Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Les cas de coqueluche augmentent en Ontario, mais baissent au Québec

durée 17h39
20 septembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

TORONTO — La coqueluche est en voie d'atteindre un nombre record de cas en Ontario, tandis que les infections augmentent dans les provinces de l'Est et diminuent au Québec, mais les experts affirment qu'il a été particulièrement difficile cette année de prédire l'évolution de cette maladie hautement contagieuse.

C'est la première fois que la maladie circule de manière significative depuis les années prépandémiques et, contrairement à la grippe, elle ne suit pas de schéma prévisible, à part une résurgence tous les deux ou trois ans, explique le Dr Jesse Papenburg, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques du Centre universitaire de santé de McGill.

Comme pour d'autres maladies respiratoires, le Dr Papenburg affirme que nous sommes encore en train d'apprendre comment les mesures de santé publique mises en place pendant la pandémie ont bouleversé le cycle typique des poussées de coqueluche.

Les chiffres provinciaux montrent que la maladie, évitable par la vaccination et aussi appelée «toux des 100 jours», a dépassé les chiffres record d’avant la pandémie au Québec, en Ontario, au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve-et-Labrador. Les provinces de l’Ouest enregistrent des chiffres normaux.

Les taux sont particulièrement élevés en Ontario, où les données de santé publique publiées mercredi incluaient le décès d’un adulte, mais aucun détail sur le cas.

La maladie est plus dangereuse pour les nourrissons, les enfants et les personnes âgées non vaccinés, selon un médecin spécialiste des maladies infectieuses, le Dr Isaac Bogoch.

Il a néanmoins rappelé que les décès d’adultes étaient rares.

«Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai entendu parler d’un cas mortel chez un adulte au Canada, mais certainement, si nous examinons la littérature, nous savons que cela se produit», a expliqué le Dr Bogoch.

«Nous savons certainement qu’il existe des conditions médicales sous-jacentes qui augmentent le risque de maladie grave et, malheureusement, la mortalité peut survenir à tout âge.»

Explosions des cas dans les provinces

L’Ontario est en voie de dépasser son nombre de cas le plus élevé depuis 2012, année où 1044 cas ont été signalés, selon Santé publique Ontario. Il y avait 1 016 cas en Ontario, au 9 septembre. Cela se compare aux 470 cas signalés pour la dernière fois en juin et à la moyenne quinquennale à ce jour de 98, selon un tableau de bord provincial.

«De nombreuses infections concernent la cohorte plus jeune. Ils n’ont pas terminé une série complète de vaccinations et ils peuvent avoir une certaine protection, mais pas autant qu’ils pourraient en avoir et ils sont toujours sensibles», explique le Dr Bogoch.

Même parmi les personnes vaccinées, la protection immunitaire est relativement courte et ne dure que quelques années, explique le Dr Papenburg.

Au Québec, où les cas sont les plus nombreux au pays avec 13 716 cas signalés jusqu’à présent cette année, il suggère que la poussée pourrait en fait atténuer la propagation pendant la période de la rentrée scolaire. «Comme nous avons déjà eu beaucoup de cas, il y a beaucoup de gens qui ont développé de plus en plus d'immunité naturelle dans la communauté», explique le médecin, avant d'ajouter: «Nous sommes évidemment toujours en période d'épidémie. Nous détectons encore beaucoup de cas, mais le nombre de cas par semaine semble diminuer.»

Les responsables de la santé publique affirment également que le nombre de cas hebdomadaires a diminué au cours du dernier mois, mais la porte-parole du ministère de la Santé du Québec, Marie-Claude Lacasse, affirme qu'«il est trop tôt pour dire si cela va continuer ou si la rentrée scolaire entraînera une augmentation des nouvelles infections».

Les experts, dont Le Dr Bogoch, soulignent que la vaccination est une mesure clé pour contenir les éclosions. Les services de santé de Terre-Neuve-et-Labrador ont élargi leur programme de vaccination contre la coqueluche cette année scolaire pour offrir des doses de rappel aux élèves de 8e année, en plus de ceux de 9e année. La province de l'Atlantique a enregistré 236 cas de coqueluche, contre une moyenne de six par an avant la pandémie.

Les responsables de la santé du Nouveau-Brunswick signalent 286 infections mercredi, ce qui est «considérablement plus élevé» que la moyenne quinquennale de 35 avant la pandémie.

L'Île-du-Prince-Édouard, qui enregistre généralement de zéro à trois cas par an, a signalé 41 cas, dont un quart ont été enregistrés au cours des deux dernières semaines seulement.

De l'importance de la vaccination

«Il y a probablement de nombreuses raisons différentes pour lesquelles nous constatons cette augmentation des cas, mais nous avons des leviers que nous pouvons actionner et nous avons certains éléments que nous pouvons contrôler. Le plus simple est la vaccination», explique le Dr Isaac Bogoch.

Les vaccins de routine qui protègent les enfants contre la coqueluche sont prévus à deux mois, quatre mois et six mois, suivis d'un rappel à 18 mois et plus tard dans l'enfance et à l'adolescence. Le vaccin est également recommandé aux adultes et pendant la grossesse.

Dans l'ouest de la Colombie-Britannique, 122 cas ont été enregistrés cette année, ce qui, selon les responsables de la santé, se situe dans des «niveaux historiques», tandis que l'Alberta en a enregistré 445, contre une moyenne quinquennale prépandémique de 527. Le Nunavut, quant à lui, a déclaré la fin de l'épidémie en août.

En examinant la situation générale à l'échelle du pays, le Dr Bogoch estime qu'il est un peu tôt pour dire si les cas augmentent ou baissent. «Il faudrait voir une tendance significative au fil du temps dans plusieurs contextes géographiques avant de tirer des conclusions à partir de cela», nuance-t-il.

---

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Hannah Alberga, La Presse Canadienne