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La famille de Gilles Villeneuve veut récupérer du Musée ses biens et gérer sa mémoire

durée 12h38
27 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — La légende de Gilles Villeneuve occupe toujours une place marquante dans l'esprit des amateurs de course automobile, plus de 40 ans après le décès de la vedette québécoise de Formule 1, à l'âge de 32 ans, dans un accident lors des qualifications du Grand Prix de Belgique en 1982.

Aujourd'hui, sa veuve et ses deux enfants, dont l'ancien champion de F1 Jacques Villeneuve, ont entrepris des démarches pour récupérer ses biens auprès d'un musée qui lui est consacré à Berthierville, invoquant des inquiétudes quant à la capacité de cette institution à protéger à la fois les objets physiques et l'héritage de la vedette de course automobile.

Mélanie Villeneuve affirme que le vol à la fin de l'année dernière d'une grande statue en bronze de son père devant le Musée Gilles-Villeneuve, dans Lanaudière, a été le «point de non-retour» qui a cimenté la perte de confiance de la famille envers cette institution.

«Je pense que (le vol) nuit à l'image et je pense que, pour nous, quand nous en parlons en famille, nous avons décidé qu'on n'avait peut-être pas nécessairement confiance dans les mesures de sécurité que le musée a mises en place pour protéger notre patrimoine et les objets que nous lui avons prêtés», a-t-elle déclaré mercredi dans une entrevue vidéo.

La statue du pilote automobile avait été créée en 1984 en hommage à Gilles Villeneuve, qui a participé à 67 courses de Formule 1 de 1977 à 1982, et en a remporté six. Les voleurs ont scié et emporté la statue grandeur nature, laissant derrière eux une paire de bottes en métal et le socle. La Sûreté du Québec suppose que les voleurs voulaient probablement faire fondre la statue afin de vendre le bronze.

Mélanie Villeneuve explique que ce vol «bizarre» a été le catalyseur de la décision de la famille de récupérer les objets de son père, mais les inquiétudes concernant le musée avaient commencé plus tôt, dit-elle. Ces dernières années, la famille a remarqué des exemples de détournement de l'image de son père, notamment son utilisation sans autorisation sur des étiquettes de bière et de vin.

«Depuis un certain temps, nous nous inquiétons de la façon dont son image est diluée par cette utilisation, et je ne veux pas être super négative, car je ne pense pas que les gens l'aient fait avec de mauvaises intentions, dit-elle. Mais je pense que maintenant, nous sommes prêts à peut-être tourner la page et à ouvrir un nouveau chapitre et peut-être à prendre possession de son héritage.»

Saisie avant jugement

Mélanie Villeneuve indique que la famille, y compris son frère Jacques et leur mère, Joann, a entamé un processus pour récupérer certains des objets de son père qui se trouvent au musée, qui a ouvert ses portes en 1988. Elle précise que cela comprendra une procédure judiciaire, décrite dans un communiqué comme une saisie avant jugement, qui devait être déposée incessamment.

La famille recherche des objets, notamment des effets personnels ainsi que des trophées et des souvenirs, certains datant des premiers jours de course de Gilles Villeneuve sur les circuits de motoneige du Québec et en Formule Atlantique. Mélanie Villeneuve soutient que tous les objets qu'on veut récupérer étaient prêtés par la famille, qui ne souhaite pas revendiquer des objets donnés par d'autres parties. «Nous voulons simplement reprendre ce qui nous appartient, en gros», a-t-elle précisé.

Dans un communiqué, le Musée Gilles-Villeneuve explique qu'il est géré avec fierté «par une petite équipe dédiée depuis plusieurs décennies», qui continuera à le faire.

«Le Musée regrette que la famille perçoive la situation négativement, écrit un représentant dans un courriel. Bien que [la famille] ne soit pas impliquée dans la gestion du Musée, elle a effectivement prêté quelques artefacts représentant moins de 5% de toute la collection du Musée.»

Le musée a refusé de commenter davantage en raison des procédures judiciaires amorcées par la famille.

Mélanie Villeneuve explique que, même si elle ne voulait pas déclencher de conflit, sa famille n'avait pas de «relation active» avec la direction du musée et que les courriels qu'elle avait envoyés l'été dernier n'avaient jamais reçu de réponse. Elle a déclaré qu'elle n'avait pas informé la direction du musée de l'intention de la famille d'engager des procédures judiciaires.

Elle a décrit les efforts déployés pour récupérer les objets comme faisant partie du plan plus vaste de la famille visant à promouvoir l'héritage de son père de nouvelles façons, notamment par le biais de projets médiatiques et en ligne. Elle souligne que la légende de son père n'a cessé de grandir, ce qui, selon elle, témoigne de son incroyable talent et de la force de caractère qui l'a amené en quelques années de courses de motoneige dans des régions rurales du Québec au prestigieux circuit de la Formule 1.

«La quantité de travail qu'il a investi dans sa carrière est ahurissante et c'était un individu déterminé et passionné qui n'acceptait jamais un non comme réponse», a-t-elle déclaré. Sur ces petits circuits de motoneige, seuls les gagnants remportaient des prix en argent, a-t-elle rappelé, ce qui a favorisé une mentalité de vainqueur à tout prix pour un homme qui avait une femme et deux jeunes enfants à charge.

«Il a dû faire d'énormes sacrifices et s'assurer de gagner, dit-elle. Cette force particulière de la nature est quelque chose que j'aimerais partager et que j'aimerais pouvoir présenter.»

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne