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«Mentalité colonisatrice»: le Musée national encore critiqué par des Autochtones

durée 12h27
24 septembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

QUÉBEC — Des groupes autochtones demandent au gouvernement de «sortir de sa zone de confort» et de s’«éloigner de la mentalité colonisatrice» afin d’inclure «la contribution inestimable et intrinsèque des Premières Nations à l’identité québécoise» dans le Musée national de l’histoire du Québec.

Dans leur mémoire sur le projet de loi 64 qui vise la création du musée, l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), le Conseil en Éducation des Premières Nations (CEPN) et l’Institut Tshakapesh recommandent notamment que toutes les expositions du musée intègrent «les récits, contributions et perspectives autochtones à toutes les expositions, avec des sections gérées directement par les Premières Nations».

«Nous sommes d'avis que le projet de loi 64, dans sa forme actuelle, ne reconnaît pas clairement l'apport fondamental des Premiers Peuples», a affirmé le directeur général du CEPN, Denis Gros-Louis, lors des consultations sur la pièce législative mardi matin.

Le conseiller de la Première Nation Mi’gmaq de Gesgapegiag, John Martin, qui siège aussi au comité du CEPN, craint que le musée ne dépeigne une vision trop rose de l'histoire du Québec.

«Il y a des choses dans l'histoire du Québec qui ne sont pas très positives. La crise d'Oka, par exemple», a-t-il dit.

«Des rappels du colonialisme»

Les groupes autochtones n’ont toujours pas digéré d’être associés à la «préhistoire» par l’historien Éric Bédard, qui sera sur le comité scientifique du musée.

«Le mot préhistoire donne à penser qu'il n'y avait pas d'histoire avant Champlain. Je pense que nous avons une compréhension différente de ce que l'histoire veut dire», a soutenu John Martin.

«Vous nous demandez d'endosser ce qu'on perçoit être des rappels du colonialisme», a-t-il ajouté.

Le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, qui chapeaute le projet de musée, a fait acte de contrition quant à l’utilisation du mot «préhistoire». «Je comprends tout à fait que les propos ont pu être blessants», a-t-il dit.

Le ministre a poursuivi en affirmant qu’il souhaitait avoir, de la part des communautés autochtones, de l’«information» et leur «point de vue» afin d’avoir «un musée sur l'histoire de la nation québécoise et non pas un musée sur l'histoire de l'occupation du territoire québécois», qui intègre «tout l'apport des Premiers Peuples».

«Nous sommes indissociables de l’histoire de cette terre»

Avant même le début des consultations à l'Assemblée nationale, le projet de musée du gouvernement avait soulevé des critiques quant à une vision trop étroite de l’identité et de l’histoire québécoise.

Lors de l’annonce du projet, le premier ministre François Legault avait affirmé qu’il souhaitait que le musée raconte l’histoire du Québec à partir de Champlain.

Des propos qui avaient été critiqués par le chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard. «Nous sommes indissociables de l’histoire de cette terre, et l’arrivée de Champlain ne définit pas le Québec. Les Premières Nations sont présentes ici depuis des millénaires et sont profondément attachées à ce territoire qu’elles occupent», a-t-il indiqué en mai dans un communiqué.

M. Legault avait dû alors défendre son projet de musée, assurant que les communautés autochtones y auraient une place.

Le projet de musée national fait suite à l’abandon par le gouvernement caquiste de son réseau d’Espaces bleus en raison de l’explosion des coûts qui frisaient le milliard de dollars. En 2021, le gouvernement Legault prévoyait construire 18 nouveaux musées baptisés «Espaces bleus», qui auraient été consacrés à la culture québécoise. Un budget initial de construction de 259 millions $ avait été prévu.

Le nouveau musée sera établi au Pavillon Camille-Roy du Séminaire de Québec. Il doit ouvrir ses portes au printemps 2026 et coûtera 92 millions $.

Thomas Laberge, La Presse Canadienne