La mort d'un homme de Brossard lundi rappelle les dangers du monoxyde de carbone
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — La mort d'un sexagénaire à la suite d'une fuite de monoxyde de carbone à Brossard rappelle tragiquement les dangers de ce gaz inodore potentiellement mortel, a indiqué mardi un toxicologue clinicien, alors que la coroner a ouvert une enquête.
Le Bureau du coroner a identifié la victime comme étant Pierre Dutil, âgé de 65 ans, qui a été transporté à l'hôpital lundi dans un état critique et qui est ensuite décédé, après une fuite de monoxyde de carbone dans un immeuble à logements de Brossard.
Deux policiers qui ont porté secours à la victime ont également été hospitalisés, mais ils ont ensuite obtenu leur congé de l'hôpital. La fuite a aussi forcé l'évacuation de 75 personnes.
La coroner Annie Nadon enquêtera sur les causes et les circonstances entourant le décès, a indiqué le Bureau du coroner.
Si elle le juge approprié, la coroner pourra également formuler des recommandations visant à protéger la vie humaine et à éviter des décès dans des circonstances similaires, précise le Bureau dans un courriel.
Josh Wang, président désigné de l'Association canadienne des centres antipoison et de toxicologie clinique, rappelle que le risque d'intoxication au monoxyde de carbone augmente en hiver, lorsque les gens utilisent des systèmes de chauffage.
«Les cas liés au chauffage et à l'utilisation d'une génératrice, ou peut-être dans ce cas-ci simplement à l'utilisation d'une chaudière ordinaire, surviennent généralement par temps froid», a-t-il rappelé en entrevue téléphonique. «Malheureusement, c'est donc lorsque le mercure baisse que ces choses se produisent.»
Le docteur Wang, qui œuvre au Centre antipoison du Québec, a indiqué que la plupart des cas surviennent lorsque des personnes utilisent à l'intérieur des brûleurs au charbon, des appareils de chauffage à combustion ou des génératrices. Il est relativement rare qu'un immeuble entier soit touché par une fuite, dit-il.
Les citoyens peuvent par contre se protéger en installant des détecteurs de monoxyde de carbone et en étant attentifs aux symptômes d'intoxication, qui comprennent des nausées, des vomissements et des étourdissements, surtout si plusieurs personnes sont touchées en même temps.
Des agents du Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL) avaient été appelés à l'immeuble résidentiel de la rue Lennon vers 14 h 30 lundi.
La police a indiqué mardi que la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) menait aussi son enquête, en collaboration avec la coroner.
Le distributeur de gaz naturel Énergir a confirmé dans un communiqué qu'il pourrait également être appelé à collaborer à l'enquête. Énergir a par ailleurs écrit que la CNESST avait «scellé la pièce» et en avait le contrôle, sans donner plus de détails sur la nature de la fuite de monoxyde de carbone.
Le Service de sécurité incendie de l'agglomération de Longueuil a fait écho aux conseils du docteur Wang et a exhorté les citoyens à installer chez eux des détecteurs de monoxyde de carbone, qui peuvent «réellement sauver des vies en détectant ce gaz incolore et inodore».
Selon le docteur Wang, près de 2000 cas d’exposition au monoxyde de carbone ont été signalés aux centres antipoison canadiens en 2021, l’année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles — et ce chiffre est considéré comme une sous-estimation.
Il précise que la plupart des patients survivent à l’exposition au monoxyde de carbone, mais que certains souffrent de complications neurologiques graves et même d’invalidité.
Morgan Lowrie, La Presse Canadienne