus long nous amène juste au bord de l'Arctique et s'éteigne ensuite», a indiqué M. Garroway.
«Nous ne savons pas où vont ces baleines lorsqu'elles ne sont pas dans l'Arctique... il y a beaucoup à apprendre.»
Nono Shen, La Presse Canadienne