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La méditation et le «don de parler en langues» ont des points communs, dit une étude

durée 09h45
2 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

2 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Deux pratiques spirituelles qui peuvent sembler diamétralement opposées, la méditation bouddhiste jhāna et la pratique chrétienne de parler en langues, ont plusieurs points communs, révèle une étude à laquelle ont participé des chercheurs canadiens.

Alors que la méditation, de par sa nature même, est une pratique profondément intérieure, le «don de parler en langues» est spectaculaire, émotionnel et exubérant.

Les chercheurs ont toutefois constaté que les deux pratiques semblent exploiter la même boucle de rétroaction cognitive pour créer des états profonds de joie et d'abandon, dans le cadre d'une recherche qui pourrait un jour aider davantage de gens à atteindre un état de paix intérieure.

«De différentes manières, avec différents systèmes de croyances, ils utilisent le même processus de l'esprit pour permettre à leur esprit d'être de plus en plus absorbé par un objet de conscience», a expliqué le co-responsable de l'étude, le professeur Michael Lifshitz du département de psychiatrie de McGill.

«Ils finissent tous par arriver à un endroit où ils sont vraiment immergés dans un sentiment de félicité et de calme profond.»

Les chercheurs ont constaté que les adeptes de la méditation jhāna et les personnes qui parlent en langues entrent dans un cycle de renforcement: ils concentrent leur attention sur un objet, comme la respiration dans la méditation ou Dieu dans la prière, ce qui déclenche un sentiment de joie. Cette joie rend l'attention sans effort, ce qui conduit à un sentiment d'abandon, qui approfondit l'expérience.

Les chercheurs ont demandé à leurs sujets de leur fournir une description très détaillée de leur pratique et de ce qu'ils ressentent. Ils ont aussi enregistré leur activité cérébrale, mais ces données sont encore en cours d'analyse.

«Les praticiens des deux traditions décrivent une relation dynamique entre l'attention concentrée, la joie éveillée et un sentiment de lâcher-prise ou de libération qu'ils décrivent comme essentielle à leur pratique», écrivent les auteurs.

Les pratiques religieuses, a rappelé le professeur Lifshitz, s'accompagnent très fréquemment de croyances auxquelles il est nécessaire d'adhérer pour avoir accès à des pratiques qui, potentiellement, mèneront à cet état d'extase ou de calme profond.

Il est donc très intéressant de constater que cet état est accessible par le biais de différents systèmes religieux, a-t-il dit.

«Ça me dit que chacun peut probablement trouver son propre chemin pour y parvenir, a indiqué le chercheur. Vous pouvez trouver votre propre pratique qui tirera parti du même mécanisme de l'esprit humain, quelles que soient vos croyances. Et je trouve ça très excitant.»

Le professeur Lifshitz aimerait maintenant étudier l'expérience de ceux qui s'adonnent à ces pratiques en groupe, puisque plusieurs témoignent d'un intense état de communauté et de communion qui émerge pendant la pratique.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par l'American Journal of Human Biology.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne