Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Les écrans contribuent à la hausse des cas de myopie chez les jeunes

durée 12h56
31 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — L'exposition prolongée aux écrans est nocive pour les yeux, mais il ne semble pas si facile de les délaisser pour protéger sa santé oculaire. L'Association des médecins ophtalmologistes du Québec constate une augmentation des cas de myopie chez les jeunes, et les écrans sont un facteur qui y contribue.

L'explosion des cas de myopie dans le monde inquiète Isabelle Laliberté, médecin ophtalmologiste pédiatre, qui est venue partagée son expérience aux élus, jeudi, dans le cadre de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que d'ici 2050, entre 40 et 50 % de la population mondiale sera myope comparativement à environ 20 à 30 % actuellement.

«C'est un début d'épidémie», a laissé tomber en commission le Dr Salim Lahoud, président de l'Association des médecins ophtalmologistes du Québec. Il constate que les cas sont en constante augmentation au Québec.

Une personne myope a un œil qui grandit trop et qui est rendu trop long, ce qui fait qu'elle ne voit pas bien de loin, explique Dre Laliberté.

Quelque 3000 études ont démontré une corrélation entre l'utilisation des écrans et l'augmentation de la prévalence de la myopie, a soutenu la spécialiste. «Mais ça ne prouve pas un lien de causalité directe. La myopie n'est pas juste due aux écrans, il y a la génétique aussi et plusieurs autres causes», nuance-t-elle.

Il n'en demeure pas moins que l'exposition aux écrans affecte la vision. Dre Laliberté a mentionné aux parlementaires que 70 % des jeunes qui utilisent un écran pendant plus de quatre heures par jour — ce qui est fréquent chez les jeunes — rapportent des symptômes, tels qu'une vision floue, des douleurs oculaires et des maux de tête. «Ça s'appelle la fatigue visuelle numérique et ce sont les écrans qui font ça», explique l'ophtalmologiste pédiatre.

Dr Lahoud estime qu'il y a une méconnaissance des patients par rapport aux effets négatifs des écrans sur les yeux. «Il faut travailler là-dessus», dit-il.

Des solutions préventives simples

La distance joue un rôle dans la perte de vision de loin. Les jeunes regardent leur écran approximativement à une distance 30 centimètres, ce qui engendre une hyperstimulation des muscles de l'œil. «Les muscles de l'accommodation travaillent constamment et c'est cette surcharge prolongée qui peut faire allonger l'oeil», détaille Dre Laliberté.

Le manque de lumière naturelle contribue également à la hausse observée des cas de myopie. «Des études ont montré qu'un temps insuffisamment passé à l'extérieur pendant l'enfance contribue de manière significative au développement de la myopie», ajoute Dre Laliberté. Elle a cité une étude qui indique que les enfants qui utilisent les écrans plus de trois heures par jour ont un risque 2.5 fois plus élevé de développer une myopie.

Les écrans ont par ailleurs des conséquences sur la qualité et la durée du sommeil. «Les enfants et les adolescents qui utilisent des écrans une heure ou plus avant le coucher dorment en moyenne une à deux heures de moins par nuit», affirme Dre Laliberté.

Les écrans affectent aussi le sommeil paradoxal, une phase essentielle pour la consolidation de la mémoire et la gestion des émotions.

De plus, la lumière bleue dégagée par les écrans stimule la rétine, ce qui va supprimer la production de mélatonine, une hormone importante dans le cycle éveil-sommeil.

Heureusement, il existe des solutions préventives, entre autres d'éviter de regarder un écran avant de dormir. Retirer le cellulaire de la chambre à coucher aide grandement à atteindre cet objectif.

Les ophtalmologistes conseillent un temps passé à l’extérieur d'au moins deux heures par jour chez les jeunes puisque la lumière naturelle empêche la croissance excessive de l'œil, et par conséquent, réduit le risque de myopie chez les enfants. Ils suggèrent aussi que les parents limitent l'exposition aux écrans à deux heures par jour chez les moins de 12 ans avec des pauses fréquentes.

«Même s'il y a des traitements, ce sont des coûts élevés pour les patients et pour la société. Alors que la prévention est assez facile, il y a juste à aller jouer dehors [...] et ça va diminuer beaucoup la progression [des cas de myopie] qu'on a actuellement», a fait valoir Dr Lahoud.

Certes, les symptômes de la myopie se corrigent avec des lunettes ou des verres de contact, mais cela comporte d'autres risques. Les jeunes très myopes ont plus de risque d'avoir un décollement de la rétine à l'âge adulte avec une perte visuelle permanente.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne