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Un échantillon de selles pourrait permettre de diagnostiquer l'autisme

durée 10h43
11 juillet 2024
The Canadian Press, 2024
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Temps de lecture   :  

2 minutes

Par The Canadian Press, 2024

MONTRÉAL — L'analyse d'un échantillon de selles pourrait un jour permettre de diagnostiquer l'autisme beaucoup plus tôt et beaucoup plus rapidement, ce qui permettrait une prise en charge plus hâtive des patients.

C'est du moins ce que permettent d'espérer des travaux réalisés à l'Université chinoise de Hong Kong et dont les résultats ont récemment été publiés par le journal médical Nature Biology.

Les auteurs de l'étude ont examiné des échantillons de selles provenant de 1627 enfants âgés de 1 à 13 ans, dont certains qui étaient autistes. Ils ont brossé un portrait complet de ces échantillons en analysant les bactéries qu'ils contiennent, mais aussi les virus, les champignons et des microorganismes unicellulaires appelés archées.

Ils ont constaté que 51 types de bactéries, 18 virus, 14 archées et sept champignons étaient différents chez les enfants autistes. L'intelligence artificielle a ensuite été en mesure d'identifier avec une précision de 82 % les enfants autistes.

«L'examen des selles qu'ils ont fait n'est absolument pas simple, a tempéré le docteur Mickael Bouin, qui est gastro-entérologue au CHUM. C'est très complexe et il n'y a pas beaucoup d'équipes dans le monde qui sont capables de le réaliser en ce moment.»

À tout le moins, a-t-il ajouté, cette étude ouvre une nouvelle voie «pour essayer de mieux comprendre la maladie». Elle pourrait aussi un jour permettre de dépister plus rapidement les enfants afin d'en prioriser certains, a-t-il ajouté.

«L'autisme reste un trouble du développement, a rappelé le docteur Bouin. Le diagnostic devra toujours être validé par un expert de l'autisme, pas par un expert du microbiote intestinal.»

Des études précédentes avaient déjà révélé que les autistes ont un microbiote intestinal différent, a-t-il souligné. Des expériences réalisées sur des souris avaient généré des résultats similaires, en plus de montrer qu'on pouvait réduire les symptômes de souris autistes en modifiant leur microbiote et qu'on pouvait donner à des souris en santé des symptômes de l'autisme en leur donnant le microbiote intestinal d'une souris autiste.

«C'est la question de la poule et de l'oeuf, a dit le docteur Bouin. Mais on sent que (le microbiote intestinal) a un effet sur le cerveau, et ça on le sait pour plusieurs maladies.»

En effet, les auteurs de l'étude admettent qu'il n'est pas pour le moment possible de dire si l'autisme est responsable de ce microbiote différent, ou bien si le microbiote différent est responsable de l'autisme.

Mais à la lumière de leurs résultats, les auteurs estiment que le microbiote influence possiblement la sévérité ou l'expression des symptômes du trouble du spectre de l'autisme. Cela soulève la possibilité qu'on puisse un jour proposer aux patients des interventions personnalisées pour les doter d'un microbiote intestinal plus varié.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne