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Le plan de Québec est «incomplet» et ironique, croit le ministre fédéral Marc Miller

durée 15h29
31 octobre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Le ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, juge que le gel annoncé par son vis-à-vis québécois, Jean-François Roberge, dans deux programmes donnant accès à la résidence permanente est un plan «incomplet» et il estime que Québec ne prend pas sa part de responsabilité pour cibler les personnes arrivant sur une base temporaire.

«Il y a comme un refus à Québec d’accepter qu’ils ont cette juridiction dans leur propre cour. Il y a une certaine ironie de réclamer l’entièreté des capacités en immigration et de nier qu’ils en ont déjà 50 %», a-t-il déclaré jeudi dans le foyer de la Chambre des communes.

M. Miller a affirmé que le gel décrété par M. Roberge en immigration permanente «n’aide en rien la potentielle réduction des résidents temporaires». Le ministre fédéral a suggéré que Québec a peut-être émis trop de certificats de sélection dans les deux programmes visés par l'annonce de jeudi et souhaite maintenant s'attaquer à son arriéré.

«Les gens qui sont là en train de sécher, ils vont devoir rester des résidents temporaires entre temps», a dit M. Miller.

En 2024, le nombre total prévu de nouveaux résidents permanents au Québec se situera entre 52 000 et 56 000. Une augmentation suivra en 2025, pour atteindre 66 500 personnes.

C'est principalement dans la catégorie des travailleurs qualifiés sélectionnés dans le Programme de l'expérience québécoise (PEQ) volet Diplômés du Québec que le plafond augmente considérablement. Il passera de 3800 en 2024 à une fourchette entre 13 500 et 15 000 en 2025.

Pour juguler cette hausse, M. Roberge a fait savoir qu'il allait geler jusqu'en juin prochain le PEQ volet diplômé et le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ), deux programmes permettant d’obtenir la résidence permanente.

Le ministre québécois a également indiqué que le gouvernement de François Legault allait tenir compte de l’immigration temporaire, en plus de l’immigration permanente, dans sa prochaine planification pluriannuelle.

M. Miller se targue d'avoir déjà fait cet exercice. L'annonce qu'il a faite la semaine dernière sur les seuils d'immigration prévoit des cibles pour les résidents permanents, mais aussi pour les certains immigrants temporaires, soit les étudiants étrangers et les travailleurs étrangers temporaires.

Ottawa compte donc réduire de 445 901 personnes le nombre de résidents non permanents en 2025. Puis, la baisse prévue est de 445 662 en 2026. Une hausse de 17 439 personnes est ensuite planifiée pour 2027.

Ces cibles de réduction en 2025 et 2026 excluent les demandeurs d'asile qui sont en attente de savoir s'ils obtiennent ou non le statut de réfugié. Ces personnes font aussi partie des immigrants temporaires.

Statistique Canada chiffre à environ 600 000 le nombre résidents non permanents au Québec, mais la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR), qui s’en remet à une définition moins large et une méthodologie différente, en dénombrait plutôt 388 959 l'été dernier, a précisé l'équipe de M. Miller.

L'immigration temporaire est marquée par une croissance fulgurante partout au pays depuis 2022.

Comme première mesure pour s'attaquer à cet afflux, Québec a annoncé une suspension de six mois du programme des travailleurs étrangers temporaires pour les emplois à bas salaires à Montréal. Il y a quelques semaines, le ministre Roberge a aussi déposé un projet de loi pour réduire le nombre d’étudiants étrangers, sans toutefois s’avancer sur une cible.

Bien que l'immigration soit une compétence partagée entre Québec et Ottawa, le gouvernement Legault estime que le fédéral a le gros bout du bâton pour faire la différence.

Ainsi, Québec demande depuis des mois à Ottawa de réduire de 50 % le nombre d'immigrants temporaires. Le premier ministre québécois, François Legault, s'est montré déçu des nouvelles cibles annoncées par le fédéral la semaine dernière.

- Avec des informations de Patrice Bergeron

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne