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Le pape François était vu comme «l'homme de la rencontre» et le défenseur des démunis

durée 14h25
21 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Au Québec, les réactions ont afflué à la suite du décès du pape François, mais si le monde politique a tenu à souligner le fait qu’il était particulièrement préoccupé par les plus démunis, les représentants de l’Église catholique ont insisté sur le fait que sa vie était un reflet profond de la philosophie chrétienne.

L’archevêque de Montréal, Christian Lépine, par exemple, insiste sur le fait qu’il était, selon son expression, l’«homme de la rencontre». Rejoint par La Presse Canadienne, Mgr Lépine a rappelé que sa première rencontre avec le pape François s’était déroulée avec deux millions de jeunes à Rio de Janeiro, au Brésil, en 2013. «Il avait lancé le message qu’il faut construire une civilisation de la rencontre. Je suis toujours resté avec ce thème. En le relisant, partout il parle de la rencontre.»

«Non seulement il en a parlé, mais il l'a vécu et ça, ça donne beaucoup de poids à son message, le fait qu'il incarnait l'homme de la rencontre, le frère universel. C'est ce qui l'animait, ce désir d'être un frère universel, donc de voir en tout être humain un frère, une sœur. C'était très profond et ça on a besoin de cette profondeur de vision.»

L’archevêque de Montréal ne l’avait jamais rencontré seul à seul, mais il avait eu des rencontres en petits groupes avec le pape et, là encore, «c'était comme s'il y avait seulement nous devant lui. C'est vraiment un contact personnel qu'il avait et ç’a été mon expérience. C'était vraiment l'homme de la rencontre», insiste-t-il.

Messe spéciale à Québec

À Québec, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix présidera mardi une messe spéciale à la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, mais déjà lundi l’archevêché a fait sonner le glas 88 coups, en hommage au pape, qui était âgé de 88 ans.

Le cardinal Lacroix a dit accueillir avec tristesse le décès du pape, «un grand serviteur de l’Évangile et un amoureux de l’humanité. Malgré l’immense tristesse de son départ, je rends grâce à Dieu pour sa vie donnée. Sa vie, son enseignement, nous ont ramenés à la source de l’Évangile qu’est Jésus-Christ».

Homme de compassion

Le premier ministre François Legault, de son côté, a publié le commentaire suivant sur la plateforme X: «Le pape François aura marqué les esprits par son humilité, son ouverture et sa compassion pour les plus vulnérables. J’ai eu l’honneur de l’accueillir lors de sa visite à Québec en juillet 2022. Un homme juste et qui a fait preuve d’une grande écoute.»

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a de son côté publié le commentaire suivant: «Le pape François avait profondément à cœur le sort des plus vulnérables de notre société. Sa grande humanité doit nous inspirer à bâtir un monde plus équitable et pacifique.»

Et l’ex-premier ministre du Québec Jean Charest abondait dans le même sens, affirmant lui aussi sur la plateforme X que «le pape François a toujours voulu une Église au service des plus pauvres. Un service qu’il a porté tout au long de sa vie et de son pontificat en particulier.»

Une certaine déception

Certains n’ont toutefois pas hésité à apporter un bémol au concert d’éloges à son endroit. Le porte-parole du Regroupement des victimes des religieux de Sainte-Croix, Sébastien Richard, dit avoir eu de grands espoirs après l’élection de François, s'attendant à ce qu'il donne des directives aux différentes communautés religieuses qui relèvent de Rome et non des évêques locaux. «Lorsque le pape est venu au Canada, plus particulièrement à Sainte-Anne-de-Beaupré pour s'excuser auprès des nations autochtones, il y a eu un petit commentaire sur les autres victimes, mais malheureusement, il ne s'est rien passé avec le pape François pendant son pontificat. Il n'a pas donné les directives qu'on attendait aux communautés religieuses de régler les causes et, donc, ces causes-là traînent devant les tribunaux. Donc, malheureusement, à cet égard, il n'y aura pas eu de changement marqué avec le pontificat du pape François.»

«La grande question que j'ai – à laquelle personne ne peut répondre en ce moment – c’est: qui sera le prochain pape et est-ce qu'il y a encore un petit espoir que ça bouge? Je vous dirais que je ne suis pas très optimiste.»

Surprises de conclave

Le cardinal Lacroix, de Québec, sera parmi ceux qui auront la tâche d’élire un nouveau pape. Et si ce n’est pas le cas de l’archevêque Lépine, celui-ci se garde bien de faire quelque prédiction que ce soit sur l’identité du prochain pape. «Vous connaissez peut-être la vieille expression? Quand quelqu'un rentre dans un conclave comme favori pour être élu pape – on appelle ça papabile – il en sort cardinal parce que souvent il y a des surprises. Il ne faudrait pas être surpris si on est surpris!», lance-t-il avec le sourire dans la voix.

Le prochain pape pourrait-il être canadien? «C'est déjà un privilège que le Canada ait quelques cardinaux qui vont participer à l'élection du prochain pape. C’est un rôle important. Et après, conclut-il diplomatiquement, je suis certain que le pape qui va être choisi va être le pape dont on va avoir besoin.»

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne