Trudeau fait pression pour une réforme de la GRC dans ses derniers jours au pouvoir


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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Durant ses derniers jours au pouvoir, le premier ministre Justin Trudeau fait pression pour une réforme de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) promise depuis longtemps.
Un rapport gouvernemental publié lundi, qui met en évidence les inquiétudes concernant la capacité du Canada à faire face aux «nouvelles menaces», indique qu'il est temps de moderniser le service de police pour lutter contre «les formes les plus graves de criminalité».
Il souligne que la vision du gouvernement devrait être de faire de la GRC une «organisation de police fédérale de calibre mondial, axée sur le renseignement».
Dans une entrevue, M. Trudeau a déclaré à CBC News que la GRC est «sous pression» et qu'il «essaie de faire cela depuis le tout début».
Publié sur le site internet de Sécurité publique Canada, le rapport a formulé quatre recommandations clés, notamment celle de demander à la GRC de se concentrer sur les crimes les plus graves qui touchent le Canada, comme ceux qui dépassent une compétence provinciale ou territoriale spécifique ou qui concernent la sécurité nationale.
Le rapport indique également que la GRC devrait donner la priorité au recrutement de compétences spécialisées et préparer les gens à devenir des «enquêteurs fédéraux» et que des investissements sont nécessaires pour renforcer la capacité de police fédérale de la GRC, les autres ordres de gouvernement devant envisager des «augmentations semblables».
Selon le rapport, le gouvernement devrait séparer les budgets de police contractuelle et fédérale et travailler en étroite collaboration avec les provinces pour soutenir «l’abandon graduel des services de police contractuels».
L'expiration des accords actuels sur les services de police en 2032 offre la «première occasion de mettre en œuvre cette nouvelle phase des services de police au Canada» et les travaux visant à définir les besoins et les solutions des provinces devraient commencer dès maintenant, toujours d'après le rapport.
Des appels à la réforme de la GRC sont lancés depuis des années.
En 2018, le gouvernement Trudeau a demandé à l’ancienne commissaire de la GRC, Brenda Lucki, de moderniser et de réformer la culture de la GRC, de protéger les employés contre le harcèlement et la violence au travail et de favoriser la réconciliation avec les peuples autochtones.
La plateforme des libéraux pour 2021 promettait une réforme de la GRC, affirmant l’importance d’assurer «une surveillance externe plus forte et d’apporter un changement culturel pour éliminer le harcèlement dans ses propres rangs».
À la suite d’une fusillade de masse en Nouvelle-Écosse qui a fait 22 morts en 2020, une commission d’enquête publique, officiellement connue sous le nom de Commission des pertes massives, a constaté des manquements généralisés dans la façon dont la GRC a réagi. Elle a émis 130 recommandations non contraignantes pour améliorer la sécurité publique, dont la majorité s’applique sous une forme ou une autre à la GRC.
En 2023, un examen du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement a révélé que la police fédérale n’était pas aussi «efficace, efficiente, flexible ou responsable qu’elle devrait l’être pour protéger le Canada et les Canadiens contre les menaces les plus importantes à la sécurité nationale et à la criminalité».
Le rapport du gouvernement du 10 mars indiquait que le Canada devrait travailler avec les dirigeants territoriaux et les partenaires autochtones pour «définir un nouveau modèle de services de police».
«Combler l’écart entre les menaces auxquelles le Canada est confronté et la capacité des criminels exigera non seulement un leadership et des investissements du gouvernement fédéral, mais aussi une véritable prise de responsabilités collective par tous les ordres de gouvernement et leurs organismes d’application de la loi», indique le rapport.
Catherine Morrison, La Presse Canadienne