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Québec espère pouvoir recruter des scientifiques américains désenchantés

durée 17h10
13 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Le Québec entend profiter du climat anti-scientifique qui émane de l’administration Trump aux États-Unis pour marauder des talents intellectuels de haut niveau.

Devant un auditoire de plus de 400 personnes invitées jeudi à Montréal par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, a dit croire que «chaque crise amène des opportunités et je suis convaincu que des entreprises, mais surtout nos gens en enseignement supérieur, vont être capables de recruter des gens qui, aux États-Unis, voient le climat un peu toxique, voient les orientations climato-sceptiques que prend la Maison-Blanche et il y a des chercheurs qui vont vouloir venir ici au Québec», a-t-il avancé, disant espérer attirer et garder ici ces chercheurs.

En mêlée de presse, après son allocution, le ministre a précisé que des recteurs d’université lui ont confié que «depuis quelques semaines, on sent qu'il y a des chercheurs, des étudiants de haut niveau américains qui cherchent à venir s'établir au Canada, mais en particulier au Québec». Confronté au fait que cette volonté de mouvement survient, ironiquement, alors qu’il vient tout juste de resserrer le nombre d’étudiants étrangers admis au Québec, le ministre réplique qu’il a fait «une stabilisation des effectifs dans le milieu universitaire, mais nos institutions ont les programmes et les marges de manœuvre nécessaires pour attirer des cerveaux, des personnes qui viendraient contribuer à notre recherche scientifique au Québec, absolument».

Fini les ratés en francisation

Ces éventuels chercheurs et étudiants de haut niveau américains, évidemment, devront apprendre le français, comme le prévoit la loi. Or, le ministre Roberge a lui-même reconnu devant les convives et ensuite devant les journalistes que les programmes de francisation de son gouvernement avaient connu des ratés durant la dernière année, certains programmes s’interrompant par manque de fonds avant d’être complétés. «Il faut quand même avoir la capacité de bien gouverner et de s'assurer que les services qu'on déploie pendant l’année se déclinent tout au long de l'année et je m'engage à ce que l'an prochain, l'année de francisation au Québec soit beaucoup plus stable et prévisible que ce qu'on a eu cette année», a-t-il promis, tout en faisant valoir que le Québec avait connu un record de francisation en 2024 avec 80 000 participants inscrits.

«C'est un tour de force. On a eu un enjeu de stabilité de l'offre. Il y a eu beaucoup d'offre en début d'année, moins d'offre en fin d'année. (…) On a rajouté de l’argent, on a reparti la machine. On veut quelque chose de beaucoup plus prévisible pour l'an prochain, des professeurs qui savent qu'ils peuvent être embauchés qui vont avoir des groupes tout le long de l'année, des étudiants qui peuvent commencer un parcours de formation qui savent qu'ils vont être capables de se rendre jusqu'au bout.»

En mêlée de presse, il a fait porter le blâme sur ceux parmi les centres de services scolaires qui avaient tenu pour acquis que leurs budgets étaient élastiques. «En début d'année, on donne des budgets pour l'année. On ne refait pas deux fois, trois fois le budget. On a un budget et on doit se gouverner en fonction du budget sur 12 mois. L'an passé, ce n'est pas ce qui est arrivé dans les centres de services scolaires. Ils avaient des attentes, eux, qu'il y aurait des dépassements de budget alors qu’il fallait se gouverner en fonction des budgets. Il y a eu des malentendus, il y a eu des fermetures de groupe. On a réouvert des groupes, j'ai réinjecté de l'argent pour sauver des sessions d'étudiants.»

«On ne revivra pas ça l'an prochain. Je m'y engage», a-t-il tranché.

Protection du français et immigration

Devant les invités du CORIM, il a défendu les différentes mesures adoptées par son gouvernement pour défendre et protéger la langue française, rejetant l’idée qu’il pourrait s’agir d’un repli. Reprenant à son compte les paroles de l’indépendantiste aujourd’hui décédé Pierre Bourgault, il a affirmé que «défendre notre langue au Québec, c'est défendre toutes les langues du monde contre l'hégémonie d'une seule», en l’occurrence l’anglais.

En matière d’immigration, il a fait valoir que le Québec avait vu son nombre d’immigrants temporaires passer de 200 000 à 600 000 entre 2022 et 2024. «Il y a une capacité d'accueil qui est limitée et, disons-le, elle a été dépassée ces dernières années.»

«Cette augmentation fulgurante est due à plusieurs facteurs. Au premier chef, je vais le dire, la perte de contrôle totale des politiques migratoires du gouvernement fédéral. Mais il y a aussi, il faut le dire, un pouvoir d'attraction très important du Québec.»

Il a à nouveau demandé à Ottawa de réduire de moitié les quelque 400 000 immigrants temporaires qui relèvent du gouvernement fédéral, une demande maintes fois répétée par le gouvernement de François Legault.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne