La fermeture de La Baie d'Hudson était prévisible, selon des analystes


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Par La Presse Canadienne, 2024
TORONTO — Selon les analystes, la liquidation prévue de La Baie d'Hudson laissera un vide dans le paysage du commerce de détail au pays, la plus ancienne entreprise canadienne se préparant à fermer ses portes dans les prochains mois si elle ne trouve une solution de dernière minute.
Les experts du commerce de détail attribuent l'annonce de vendredi soir de La Baie d'Hudson à une combinaison de faux pas menant à la liquidation de l'ensemble de ses activités dès la semaine prochaine, sous réserve de l'approbation du tribunal.
La chaîne de grands magasins, fondée en 1670 et comptant aujourd'hui 80 établissements, a déclaré avoir été contrainte à une liquidation complète, car ses efforts n'ont pas permis de réunir le financement nécessaire au maintien de même une partie de son empire.
La fermeture de l'ensemble de l'entreprise, prévue dans l'attente d'une comparution devant le tribunal prévue lundi, entraînerait la perte de 9364 emplois pour l'entreprise au Canada, répartis dans ses magasins La Baie d'Hudson, ainsi que dans trois magasins Saks Fifth Avenue et 13 magasins Saks Off 5th, dont elle est propriétaire en vertu d'un accord de licence.
Le processus de liquidation devait prendre fin en juin.
Liza Amlani, cofondatrice du Retail Strategy Group, a déclaré que la fin de l'entreprise était prévisible depuis un certain temps.
Elle a ajouté que les clients avaient probablement remarqué le manque d'investissement de La Baie d'Hudson dans ses magasins physiques, où il n'était pas rare de trouver des escaliers mécaniques restant hors d'usage pendant de longues périodes. Mme Amlani a aussi noté la fermeture temporaire de plusieurs magasins de la région de Vancouver l'été dernier en raison de problèmes de climatisation.
Elle a ajouté qu'un autre problème rencontré par l'entreprise ces dernières années était que les horaires d'ouverture de ses magasins ne correspondaient pas toujours à ceux des centres commerciaux où ils sont situés.
«Sachant que la fonction première d'un grand magasin est d'être un magasin pilier – une porte d'entrée vers le centre commercial, par exemple –, le fait que les horaires d'ouverture soient différents, et que cela perdure encore aujourd'hui, constitue un véritable problème», a affirmé Mme Amlani.
Dans des destinations touristiques comme le Centre Eaton, par exemple, si le magasin est fermé alors que le centre commercial est ouvert, cela pose problème. Le client le remarque et en parlera ensuite à d'autres clients.
Bien que la situation semble sombre, l'entreprise se dit optimiste quant à sa capacité à mobiliser des capitaux et à trouver une solution avec les principales parties prenantes, notamment ses partenaires propriétaires, pour éviter une fermeture totale.
«Notre équipe a travaillé d'arrache-pied pour trouver une solution viable, et notre détermination est renforcée par le soutien indéfectible de nos clients et associés qui ont partagé des témoignages touchants sur La Baie d'Hudson et sur ce que nos magasins ont représenté pour eux, leurs familles et leurs communautés à travers les générations», assuré Liz Rodbell, présidente-directrice générale de La Baie d'Hudson, dans un communiqué publié vendredi soir.
Samedi, le syndicat représentant environ 320 travailleurs des magasins de Windsor, Kitchener et Sherwood Gardens, ainsi que de son entrepôt de commerce électronique de Toronto, a appelé La Baie d'Hudson à «respecter ses obligations légales envers les travailleurs» et à fournir une communication claire concernant les fermetures potentielles de magasins, les mises à pied et les protections en matière d'indemnités de départ.
«HBC (la Compagnie de la Baie d'Hudson) doit agir de bonne foi en s'assurant que les travailleurs reçoivent les salaires, les avantages sociaux et les indemnités de départ auxquels ils ont droit en vertu de leurs conventions collectives», a déclaré Lana Payne, présidente nationale d'Unifor.
«Les moyens de subsistance des travailleurs sont en jeu ; ils sont légitimement inquiets et méritent une transparence totale de la part de HBC.»
Tara Deschamps et Sammy Hudes, La Presse Canadienne