Le Canada a répondu aux demandes des États-Unis pour la frontière, selon McGuinty
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Par La Presse Canadienne, 2024
WASHINGTON — Le ministre de la Sécurité publique, David McGuinty, a indiqué jeudi que le Canada avait réagi aux préoccupations des États-Unis concernant la sécurité des frontières et le trafic de fentanyl, même si le président américain Donald Trump insiste sur le fait que les droits de douane à l'échelle de l'économie seront appliqués la semaine prochaine comme prévu.
«Tous les tests qui ont été imposés à ce pays, au Canada, en termes de progrès et de respect des normes pour la frontière, je crois qu'ils ont été satisfaits», a déclaré M. McGuinty à l'extérieur de la Maison-Blanche.
Les forces de l'ordre et les responsables des frontières canadiennes ont rejoint le ministre et le nouveau «tsar du fentanyl» du Canada, Kevin Brosseau, dans la capitale américaine cette semaine pour faire un dernier effort diplomatique contre les mesures de M. Trump.
Le décret de Donald Trump visant à mettre en œuvre des droits de douane de 25 % sur toutes les importations canadiennes, avec une taxe inférieure de 10 % sur l'énergie, a été reporté au 4 mars après que le Canada a accepté d'introduire de nouvelles mesures de sécurité à la frontière.
Le président avait initialement lié les droits de douane au flux de fentanyl mortel, mais avait mentionné que la pause donnerait le temps de parvenir à un «accord économique final».
Dans un message publié sur Truth Social jeudi matin, M. Trump a affirmé que «les drogues continuent d'affluer» en provenance du Canada et du Mexique et que, à moins que cela ne soit «stoppé ou sérieusement limité», les droits entreront en vigueur «le 4 MARS».
Ce message a été publié après que le président a semé la confusion, mercredi, en suggérant que les droits de douane généraux n'entreraient pas en vigueur avant le 2 avril — une déclaration qui a été rapidement démentie par le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, et les responsables de la Maison-Blanche.
Un plan déployé rapidement
Le Canada a réagi rapidement après que le président Trump a fait part de sa menace de droits de douane à la fin de l'année dernière en introduisant un plan frontalier de 1,3 milliard $. Ottawa a annoncé une force de frappe conjointe Canada-États-Unis pour lutter contre le crime organisé, le trafic de fentanyl et le blanchiment d'argent, et a déployé des hélicoptères et des drones supplémentaires le long de la frontière.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a souligné dans un communiqué de presse mercredi qu'un «sprint national» pour perturber la production et la distribution de fentanyl au Canada entre le 9 décembre et le 18 janvier a abouti à 524 arrestations et à la saisie de 46 kilogrammes de fentanyl, ainsi que d'autres drogues, des armes à feu, de l'argent liquide et des véhicules volés.
Les données des douanes et de la police des frontières des États-Unis montrent que le nombre de personnes et de drogues qui traversent illégalement la frontière des États-Unis en provenance du Canada est minuscule par rapport au volume qui traverse la frontière sud. Elles font état de seulement 13,6 grammes de fentanyl saisis par le personnel de la police des frontières du nord en janvier.
«Les preuves sont irréfutables, a soutenu M. McGuinty. Des progrès sont réalisés.»
M. Trump a signalé mercredi qu'il n'avait vu aucun progrès «du tout». Le président a été interrogé spécifiquement sur le faible volume de fentanyl saisi à la frontière nord et a déclaré que le Canada devrait en appréhender davantage.
«Beaucoup de marchandises passent par le Canada», a mentionné M. Trump lors d'une réunion bilatérale avec le premier ministre britannique, Keir Starmer.
Les responsables canadiens se sont rendus à plusieurs reprises à Washington ces dernières semaines et ont expliqué avoir reçu des commentaires positifs sur les actions du Canada à la frontière de la part de législateurs républicains et de membres de l'équipe de Donald Trump. Mais on ne sait pas vraiment ce que le président veut en échange de l'abandon définitif de sa menace de droits de douane.
Les cibles des plaintes de M. Trump à l'encontre du Canada vont des dépenses de défense aux déficits commerciaux. Il a affirmé à plusieurs reprises que le Canada devrait devenir un État américain.
«Nous pouvons contrôler ce que nous pouvons contrôler, a indiqué M. McGuinty. Et ce que nous pouvons contrôler, c'est faire des progrès à la frontière».
Le premier ministre Justin Trudeau a qualifié les droits de douane d'«injustifiés» et a affirmé que, si Donald Trump mettait en œuvre ces droits, le Canada réagirait. Il avait précédemment présenté un plan visant à cibler des milliards de dollars de marchandises américaines avec des droits de douane de rétorsion.
«Le Canada n'est pas la source de problèmes pour les États-Unis», a déclaré M. Trudeau à Montréal, jeudi.
De nombreux décrets signés
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche s'est accompagné d'un programme américain massif de droits de douane ciblant le Canada et d'autres pays, un programme qui pourrait réaligner le commerce mondial et perturber les alliances.
Il a signé un décret exécutif prévoyant des droits de douane de 25 % sur toutes les importations d'acier et d'aluminium aux États-Unis à compter du 12 mars. Un autre décret mettra en œuvre des «droits de douane réciproques» le 2 avril.
M. Trump a signé mardi un décret exécutif pour examiner une taxe sur le cuivre et a suggéré que des droits de douane sur les automobiles et les produits forestiers pourraient être instaurés en avril.
Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a précisé qu'il était important d'éviter le «bruit et la rhétorique» et de rester concentré sur l'objectif plus large de maintenir la sécurité alimentaire et énergétique de l'Amérique du Nord.
«Je ne m'entends pas toujours avec ma famille. Je ne m'entends pas toujours au sein de notre parti politique ou même au sein de notre nation, a ajouté M. Moe devant la Maison-Blanche, jeudi. Il est important pour nous tous, en tant que Nord-Américains, de garder un œil sur le long terme.»
De nombreux experts affirment que les actions de M. Trump visent à ébranler le Canada et le Mexique avant une révision obligatoire du pacte commercial continental. L'accord Canada-États-Unis-Mexique a été négocié pendant la première administration Trump pour remplacer l'Accord de libre-échange nord-américain.
Certains premiers ministres ont suggéré que les trois pays doivent rapidement s'asseoir à la table des négociations pour mettre fin aux menaces tarifaires constantes.
«Plus tôt nous nous asseyons à cette table, mieux ce sera», a soutenu M. Moe.
Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne