Le syndicat des agents à la frontière évoque des pénuries de personnel


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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Le syndicat fédéral qui représente les agents des douanes et de l’immigration de première ligne du Canada s’inquiète des niveaux de personnel à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), alors que le pays répond aux menaces de droits de douane du président américain Donald Trump.
Le décret du président Trump visant à mettre en œuvre des tarifs de 25 % sur tous les produits canadiens, avec une taxe inférieure de 10 % sur l’énergie, doit entrer en vigueur mardi.
Malgré les efforts du Canada pour répondre aux demandes de M. Trump afin de renforcer la sécurité à la frontière et de lancer une campagne diplomatique de plusieurs semaines par les responsables canadiens à Washington, le président américain a déclaré lundi que les tarifs entreraient en vigueur comme prévu.
Mark Weber, président national du Syndicat des douanes et de l’immigration, a indiqué que l’agence manquait actuellement d’environ 2000 agents de première ligne.
Selon lui, l’ASFC manquait de personnel à certains points d’entrée et a «désespérément besoin» d’un autre centre de formation.
«À l’heure actuelle, l’ASFC ne dispose que d’un seul centre de formation qui peut former moins de 600 recrues par an, ce qui correspond à peu près à notre taux d’attrition, a-t-il expliqué. Avec un seul centre de formation, il devient vraiment difficile d’augmenter les effectifs.»
L’Agence des services frontaliers du Canada emploie 17 226 fonctionnaires, selon le site web du gouvernement fédéral. Environ 8500 employés sont des agents de première ligne.
En 2021, l’ASFC comptait environ 15 500 employés, dont près de 8100 employés de première ligne. En 2012, l’agence comptait environ 13 000 employés et près de 7200 agents de première ligne.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a avancé plus tôt ce mois-ci que le gouvernement fédéral devait embaucher au moins 2000 agents frontaliers. Il a également souligné que les pouvoirs de l’ASFC devraient être étendus pour couvrir l’ensemble de la frontière, et pas seulement les postes frontaliers, ce que le syndicat a demandé.
Le syndicat a également exprimé ses inquiétudes concernant les coupes budgétaires dans le cadre des efforts du gouvernement pour recentrer les dépenses fédérales.
L'ASFC a constaté une diminution nette de son allocation de 48,5 millions $ entre 2024 et 2025, principalement en raison de cet examen des dépenses gouvernementales.
M. Weber espère que le «regain d'intérêt» pour la frontière encouragera le gouvernement à augmenter ses effectifs. Bien qu'il se soit dit optimiste quant au nouveau plan frontalier de 1,3 milliard $ du gouvernement, il a ajouté qu'il n'était pas clair quelle part de l'argent serait consacrée à la dotation en personnel.
D'après M. Weber, la dotation actuelle de l'ASFC a affecté la capacité des agents à effectuer des fouilles.
«Nos niveaux de dotation en personnel sont arrivés à un point où nous dépendons vraiment des technologies, de l'autodéclaration, de choses comme ça pour espérer interdire l'entrée, a-t-il déclaré. Je pense que nous devons en quelque sorte nous remettre à interagir en personne avec les voyageurs, à effectuer ces fouilles et à poser des questions.»
Au cours de l'exercice 2024-2025, qui se termine ce mois-ci, le gouvernement a effectué 36 225 saisies de marchandises, telles que des drogues et des armes à feu, selon le site web de l'ASFC. Les saisies des derniers mois n'ont pas encore été incluses dans les données.
L'agence rapporte que 62 055 saisies ont été effectuées en 2023-2024, 51 376 en 2022-2023, 52 349 en 2021-2022 et 75 291 en 2020-2021.
Rebecca Purdy, porte-parole de l'ASFC, a mentionné que l'agence «reste vigilante dans l'interdiction des drogues illégales, comme le fentanyl et les précurseurs chimiques utilisés dans la production de drogues synthétiques illégales, pour s'assurer que ces substances nocives restent hors des rues et hors des communautés canadiennes».
Aux yeux de M. Weber, avoir plus de personnel à la frontière aiderait à montrer que le Canada prend au sérieux la sécurité frontalière et entraînerait également davantage de saisies.
«J'ai visité des points d'entrée où quatre personnes travaillent alors qu'on me dit qu'il y a cinq (ou) six ans, il y en avait 12, a-t-il précisé. Vous avez une file de camions ou une file de voitures avec quatre personnes là-bas. Combien de fouilles effectuez-vous réellement ?»
«J'espère que nous arriverons à un point où les agents n'auront plus jamais à prendre cette décision difficile, où ils devront laisser passer des interdictions potentielles parce que, tout simplement, ils n'ont pas les ressources pour y faire face», a-t-il ajouté.
— Avec des informations de Kelly Geraldine Malone
Catherine Morrison, La Presse Canadienne