Le Canada veut un appui mondial du plan de retour des enfants ukrainiens déportés
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, espère que les pays du monde entier soutiendront un plan visant à rapatrier les enfants ukrainiens qui ont été déportés en Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, il y a près de trois ans.
Mme Joly a exhorté plus de 70 délégations participant à une conférence ministérielle, à Montréal, mercredi, à s'engager fermement à faire en sorte que les enfants et les autres civils ukrainiens et prisonniers de guerre soient rapatriés.
«Il ne s'agit pas de statistiques anonymes, mais de personnes réelles qui ont des histoires et des rêves que nous voulons préserver», a-t-elle déclaré durant son allocution d'ouverture.
Le Canada copréside avec l'Ukraine et la Norvège un groupe de travail sur la libération des prisonniers de guerre, des civils et des enfants qui ont été déportés de force en Russie, dans le cadre d'un plan de paix en 10 points annoncé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky en novembre 2022.
S'exprimant lors d'une réception mercredi soir, le premier ministre Justin Trudeau a qualifié le déplacement des enfants d'Ukraine de «crime de guerre insondable».
Il a souligné que la guerre menée par la Russie en Ukraine atteindra le mois prochain le cap des 1000 jours.
«Mille jours d'enfants enlevés à leurs familles et horriblement maltraités en Russie», a-t-il déclaré.
Le gouvernement Zelensky estime que 19 500 enfants ukrainiens ont été déportés en Russie et que 1800 civils sont détenus illégalement dans le pays, tandis que 16 000 autres Ukrainiens sont portés disparus.
Un haut fonctionnaire canadien a indiqué à La Presse Canadienne lors d'une séance d'information que 998 enfants ont été renvoyés en Ukraine à ce jour, mais que la recherche des enfants déportés constitue un défi majeur.
Olha Stefanishyna, vice-première ministre de l’Ukraine et responsable de l'intégration européenne, a soutenu que la Russie changeait souvent les noms et les lieux de naissance des enfants ukrainiens afin d'effacer les «preuves mêmes de leur existence» et de les rendre plus difficiles à retrouver.
«Les enfants ukrainiens enlevés par la Russie ont été adoptés illégalement et forcés de s'assimiler, perdant ainsi leur identité et les liens avec leur patrie», a-t-elle dit aux délégués.
Andrii Yermak, chef du cabinet du président ukrainien, a déclaré que l'enlèvement d'enfants était «une politique délibérée visant à détruire l'identité ukrainienne». Il a souligné que la communauté internationale doit élaborer un «mécanisme efficace» pour faire pression sur la Russie afin qu'elle renvoie les enfants chez eux.
M. Yermak a invité les délégués à signer une déclaration commune approuvant la stratégie du groupe de travail. Le haut fonctionnaire a indiqué que le plan vise à trouver davantage d'informations sur les Ukrainiens détenus en Russie, à plaider en faveur de leur traitement équitable et humain, et à trouver des voies sécuritaires pour leur retour.
Le groupe presse la Russie d'autoriser le Comité international de la Croix-Rouge à accéder aux centres de détention.
La conférence de cette semaine fait suite à un sommet tenu en juin en Suisse au cours duquel 78 pays ont signé un texte commun appelant à ce que «l'intégrité territoriale» de l'Ukraine constitue la base de tout accord de paix.
À cette occasion, M. Trudeau avait déclaré que la Russie devait rendre des comptes pour «l'élément de génocide» qu'elle commettait, selon lui, en enlevant des milliers d'enfants ukrainiens de leur foyer.
Maura Forrest, La Presse Canadienne