Les premiers ministres des territoires disent que l'Arctique n'est pas à vendre
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Par La Presse Canadienne, 2024
WASHINGTON — Les premiers ministres des territoires ont déclaré que l'Arctique traverse une période critique, dans un contexte de rhétorique croissante du président américain Donald Trump sur l'expansion américaine et les actions visant à perturber le commerce mondial.
Mais ils sont très clairs : l'Arctique n'est pas à vendre.
«Ce sont les gens du Nord qui affirment la souveraineté du Canada», a déclaré mercredi à Washington le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, R.J. Simpson.
M. Simpson, ainsi que le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, et le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, devaient rencontrer jeudi des représentants du Groenland, un territoire que M. Trump a également fait savoir qu'il souhaitait acquérir.
Les possibilités de collaboration dans l'Arctique entre le Canada et les États-Unis ont été au centre d'une discussion avec les trois premiers ministres au Wilson Center, jeudi matin dans la capitale des États-Unis, où les dirigeants canadiens poursuivent leur pression diplomatique contre les menaces de tarifs américains.
Les trois territoires disposent de minéraux essentiels à la défense et au développement des États-Unis, ainsi que de la position géographique pour être un partenaire crucial dans la sécurité continentale.
«C’est un moment où les gens prennent conscience de la situation et cela offre de réelles opportunités de développement économique dans le Nord, mais aussi de développement social», a affirmé M. Simpson.
Un discours expansionniste
Les 13 premiers ministres du Canada étaient tous dans la capitale américaine mercredi pour la première fois de l’histoire – dans le cadre d’une campagne de pressions tous azimuts contre les menaces de M. Trump d’imposer des tarifs élevés sur les produits canadiens.
Les menaces de droits de douane dévastateurs surviennent alors que M. Trump continue de développer des idées autour de l’impérialisme américain, promettant de réaménager Gaza, de reprendre le canal de Panama, d’annexer le Groenland et de faire du Canada le 51e État.
Les commentaires répétés sur le Canada et le Groenland suggèrent que le regard du président se porte de plus en plus vers le nord. M. Trump a parlé des pays de l’Arctique en termes d’accès aux minéraux essentiels et de la volonté américaine de faire pression contre la présence géopolitique croissante de la Chine et de la Russie dans la région.
Le discours expansionniste sonne l’alarme au Canada et en Europe. Le Groenland est un territoire arctique semi-autonome qui ne fait pas partie de l’Union européenne (UE), mais dont les 56 000 habitants sont citoyens de l’UE, en tant que partie du Danemark, un allié de l’OTAN.
Le Groenland a également des liens culturels, linguistiques et familiaux avec les Inuits du Canada. Les premiers ministres territoriaux ont rencontré Kenneth Høegh, un représentant du Groenland aux États-Unis, et Stig Piras, de l’ambassade du Danemark à Washington.
Les commentaires répétés de M. Trump sur les régions arctiques étaient susceptibles d’être un sujet de discussion, tout comme la nécessité d’inclure les peuples autochtones qui y vivent dans toute conversation sur l’avenir de l’Arctique, ont déclaré les premiers ministres.
Un point sombre de l’histoire coloniale du Canada a été la déplacement forcée des Inuits pour servir de «mâts de drapeau humains» à Grise Fiord et à Baie Resolute dans l’Extrême-Arctique, a dit M. Akeeagok.
«Lorsque vous parlez du véritable impact en termes de souveraineté, je le sais par expérience personnelle», a déclaré M. Akeeagok, qui a grandi à Grise Fiord.
Dépenses dans la défense
Les dirigeants canadiens ne devraient pas se laisser distraire, a soutenu le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai.
M. Pillai a rencontré Donald Trump fils en Caroline du Nord en décembre et s'est également entretenu avec Mike Dunleavy, gouverneur de l'Alaska, qui est proche des membres de l'administration Trump.
«Donald Trump ne sera pas le maître de l'Arctique et il ne sera pas le maître du Canada», a fait valoir M. Pillai. «Mais il sera le maître de l'inflation si ces tarifs douaniers sont imposés... Et ce n'est pas quelque chose qu'il veut faire parce que son engagement envers les Américains était de rendre la vie plus abordable.»
Le Canada a l'occasion de s'asseoir avec M. Trump, quelqu'un qui se considère comme un «négociateur», a déclaré M. Pillai.
Les territoires du Nord ont le potentiel de jouer un rôle important dans la prospérité et la sécurité futures de l'Amérique du Nord, ont affirmé les premiers ministres, mais cela nécessitera des investissements dans les infrastructures. Aborder la question pourrait également apaiser l'un des principaux irritants de M. Trump : le fait que le Canada n'atteigne pas son objectif de dépenses de défense de l'OTAN.
L'an dernier, le premier ministre Justin Trudeau s'est engagé à ce que le Canada atteigne d'ici 2032 l'objectif de l'OTAN, soit 2 % du produit intérieur brut consacré à la défense. Cette promesse a été critiquée par les législateurs républicains et M. Trump, qui l'ont accusée d'être bien trop tardive.
Les premiers ministres territoriaux ont fait valoir que les investissements dans l'Arctique, notamment dans les autoroutes et les ports, seraient comptabilisés dans les dépenses de l'OTAN, tout en apportant des infrastructures indispensables à leurs régions.
Le Canada a publié une nouvelle politique étrangère pour l'Arctique à la fin de l'année dernière, qui s'engageait à promouvoir les investissements dans un large éventail de secteurs, notamment l'exploitation des minéraux essentiels, les transports et l'énergie, mais qui ne prenait pas spécifiquement d'engagements de financement dans ces domaines.
Ottawa a indiqué que la politique arctique complète la politique de défense actualisée, publiée en avril dernier, qui promettait 218 millions $ sur 20 ans pour construire et exploiter des «centres de soutien» dans tout le Nord.
Les premiers ministres ont déclaré qu'il fallait agir rapidement dans le Nord à la suite de l'administration Trump.
«Il est très important que nous nous concentrions sur cela maintenant», a soutenu M. Pillai.
— Avec des informations de l'Associated Press
Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne