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Une chercheuse veut exorciser «la malédiction de Terre-Neuve», qui peut tuer

durée 10h12
9 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

ST. JOHN'S — Une chercheuse de l'Université Memorial, à St-Jean de Terre-Neuve, espère trouver une façon d'exorciser «la malédiction de Terre-Neuve», une maladie du coeur qui peut tuer sans avertissement.

Les malades souffrent d'une cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène. Selon l'Institut de cardiologie de Montréal, celle-ci est causée «par le remplacement des cellules musculaires cardiaques par des cellules adipeuses et touche particulièrement les jonctions cellulaires».

Les battements du coeur peuvent soudainement devenir irréguliers.

«C'est comme si ma poitrine explosait», explique Terry Rideout, de la petite ville de Newtown, à Terre-Neuve-et-Labrador, qui en souffre.

Pour le moment, le meilleur moyen de contrer la maladie est d'implanter un défibrillateur cardiaque chez le patient.

Mais Jessica Esseltine espère changer tout cela.

Mme Esseltine, une chercheuse bio-médicale de l'Université Memorial, compte y arrive en utilisant des tissus cardiaques cultivés dans une boîte de Petri.

«On essaie de comprendre comme un simple gène peut causer un si grand changement dans une cellule cardiaque, explique-t-elle. Notre espoir est d'arriver à pouvoir offrir un traitement.»

Kathleen Hodgkinson a fait partie de l'équipe de généticiens qui avait, au début des années 2000, identifié le gène à la racine du problème. Le groupe a élaboré un examen pour dépister la maladie. La Pre Hodgkinson avait découvert ce gène chez 28 familles de Terre-Neuve, dont celle de M. Rideout. D'autres familles du nord de l'Allemagne, du Danemark, de la Norvège et de la Russie étaient également porteuses du gène. Chacune d'entre elles avait des liens génétiques avec celles de Terre-Neuve, raconte-t-elle.

«Quand j'ai commencé, les familles avaient si peur», raconte la Pre Hodgkinson. Elles ont raconté l'histoire de jeunes proches en santé qui ont dû se rendre à l'hôpital souffrant de palpitations cardiaques. Comme les tests ne révélaient rien, ils retournaient à la maison et mouraient sans qu'on puisse alors en expliquer la cause.

«Les examens de dépistage et l'installation d'un défibrillateur ont changé énormément les choses, mais ils n'ont pas freiné la maladie. Ils ne la guérissent pas», fait-elle valoir.

La Pre Esseltine dit que l'état de santé du patient se dégrade parfois tellement qu'une transplantation cardiaque devient alors nécessaire.

Elle a recueilli des échantillons sanguins ou de peau provenant de patients souffrant de cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène pour les transformer en cellules souches. Celles-ci sont cultivées comme des cellules cardiaques. Ensuite, une technique permet de réparer l'erreur génétique.

«Nous accomplissons tout ça dans une boîte de Petri. Un jour, nous espérons que nous pourrons traiter le coeur d'un patient à l'aide de cellules souches prélevées sur sa propre peau. Nous pouvons aussi utiliser le génie génétique pour réparer les mutations dans le coeur.»

La collaboration avec des familles comme celle de M. Rideout a apporté une signification qu'elle n'avait encore jamais vécue, mentionne la Pre Esseltine.

«Je veux faire mieux. Je veux que mes recherches progressent, car je constate que je peux changer de vraies vies si j'accomplis un bon boulot.»

Aujourd'hui âgé de 55 ans, Terry Rideout reconnaît qu'il est peut-être trop tard pour lui pour profiter des recherches de la Pre Esseltine.

«Mais pour les plus jeunes, ces recherches pourront changer leur vie.»

Sarah Smellie, La Presse Canadienne