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La politique d'immigration demeure inchangée à l'Île-du-Prince-Édouard

durée 18h32
3 juillet 2024
The Canadian Press, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par The Canadian Press, 2024

FREDERICTON — Pour Rupinder Pal Singh, qui a été l'une des principales voix des protestations contre les changements apportés aux règles d'immigration de l'Île-du-Prince-Édouard, retourner en Inde n'est «pas une option».

Il a déclaré mercredi qu'au moins 20 personnes de son groupe de travailleurs étrangers protestataires avaient abandonné et étaient retournées dans leur pays d'origine. Mais malgré les insultes racistes et les menaces de violence qu'il dit avoir reçues, M. Singh souhaite rester dans la province dans l'espoir d'apporter des changements.

«Mes parents paniquent et s'inquiètent pour ma sécurité, a-t-il déclaré mercredi dans une entrevue. Je vais essayer de mettre davantage de pression sur (le gouvernement) pour qu'il nous donne ce que nous voulons.»

Son permis de travail actuel expire le 14 juillet, mais M. Singh a déclaré qu'il espérait demander un visa de visiteur pour rester au Canada.

Ce dernier a mené un groupe d'environ 250 travailleurs en grève de la faim ce printemps et a rencontré des responsables du ministère de la Main-d'œuvre, de l'Enseignement supérieur et de la Population pour contester la décision du gouvernement de modifier les règles d'immigration en vigueur à leur arrivée sur l'île.

Les manifestants contestent la décision du gouvernement en février de ralentir la croissance démographique de l'île en réduisant le nombre d'immigrants qui obtiendront la résidence permanente, un changement qui a imposé une limite particulièrement stricte à ceux qui sont entrés dans la province avec un permis pour travailler dans le secteur des ventes et des services.

Hillary Proctor, porte-parole de la ministre de la Main-d'œuvre, de l'Enseignement supérieur et de la Population, Jenn Redmond, a déclaré mercredi que rien n'avait changé depuis que la ministre avait déclaré aux manifestants dans une lettre du 18 juin que la réforme de l'immigration de la province resterait en place.

«Notre gouvernement n'a promis ni garanti la résidence permanente à personne, indique la lettre. Ceux qui sont venus ici d'ailleurs au Canada après avoir terminé leurs études, ou qui ont vécu dans d'autres provinces pour chercher la résidence permanente, sont venus ici volontairement. L'Île-du-Prince-Édouard a souvent été considérée comme un endroit facile pour obtenir la résidence permanente. C'est une réputation que nous changeons pour garantir que notre province ne soit pas considérée comme un endroit où obtenir rapidement la résidence permanente pour ceux qui cherchent à immigrer.»

Plaidoyer pour un droit acquis

M. Singh soutient que le gouvernement ne devrait pas avoir de problème à accueillir environ 250 personnes. Certains de ceux qui auraient pu obtenir la résidence permanente en vertu des anciennes règles étaient des travailleurs de première ligne au plus fort de la pandémie de COVID-19, a-t-il avancé.

Rupinder Pal Singh, arrivé au Canada en décembre 2019, a étudié en affaires au St. Clair College, dans le sud-ouest de l'Ontario, avant d'accepter un emploi en Saskatchewan et de déménager finalement à l'Île-du-Prince-Édouard en janvier de l'année dernière. Il a déclaré avoir dépensé environ 70 000 $ pour ses études et ses frais de subsistance au Canada.

«Tout le monde sait que les règles ont changé, a-t-il affirmé. Nous voulons simplement que les personnes qui ont déjà commencé (selon les anciennes règles) bénéficient de droits acquis.»

Il s'est exprimé après une conférence de presse organisée par le Cooper Institute, une organisation qui milite pour la démocratie et l'inclusion. Les participants ont déclaré que les travailleurs ont grandement contribué à l'Île-du-Prince-Édouard et ont demandé au gouvernement de veiller à ce qu'ils puissent poursuivre leur démarche pour devenir résidents permanents.

Une autre personne touchée par le changement de règles en février, Mitesh Chandra, a décidé de retourner en Inde en mars après environ trois ans et demi au Canada.

Il a également étudié les affaires au St. Clair College et a vécu dans différentes villes, dont Vancouver et Montréal, avant de trouver un emploi dans le secteur bancaire à Halifax en 2022. Il espérait demander la résidence permanente en Nouvelle-Écosse, mais environ un mois avant d'être admissible, les règles avaient changé.

Il a donc déménagé à l'Île-du-Prince-Édouard. Mais les règles pour ceux qui sont entrés dans la province avec un permis pour travailler dans le secteur de la vente et des services ont changé une fois de plus.

«J'en ai eu marre, a-t-il déploré. Je pensais que c'était vraiment injuste... Je suis retourné en Inde et je suis plutôt heureux.»

M. Chandra dit avoir dépensé environ 90 000 $ en tant qu'étudiant au Canada.

Il souhaite mettre à profit son diplôme en démarrant une entreprise, ce qu'il avait prévu de faire à l'Île-du-Prince-Édouard. Il dit qu'il avait toujours eu l'intention de retourner en Inde, mais qu'obtenir la résidence permanente au Canada aurait été un signe de réussite dans son pays.

Hina Alam, La Presse Canadienne