Le nouveau conseil de l'énergie de Trump représente des occasions pour le Canada
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Par La Presse Canadienne, 2024
WASHINGTON — Alors que Donald Trump met en place sa nouvelle administration axée sur l'énergie, les experts estiment que cela pourrait ouvrir des occasions pour le Canada d'élargir le partenariat de longue date entre les deux pays, dans un contexte de menaces de tarifs douaniers généralisés de la part du président élu.
M. Trump a annoncé vendredi qu'il créerait un Conseil national de l'énergie pour établir la «domination énergétique» des États-Unis dans le monde. Le gouverneur du Dakota du Nord, Doug Burgum, sera à la barre du conseil, tout en dirigeant également le ministère de l'Intérieur.
«Si j'étais un premier ministre de l'Ouest canadien, je serais probablement très heureux... et j'anticiperais de grandes possibilités de commerce et de coopération», a déclaré Eric Miller, président de Rideau Potomac Strategy Group, un cabinet de conseil transfrontalier axé sur le commerce, les chaînes d'approvisionnement et les affaires gouvernementales.
Le nouveau rôle de M. Burgum supervisera un panel qui regroupe toutes les agences exécutives impliquées dans l'énergie, y compris les permis, la production, la réglementation et le transport.
«Ce conseil supervisera la voie vers la domination énergétique des États-Unis en réduisant les formalités administratives, en augmentant les investissements du secteur privé dans tous les secteurs de l'économie et en mettant l'accent sur l'innovation plutôt que sur une réglementation de longue date, mais totalement inutile», a affirmé M. Trump dans un communiqué.
Le président élu républicain a déclaré que la domination énergétique des États-Unis rendra le monde plus sûr en permettant aux États-Unis de vendre à leurs alliés européens. M. Burgum siégera également au Conseil de sécurité nationale.
La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a félicité M. Burgum, affirmant qu'il s'agissait d'un moment crucial pour l'avenir énergétique de l'Amérique du Nord.
«Ensemble, nous renforcerons la sécurité énergétique, alimenterons la croissance économique et mettrons en valeur le pouvoir de la collaboration transfrontalière, a écrit Mme Smith sur le réseau social X. Mettons-nous au travail !»
M. Miller a indiqué qu'une question clé après l'annonce de vendredi sera de savoir comment cela changera la stratégie du Canada pour s'engager avec les États-Unis.
D'un côté, Ottawa a présenté un projet de réglementation visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier. Mais de l'autre, a précisé M. Miller, l'énergie pourrait s'avérer un outil puissant pour établir des partenariats avec l'administration Trump.
«Je pense que les États-Unis auront besoin de plus d'énergie canadienne, peu importe ce qu'ils font eux-mêmes», a déclaré Heather Exner-Pirot, conseillère spéciale en énergie auprès du Conseil canadien des affaires.
Inquiétude des groupes environnementaux
M. Burgum, un ancien dirigeant de logiciel de 68 ans, apportera à la Maison-Blanche une connaissance approfondie de l'énergie canadienne. Il est gouverneur du Dakota du Nord, où l'agriculture et le pétrole sont les principales industries, depuis 2016.
Son État partage une frontière de près de 500 kilomètres avec le Canada, au sud du Manitoba et de la Saskatchewan, et M. Burgum a travaillé avec les deux provinces pour vacciner les chauffeurs de camion pendant la pandémie de COVID-19.
Bien que M. Burgum soit devenu gouverneur pendant les manifestations turbulentes contre le pipeline Dakota Access, il a été rapporté qu'il a également donné la priorité à l'engagement avec les nations autochtones pendant son mandat.
La nomination de M. Burgum vendredi, ainsi que celle de Chris Wright, directeur des combustibles fossiles, au poste de secrétaire à l'Énergie, a été saluée par l'industrie, mais a rencontré la résistance des groupes environnementaux.
M. Wright est «un défenseur des combustibles fossiles polluants», a déclaré Jackie Wong, vice-présidente principale pour le climat et l'énergie au Natural Resources Defense Council, un groupe environnemental.
M. Wright a vivement critiqué les efforts de lutte contre le changement climatique.
M. Burgum a été qualifié d'«ami de longue date des intérêts des combustibles fossiles» par David Seabrook, président de la Wilderness Society.
Anticipation avant la révision de l'ACEUM
Toutefois, les observateurs canadiens estiment que la nomination de M. Burgum montre au moins une main pragmatique parmi d'autres choix de M. Trump pour des postes clés qui privilégiaient la loyauté envers le président élu plutôt que l'expérience.
Les personnes désignées par M. Trump pour s'occuper de la sécurité nationale et des frontières, entre autres, ont critiqué le premier ministre Justin Trudeau et les politiques canadiennes.
Son élection a suscité des inquiétudes au nord de la frontière à l'approche d'une révision de l'Accord Canada–États-Unis–Mexique, négocié sous la première administration Trump, en 2026.
Mme Exner-Pirot a déclaré que M. Burgum l'avait rendue moins inquiète des tarifs douaniers proposés par M. Trump pour le secteur canadien de l'énergie.
Elle a également noté que M. Burgum croit au changement climatique et s'intéresse à la capture du carbone. Il a fixé comme objectif que le Dakota du Nord soit neutre en carbone d'ici 2030.
«Il est clair que quelqu'un comme Burgum comprendrait les implications sur les marchés de l'énergie», a-t-elle affirmé.
Mais Carlo Dade, directeur du commerce et de l'infrastructure commerciale à la Canada West Foundation, a averti que le mantra de M. Trump «Make America Great Again» (Rendre à l'Amérique sa grandeur) n'inclut pas le Canada.
Si les États-Unis peuvent rapidement augmenter leur production d'énergie, cela pourrait faire baisser le prix du pétrole canadien, a-t-il déclaré, et les réductions des investissements de l'administration Biden dans la recherche et la mise en œuvre des énergies renouvelables nuiraient également à l'industrie canadienne.
Cependant, M. Dade a également dit que l'augmentation promise de la production se produirait probablement plus lentement que prévu.
«Nous devons rompre avec nos vieilles habitudes de penser aux Américains», a-t-il soutenu dans un courriel.
«Dans le passé, nous aurions vu des opportunités dans une annonce comme celle-ci, mais hier (n'est pas) aujourd'hui et nous devons arrêter de vivre et de penser dans le passé.»
— Avec des informations de l'Associated Press
Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne