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Les banques sont appelées à respecter leurs engagements en matière de climat

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26 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Une trentaine d’acteurs financiers canadiens, qui représentent près de 53 milliards $ d’actifs sous gestion, demandent aux grandes banques de ne pas tourner le dos à la lutte au changement climatique.

Un regroupement de propriétaires et de gestionnaires d'actifs canadiens, dont des fondations, des fonds de dotation, des universités et des régimes de retraite, ont signé une déclaration exhortant les banques canadiennes à respecter leurs objectifs de décarbonation malgré le déni climatique de la nouvelle administration américaine.

Ces organisations se disent «préoccupées», «inquiètes» et «déçues» par le retrait d’institutions financières canadiennes de l'alliance bancaire Net Zéro et de l’initiative gestionnaire d'actifs Net Zéro, épaulées par les Nations unies et qui visent à accélérer l'action climatique des institutions financières.

Depuis l’élection du président américain Donald Trump, la Banque de Montréal (BMO), la Banque Toronto-Dominion (TD), la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC), la Banque Nationale (BNC) et la Banque Royale du Canada se sont retirées de ces initiatives.

Les six plus grandes banques des États-Unis avaient également quitté l'alliance bancaire Net Zéro avant l'investiture présidentielle de Donald Trump, qui a souvent nié la réalité du réchauffement climatique.

«Les institutions américaines sont en réflexion en raison de la situation politique et économique aux États-Unis, mais je pense qu’au Canada, on devrait nous positionner un petit peu plus fort, on devrait se distinguer» et «prendre le leadership de la lutte au changement climatique», a résumé Eric St-Pierre, directeur général de la Fondation de la famille Trottier et signataire de la déclaration.

Respecter les engagements de carboneutralité

La trentaine d’acteurs financiers canadiens appellent les banques à respecter «leurs engagements de carboneutralité d'ici 2050 ou plus tôt».

Les signataires demandent aussi que les banques fixent «des objectifs rigoureux et fondés sur des données scientifiques pour 2030, en se concentrant sur les secteurs à fortes émissions et les mettre à jour au moins tous les cinq ans».

Également, les banques devraient publier «des rapports d'avancement annuels et normalisés sur les réductions d'émissions, les stratégies de transition et les efforts d'engagement afin de renforcer la responsabilité et la confiance».

Pourquoi les banques écouteraient le message des signataires?

«On est des clients de ces grandes banques-là. On a une trentaine d'institutions financières avec des actifs assez importants de plus de 53 milliards de dollars» et «on veut envoyer le message qu’on veut travailler ensemble», a expliqué Eric St-Pierre.

Le directeur de la Fondation de la famille Trottier a ajouté avoir eu des conversations avec des représentants des grandes institutions bancaires.

«Je pense qu’ils nous écoutent», a-t-il indiqué.

«Les liens entre l'économie, la finance et les changements climatiques sont tellement interreliés qu'il faut se rappeler que ce n'est pas le moment de se retirer de nos obligations», a ajouté Eric St-Pierre.

Les signataires de la déclaration ont souligné que selon le Bureau d’assurance du Canada, 2024 a été l'année la plus dispendieuse jamais enregistrée, «avec plus de 8,5 milliards de dollars en pertes causées par des événements météorologiques extrêmes».

Une aide «démesurée» à l’industrie fossile

Avant même de se retirer des initiatives climatiques, comme l'alliance bancaire Net Zéro, les principales banques canadiennes apportaient une aide démesurée à l’industrie fossile.

Dans les dernières années, les banques canadiennes ont continué d’être parmi les plus grandes bailleuses de fonds de ce secteur au niveau mondial, selon les données de la plus récente étude de Banking on Climate Chaos.

L’aide financière des 60 plus grandes banques du monde au secteur des combustibles fossiles aurait atteint 708 milliards $ US pour l’année 2023, portant le total depuis l'Accord de Paris à 6900 milliards $ US.

Sur ces 6900 milliards $ US octroyés depuis 2016, «une contribution démesurée» de 911 milliards $ US provient des cinq principales banques canadiennes, selon le dernier rapport de Banking on Climate Chaos, publié au printemps 2024 par un consortium de groupes écologistes.

Trois banques canadiennes, la RBC, la Banque Scotia et la Toronto Dominion, font partie de la liste des 12 grands financiers de l’industrie fossile.

Une récente étude du groupe de réflexion InfluenceMap montre qu’entre 2020 et 2024, les cinq principales banques canadiennes ont investi quatre fois plus dans les énergies fossiles que dans les projets d’approvisionnement en énergie à faible émission de carbone.

Le dérèglement climatique, causé principalement par notre dépendance aux énergies fossiles, risque de provoquer son lot de conséquences néfastes sur les écosystèmes.

Une mortalité accrue des arbres, l’effondrement des principaux systèmes de circulation océanique, le dégel brutal du pergélisol boréal, l’effondrement des systèmes de récifs coralliens tropicaux ne sont que quelques exemples de catastrophes qui attendent les humains si les émissions de GES ne sont pas réduites de façon importante.

Ces phénomènes auraient des conséquences irréversibles et dangereuses pour la santé des humains, leur approvisionnement en eau et en nourriture, selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

Stéphane Blais, La Presse Canadienne