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Les Ukrainiens de l'Alberta sont blessés par les propos de Trump sur la guerre

durée 12h13
22 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

VEGREVILLE, Alta. — Yuliia Kalutska n'a pas la volonté de parler de ses projets d'avenir. Elle dit que c'est à cause des réprimandes adressées cette semaine au président ukrainien Volodymyr Zelensky par le président américain Donald Trump. Ce dernier a qualifié le dirigeant européen de «dictateur» et a accusé l'Ukraine d'avoir déclenché la guerre.

«C'est difficile de ne pas regarder les nouvelles, et c'est encore plus difficile de regarder les nouvelles», a déclaré Mme Kalutska, une Ukrainienne de 30 ans qui a fui après le début de la guerre avec son nouveau-né. Son fils et elle vivent maintenant à Vegreville, une ville à l'est d'Edmonton.

«(Les commentaires de Donald Trump) sont absurdes et surréalistes, a commenté Mme Kalutska. Cela me fait pleurer. Cela me fait me sentir horrible. J'ai peur tous les jours.»

Lundi marque le troisième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Les États-Unis et la Russie ont parlé d'une possible fin de la guerre. Le président américain a averti le président Zelensky qu'il «ferait mieux d'agir vite» dans les négociations, sinon il risque de ne pas avoir de nation à diriger.

Volodymyr Zelenskyy a déclaré que M. Trump tombait dans la désinformation russe.

«Nous n'avons aucune idée de ce qui va se passer. (Donald Trump) est complètement siphonné. Je déteste voir cela se produire», a déploré Jerrold Lemko, un agent de liaison bénévole pour les nouveaux arrivants ukrainiens à Vegreville.

Il a déclaré que la plupart des discussions récentes dans les cafés de la ville portent sur le président américain.

Beaucoup de personnes dans cette ville de 6000 habitants, connue pour sa sculpture géante d'un œuf de Pâques, ou Pysanka, ont des racines ukrainiennes. La communauté a parrainé au moins 125 personnes fuyant la guerre.

«Si je me sens aussi mal, je ne peux pas imaginer ce que ressentent les nouveaux arrivants parce qu'ils ont de la famille là-bas», a dit M. Lemko, qui a des origines ukrainiennes.

Sheryl Cymbaliuk, présidente des finances du groupe de soutien Vegreville Stands With Ukraine, a rapporté que les commentaires de Donald Trump ont été décevants pour les membres de la communauté.

«Les réseaux sociaux sont jonchés des faussetés que Trump a répandues, donc il y a une frustration, plus que nous ne pouvons même imaginer, lorsque leurs familles sont toujours en Ukraine», a-t-elle déclaré.

Certains Ukrainiens de Vegreville espéraient retourner chez eux un jour.

«Maintenant, ce rêve pourrait s'estomper légèrement», a indiqué Mme Cymbaliuk.

Elle ajoute qu'une marche et un service religieux en soutien à l'Ukraine sont prévus dimanche.

«Nous voulons rappeler à tout le monde que la guerre n'est pas terminée et que l'Ukraine continue d'avoir besoin de notre soutien», insiste-t-elle.

Yuliia Kalutska a assuré qu'elle participerait à la marche avec d'autres femmes ukrainiennes qui ont fui la guerre et qui sont devenues son système de soutien. Elle prévoit de parler et de partager son histoire sur la façon dont elle a fui avec son fils et laissé derrière elle sa famille, dont certains membres sont en première ligne du combat.

Le maire de Vegreville, Tim MacPhee, a déclaré qu'il était important pour la ville de montrer son soutien à la communauté ukrainienne.

«Il y avait une forte conviction, dans la communauté, que, peut-être, le président Trump aurait la capacité de remettre (le président russe Vladimir Poutine) à sa place et d'essayer de mettre fin à ce conflit», a expliqué le maire MacPhee. «J'ai l'impression que nous avons tous perdu beaucoup de cette conviction.»

Fakiha Baig, La Presse Canadienne