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Québec aurait pu éliminer le déficit dès la fin de la pandémie, croit l’IEDM

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24 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Le Québec engrangerait des surplus si les dépenses supplémentaires effectuées durant la pandémie avaient cessé en même temps que la fin de la crise sanitaire, selon l’Institut économique de Montréal (IEDM).

L’organisme de réflexion associé à la droite économique a conçu un scénario alternatif où le gouvernement Legault aurait opéré une forme de réinitialisation avec la fin de la crise sanitaire en 2023.

Dans ce scénario, Québec aurait ramené ses dépenses au seuil qu’elles auraient atteint si l’État avait suivi le même rythme, ajusté à l’inflation, que le précédent gouvernement de Philippe Couillard.

Avec ces variables, le gouvernement aurait enregistré un surplus de 3,9 milliards $ l’an dernier, plutôt qu’un déficit de 10,4 milliards $.

L’analyste en politiques publiques de l’IEDM, Gabriel Giguère, ne remet pas en cause l’augmentation des dépenses pour gérer la crise sanitaire, mais il croit que cet effort aurait dû avoir un effet temporaire sur les déficits.

«Lors de la pandémie, il y a eu une explosion des dépenses, mais il n'y a eu aucune volonté politique, aucune rigueur budgétaire qui a suivi cette pandémie-là, qui a arrêté en 2023 selon l'Organisation mondiale de la santé», a déploré M. Giguère en entrevue.

Le ministère des Finances prévoit enregistrer un déficit budgétaire de 13,6 milliards $ en 2025-2026, notamment en raison de l’incertitude économique, selon le budget publié en mars.

Dans le scénario alternatif de l’IEDM, le Québec aurait plutôt un surplus de 912 millions $, s’il avait comprimé ses dépenses en 2023.

Avec ce scénario fictif, M. Giguère veut démontrer que le gouvernement Legault aurait pu faire des choix différents au sortir de la pandémie. «Le message ici, c’est que les déficits historiques ne sont pas une fatalité au Québec, c'est un choix politique

Reste à savoir si le scénario de l’IEDM, qui aurait nécessité une baisse des dépenses de 10,3 milliards $, aurait passé le test politique de l’acceptabilité sociale. Le gouvernement Couillard a été défait après avoir réduit le rythme de croissance de dépenses pour revenir à l’équilibre budgétaire et l’appui au Parti libéral du Québec (PLQ) en a souffert.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a d’ailleurs fait valoir qu’un rattrapage était nécessaire en santé et en éducation après les années Couillard.

«Depuis six ans et demi, on a embauché 109 000 personnes de plus, 109 000 personnes de plus, dont 98 000 pour donner des services à la population. Donc, plus d'infirmières, plus de préposés aux bénéficiaires, plus d'orthophonistes, plus d'aides à la classe dans nos écoles», a dit le premier ministre, mardi, lors des débats à l’Assemblée nationale.

M. Giguère reconnaît que le redressement des finances publiques qu’il propose est «politiquement ambitieux». «Je pense qu'aujourd'hui, on n'a pas le choix de réduire les dépenses.»

La décote de la dette du Québec par l’agence de notation Standard & Poor's (S&P) démontre l’importance d’un retour rapide à l’équilibre budgétaire, selon lui.

Si Québec s’est donné l’objectif de renouer avec l’équilibre budgétaire en 2029-2030, M. Giguère remet en cause la crédibilité du gouvernement Legault.

Il a souligné qu’il reste un manque à gagner de 2,5 milliards $ qui n’a pas encore été identifié dans le plan de retour à l’équilibre. À cela s’ajoutent les revenus tirés de l’augmentation d’impôt du gain en capital, qui sera vraisemblablement abandonnée pour s’harmoniser avec le fédéral. «On ne sait pas comment on va faire pour corriger ce déficit», a déploré l’analyste.

«Est-ce que le plan du gouvernement Legault et du ministre des Finances, Eric Gérard, est crédible? La réponse, elle, est très claire. Bien sûr que non», tranche M. Giguère.

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne