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La prophylaxie antibiotique n'est pas toujours pertinente, prévient une étude

durée 13h04
27 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Administrer des antibiotiques de manière préventive à l'entourage d'un patient souffrant d'une maladie à streptocoques du groupe A (SGA) pourrait, dans certains cas, être plus nuisible qu'utile, prévient une étude réalisée à Montréal.

L'auteure de l'étude, la docteure Sasha Bernatsky de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, et ses collègues ont évalué si l’utilisation prophylactique d’antibiotiques chez plus de 21 000 membres de la famille d’une personne infectée était liée à une incidence plus faible d’infection à SGA dans les 30 jours. Les effets indésirables des médicaments ont également été évalués.

Ils n'ont mesuré aucune «différence claire» dans les taux d’infection entre ceux qui ont reçu une prophylaxie et ceux qui n’en ont pas reçu.

En revanche, les chercheurs ont observé une multiplication par trois du risque d’effets indésirables, comme des nausées, des diarrhées, des gastro-entérites, des infections à C. difficile, des réactions cutanées et des allergies.

Ils en viennent à la conclusion qu'une approche «taille unique» n'est pas appropriée: si certains groupes à haut risque peuvent bénéficier d’une prophylaxie antibiotique, le taux élevé d’effets indésirables doit également être pris en compte.

«On recommande aux membres de la famille ou aux personnes en contact étroit avec le malade de prendre un antibiotique pour éviter qu'ils ne contractent la maladie, a expliqué la docteure Bernatsky. Le problème est que nous ne savons pas toujours à qui nous devrions le donner, alors nous le donnons à tout le monde.»

Ces maladies sont causées par des bactéries qui se propagent d’une personne à l’autre par contact direct avec les sécrétions du nez, de la gorge ou d’une plaie, ou par l’intermédiaire de gouttelettes respiratoires.

Une infection à SGA invasive est un événement rare lors duquel les bactéries envahissent des zones où elles ne se trouvent généralement pas, telles que le sang, les poumons ou les tissus profonds. Cela peut entraîner des maladies graves, telles que la fasciite nécrosante, la méningite ou d’autres infections potentiellement mortelles, voire la mort.

On retrouve parmi les cas les plus graves un choc toxique ou une «maladie mangeuse de chair».

Ces résultats, a dit la docteure Bernatsky, sont importants compte tenu de l’augmentation de l’incidence de ces infections dans le monde, et des préoccupations croissantes concernant l’utilisation excessive d’antibiotiques et le développement de la résistance aux antibiotiques.

«Cela nous montre qu'il faut faire preuve de discernement lorsque nous élaborons des lignes directrices sur l'administration ou non d'une prophylaxie antibiotique, a dit la chercheuse. Tout le monde n'en a pas besoin.»

Il serait judicieux, a-t-elle ajouté, d'administrer une antibioprophylaxie aux personnes présentant un risque élevé, comme celles qui ont des problèmes sous-jacents au niveau de leur système immunitaire ou qui sont plus âgées.

Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue médicale Clinical Infectious Diseases.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne