Les Ontariens sont appelés aux urnes pour des élections générales anticipées

TORONTO — Les chefs des partis politiques de l'Ontario ont sillonné la province, dévoilé leurs plateformes et présenté leurs promesses au cours du mois dernier. C'est maintenant au tour des électeurs de se prononcer.

Les bureaux de vote sont ouverts jusqu'à 21 h jeudi pour ce qui s'annonce comme une journée électorale avec neige et gadoue dans certaines régions de la province, à l'issue de la première campagne hivernale en Ontario depuis 1981. Cette campagne inhabituelle a vu les candidats affronter des escaliers glacés, de violentes tempêtes de neige et des températures polaires.

La plupart des élections ontariennes n'ont pas non plus vu un chef de parti quitter la province pendant la campagne, mais le chef progressiste-conservateur Doug Ford s'est rendu à deux reprises à Washington, en tant que premier ministre, pour repousser les menaces de droits de douane américains.

M. Ford a déclenché ces élections anticipées, qui coûteront 189 millions $, en affirmant qu'il avait besoin d'un nouveau mandat pour faire face aux quatre années de présidence américaine de Donald Trump, qui a menacé à plusieurs reprises d'imposer des droits de douane sur les produits canadiens qui pourraient nuire grandement à l'économie de l'Ontario.

Les trois autres chefs des principaux partis affirment que cette élection était inutile, en partie parce que M. Ford dirigeait déjà un gouvernement majoritaire avec plus d'un an à jouer dans son mandat.

M. Ford a fait des droits de douane et de l'économie le point central de sa campagne. La cheffe libérale, Bonnie Crombie, a centré sa campagne sur une promesse de fournir un médecin de famille à chaque Ontarien, et la cheffe néo-démocrate, Marit Stiles, a beaucoup parlé des soins de santé et du coût de la vie.

Le chef du Parti vert, Mike Schreiner, a été le premier à publier une plateforme entièrement chiffrée, avec de nombreuses promesses sur diverses questions de politique provinciale, notamment la construction de plus de logements, la protection des terres agricoles et des mesures pour contrer le coût de la vie.

Le parti espère non seulement conserver le siège de M. Schreiner à Guelph et un autre à Kitchener-Centre, qu'il a remporté lors d'une élection partielle en 2023, mais aussi en ajouter un troisième à Parry Sound-Muskoka — une circonscription que les verts convoitent depuis longtemps et où ils sont arrivés deuxièmes en 2022.

On s'attendait largement à ce que la participation soit une préoccupation le jour du scrutin, avec plusieurs avis météorologiques en vigueur dans certaines parties de la province jeudi matin.

Des chutes de neige légères devraient se transformer en averses à Toronto, tandis qu'Ottawa et d'autres régions de l'est de la province s'attendaient à de cinq à dix centimètres de neige. Un avertissement de chutes de neige a été émis pour Thunder Bay et les régions proches de la frontière avec le Manitoba, où Environnement Canada prévoyait 15 cm de neige à partir de jeudi soir et jusqu'à vendredi. Certaines régions pourraient connaître des chutes de neige plus importantes.

Ford en quête d'un troisième mandat

Juste avant le début de la campagne, M. Ford a déclaré qu'il avait besoin du «mandat le plus important de l'histoire de l'Ontario», mais il a terminé la campagne sur un ton légèrement différent.

«Je ne regarde pas les chiffres, a-t-il soutenu mercredi matin à Windsor. Je veux juste gagner.»

Lors des élections de 2022, les progressistes-conservateurs avaient remporté 83 des 124 sièges, les néo-démocrates 31, les libéraux huit et les verts un. À la dissolution fin janvier, les conservateurs avaient 79 sièges, les néo-démocrates 28, les libéraux neuf et les verts deux. Il y avait six députés indépendants.

Si le gouvernement de Ford est réélu, ce sera son troisième mandat en tant que premier ministre. Lorsqu'on lui a demandé s'il briguerait un quatrième mandat, il a dit qu'il voulait rester encore plus longtemps que Hazel McCallion n'a été mairesse de Mississauga — elle a remporté 12 élections consécutives. «Mon Dieu, je veux être premier ministre pour toujours», a lancé M. Ford mercredi.

Marit Stiles a soutenu que son objectif était de dérober des sièges aux conservateurs, mais la plupart de ses arrêts de campagne le dernier jour se sont déroulés dans des circonscriptions détenues par le Nouveau Parti démocratique (NPD).

«Je sais que les Ontariens veulent voir ce changement. Alors, s'il vous plaît, tout le monde, sortez. Votez. Votez pour le changement. Votez pour vos valeurs. Votez pour élire des néo-démocrates dans chaque circonscription de cette province.»

La cheffe libérale Bonnie Crombie a visité mercredi Oakville, une circonscription que les libéraux espèrent reprendre aux conservateurs, et à faire campagne à Mississauga, toujours dans la grande région de Toronto.

Mme Crombie a été mairesse de Mississauga pendant trois mandats et elle espère que son bilan et sa notoriété dans cette circonscription feront passer les six circonscriptions de cette ville de banlieue du bleu au rouge.

Mais les progressistes-conservateurs se battent pour l'empêcher, en accordant une attention particulière à Mississauga-Est-Cooksville, où Mme Crombie se présente, dans l'espoir de la tenir à l'écart de l'Assemblée législative.

Plusieurs candidats qui ont été ministres ont fait campagne dans cette circonscription pour la candidate conservatrice, Silvia Gualtieri, qui est également la belle-mère de l'ancien chef progressiste-conservateur Patrick Brown, l'actuel maire de Brampton.

M. Ford a fait son dernier arrêt de campagne mercredi dans cette circonscription, rencontrant la communauté polonaise. Mme Crombie appartient à cette communauté, mais elle a balayé d'un revers de main toute signification de cette visite.

«Je sens qu'on a le vent dans les voiles, a-t-elle déclaré à Oakville. Je sens beaucoup d'élan à Oakville, à Mississauga et dans toute la province de l'Ontario. Merci pour la question. S'il vous plaît, votez pour le changement et votez pour les libéraux de l'Ontario.»

Allison Jones, La Presse Canadienne