La Nouvelle-Écosse veut faciliter le commerce interprovincial
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Par La Presse Canadienne, 2024
HALIFAX — Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, a fait une apparition surprise lors de la campagne électorale de l’Ontario jeudi, où il a annoncé que sa province déposerait un projet de loi visant à réduire les barrières commerciales interprovinciales.
M. Houston a parlé de ce projet lorsqu'il présentait son collègue chef du Parti progressiste-conservateur, Doug Ford, lors d’un événement de campagne à Milton, en Ontario. La province tiendra ses élections le 27 février.
Alors que la menace de tarifs douaniers américains pèse sur l’économie canadienne, le premier ministre néo-écossais a dénoncé la « folie» de faire composer aux entreprises canadiennes les «nuances douloureuses» de la vente dans 13 juridictions. M. Houston a déclaré qu’il était temps que les choses changent.
«Il est temps de protéger les entreprises canadiennes en ouvrant l’accès à l’ensemble des 40 millions de consommateurs canadiens, a-t-il soutenu. Nous avons créé des lois et des barrières qui suggèrent en fait qu’une pizza à la viande congelée fabriquée en Nouvelle-Écosse est sans danger pour les Néo-Écossais, mais pas pour les Ontariens. Cela n'a pas de sens.»
M. Houston a déclaré que le projet de loi, qui n’a pas encore été déposé, mais qui portera le nom de Loi sur le libre-échange et la libre circulation au Canada, permettrait la vente de biens et de services canadiens en Nouvelle-Écosse sans qu’il soit nécessaire de procéder à des tests supplémentaires ou de se plier aux formalités administratives dans la province. Les travailleurs, les couvreurs, les enseignants et les prestataires de soins de santé seraient parmi ceux qui bénéficieraient de ces changements, a-t-il indiqué.
Cependant, la levée des restrictions ne s’appliquerait qu’aux provinces et aux territoires adoptant une législation similaire. M. Houston les a appelés à suivre l’exemple de la Nouvelle-Écosse.
«Mes amis, c’est une voie à double sens et mon message aux autres provinces et territoires est le suivant: "faites votre part et nous ferons la nôtre"», a-t-il déclaré, ajoutant que M. Ford, le premier ministre sortant de l’Ontario, est d’accord avec l’approche de la Nouvelle-Écosse. «Si tout le monde adhère, la meilleure option abordable sera l’option canadienne», a soutenu M. Houston.
Le Néo-Écossais a également profité de l’occasion pour réclamer la construction d’un pipeline allant d’ouest en est qui, selon lui, contribuerait à réduire la dépendance du Canada atlantique à l’énergie provenant des États-Unis.
M. Houston s’est rendu à l’événement de campagne de M. Ford après que son bureau a publié un communiqué de presse mercredi indiquant qu’il se rendait à Washington, D.C., pour assister à la réunion hivernale de la National Governors Association afin d'y faire pression contre la menace tarifaire du président américain Donald Trump. Le communiqué ne faisait pas mention d'un passage en Ontario.
La chef de l’opposition du NPD, Claudia Chender, n’a pas été impressionnée par le fait que Houston ait contourné l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse pour annoncer le projet de loi.
«J’aimerais voir le premier ministre à l’Assemblée législative pendant les quelques jours où nous siégeons, ou là où il dit qu’il sera, c’est-à-dire à Washington, D.C., pour essayer d’éviter ces terribles tarifs, a déclaré Mme Chender aux journalistes. Je pense que cela montre le mépris de notre premier ministre pour les Néo-Écossais et pour la démocratie.»
Elle a tout de même ajouté que son parti était ouvert à l’idée d’examiner les détails di projet de loi une fois qu’il sera déposé. «Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il est temps de supprimer les barrières commerciales interprovinciales, mais il faudrait que ce soit une discussion à laquelle tous les chefs d’entreprise de notre province participent, car ils savent mieux que quiconque comment les éliminer».
Le chef libéral par intérim Derek Mombourquette a également exprimé son mécontentement à l’égard de la présence imprévue du premier ministre en Ontario. Il a ajouté que son parti était conscient de la nécessité de rationaliser le commerce interprovincial.
«Il (M. Houston) devrait être ici, a soutenu M. Mombourquette. Nous ne connaissons pas les détails du projet de loi (…) nous avons en fait déposé un projet de loi au cours de cette session sur l’élimination des barrières commerciales interprovinciales, c’est donc quelque chose que nous soutenons. »
— Avec des informations d’Allison Jones à Milton, en Ontario.
Keith Doucette, La Presse Canadienne