La relation avec les É.-U. est aussi mauvaise qu'avec la Russie, disent les Canadiens


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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Les Canadiens estiment que leurs relations avec Washington sont tout aussi mauvaises qu'avec Moscou, selon un sondage qui suggère une ouverture à l'amélioration des relations avec la Chine et surtout le Mexique.
Seuls 16 % des Canadiens interrogés par Léger estiment que le Canada entretient de bonnes relations avec les États-Unis, contre 15 % pour les relations avec la Russie.
Par ailleurs, 36 % des Canadiens croient qu'Ottawa entretient de bonnes relations avec Pékin, tandis que ce chiffre dépasse 75 % pour les relations avec le Mexique, l'Union européenne et le Royaume-Uni.
«Lorsque les Canadiens évaluent si mal leur relation avec les États-Unis, c'est en grande partie dû à nos attentes à l'égard de cette relation, qui sont généralement considérablement meilleures» qu'actuellement, a indiqué Jack Jedwab, président de l'Association d'études canadiennes.
«Le fait que nous évaluons nos relations avec les États-Unis aussi mal que nos relations avec la Russie – et que nous évaluons nos relations avec la Chine comme meilleures que nos relations avec les États-Unis – est vraiment ahurissant.»
La firme Léger a sondé 1603 personnes du 17 au 19 avril pour l'Association d'études canadiennes. Aucune marge d'erreur ne peut être attribuée à ce sondage, car il s'agissait d'un sondage par panel.
M. Jedwab a affirmé que la quasi-totalité de ces sentiments peuvent être attribués aux menaces que le président américain Donald Trump fait peser sur la souveraineté et l'économie du Canada, ainsi que sur celles d'autres régions.
«Donald Trump a fait plus pour unifier les Canadiens que n'importe quel autre dirigeant depuis la période post-Confédération», a-t-il déclaré.
M. Jedwab a souligné qu'il est remarquable que les Canadiens se considèrent comme ayant des liens très forts avec le Mexique, quelques mois seulement après que des politiciens comme le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, ont cherché à éloigner le Canada de ce pays sur des questions comme le trafic de fentanyl et les immigrants.
«Les Canadiens ont l'impression que nous sommes confrontés aux mêmes défis que le Mexique, en ce qui concerne notre plus important allié», a précisé M. Jedwab.
Un possible rapprochement avec la Chine?
Cette semaine, l'ambassadeur de Chine au Canada, Wang Di, a déclaré à La Presse Canadienne que Pékin proposait de former un partenariat avec le Canada pour contrer l'intimidation américaine. Il a suggéré que les deux pays pourraient mobiliser d'autres nations pour empêcher Washington de saper les règles du commerce mondial.
«Cela montre un certain potentiel de réorganisation», a soutenu M. Jedwab, tout en prévenant qu'il n'était pas certain que cela soit possible avec la Chine.
«Lorsque l'on est souvent impliqué dans ce type de conflits mondiaux, il est nécessaire de négocier ou de tenter de se réconcilier avec des pays avec lesquels on peut être en désaccord.»
M. Jedwab a indiqué que les Canadiens classent l'état des relations avec les autres pays en fonction de leurs attentes. Concernant la Chine, les statistiques suggèrent que les Canadiens s'attendent à des tensions dans leurs relations avec ce pays, mais pourraient y voir une occasion d'améliorer la situation, compte tenu de sa faiblesse au cours des dernières années.
C'est également pourquoi les répondants de l'Alberta et de la Colombie-Britannique ont qualifié les relations avec Pékin de particulièrement mauvaises, une grande partie des échanges commerciaux avec la Chine provenant de ces provinces.
Par ailleurs, le chef libéral Mark Carney a récemment décrit Pékin comme «la plus grande menace pour la sécurité du Canada», tandis que le chef conservateur Pierre Poilievre identifie depuis longtemps Pékin comme une autocratie qui perturbe l'ordre mondial.
«On peut avoir une relation positive avec un pays et avoir néanmoins l'impression que cette relation est mauvaise», a dit M. Jedwab, affirmant que, quel que soit le premier ministre élu la semaine prochaine, le pays souhaitera une meilleure relation avec les États-Unis.
«Nous allons devoir transformer cela en quelque chose de constructif.»
Dylan Robertson, La Presse Canadienne