Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Le roi Charles III refuse de commenter les propos de Trump sur le 51e État américain

durée 17h49
26 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Les politiciens canadiens ont trouvé une rare position unanime ces dernières semaines: personne ne veut que le pays devienne le 51e État américain, comme l’a répété à plusieurs reprises Donald Trump.

Les chefs de tous les principaux partis politiques rejettent catégoriquement l’idée, mais le chef de l'État canadien, le roi Charles III, refuse de se prononcer.

Un porte-parole du palais de Buckingham a déclaré que les propos de Donald Trump ne sont «pas quelque chose sur laquelle nous pouvons commenter».

Donald Trump a fait cette suggestion pour la première fois au premier ministre Justin Trudeau lors d’un souper dans sa propriété de Mar-a-Lago, en Floride, peu de temps après avoir remporté les élections américaines. À l’époque, les libéraux présents avaient déclaré qu’il était clair qu'il plaisantait.

Cette apparente blague a pris un ton différent au cours des semaines qui ont suivi, le républicain faisant référence à la frontière canadienne comme à une «ligne artificiellement tracée» et affirmant qu’il utiliserait la force économique pour intégrer le Canada.

Il a lié cette suggestion à sa menace d’imposer des tarifs de 25 % sur les produits canadiens, disant que ceux-ci pourraient être évités si le Canada devenait un État américain.

Donald Trump a déclaré aux journalistes à bord d'Air Force 1 samedi que le Canada «profite» des États-Unis depuis des années. En tant qu'État, les Canadiens «n'auraient aucun problème militaire et seraient beaucoup plus en sécurité à tous les égards», ajoutant qu'il pensait que «ce serait une bonne chose pour le Canada».

Justin Trudeau a clairement fait savoir qu'il n'y a «aucune chance que cela se produise».

Le chef conservateur Pierre Poilievre, quant à lui, a déclaré que «le Canada ne sera jamais le 51e État», et le chef du NPD Jagmeet Singh a averti Donald Trump sur les réseaux sociaux qu'il «y aura un prix à payer» pour avoir choisi de se battre avec son voisin du nord.

En tant que monarchie constitutionnelle, le chef d'État du Canada est le roi Charles III, mais il occupe un rôle cérémoniel et apolitique.

Il serait très inhabituel que le roi s'implique dans de telles affaires, selon Philippe Lagassé, un expert des rôles du Parlement et de la Couronne.

«Il ne fera pas de commentaires sur les problèmes auxquels le Canada est confronté de son propre chef, et nous ne devrions pas vouloir qu'il le fasse», a déclaré M. Lagassé, qui est professeur associé à la Norman Paterson School of International Affairs de l'Université Carleton.

Si le roi devait répondre à M. Trump de son propre chef, cela pourrait faire de lui une cible et «créer un précédent d'implication de la Couronne dans des affaires qui relèvent directement du gouvernement».

La représentante du roi Charles III au Canada, la gouverneure générale Mary Simon, a également refusé de commenter. Un porte-parole a évoqué son rôle non partisan.

Le gouvernement canadien pourrait demander au roi de s'impliquer de manière limitée, en effectuant une tournée royale, par exemple, ou en faisant une déclaration soulignant la relation étroite de la Couronne avec le Canada, indique M. Lagassé.

Les alliés du Canada, y compris les autres pays du Commonwealth, n’ont pas eu grand-chose à dire publiquement sur la suggestion sans précédent de la Maison-Blanche.

Le gouvernement britannique a répondu aux questions en disant qu’il ne ferait aucun commentaire sur des hypothèses. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement a plutôt souligné les liens entre les deux pays.

«Le Canada est une nation indépendante et souveraine, membre du Commonwealth, du partenariat de partage de renseignements Five Eyes et un allié de l’OTAN», peut-on lire dans le communiqué.

«Le Royaume-Uni et le Canada sont les plus proches des alliés, des partenaires et des amis. C’est un partenariat basé sur une histoire et des valeurs communes, et une détermination à être une force active pour le bien dans le monde», ajoute-t-il.

L’idée de rejoindre les États-Unis est très impopulaire au Canada. Un sondage réalisé à la mi-janvier par la firme Léger a estimé que seulement 11 % de la population y est favorable.

Sarah Ritchie, La Presse Canadienne