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La consommation de marijuana augmenterait le risque de maladie cardiovasculaire

durée 11h55
25 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — La consommation de marijuana semble augmenter le risque de maladie cardiovasculaire, prévient une nouvelle étude rétrospective qui a été réalisée auprès de jeunes hommes autrement en bonne santé.

Les auteurs ont mesuré, chez les consommateurs de marijuana, un risque de crise cardiaque six fois plus important, un risque d'accident vasculaire ischémique quatre fois plus élevé, et un risque de défaillance cardiaque deux fois plus grand.

Les consommateurs étaient aussi moins susceptibles de survivre à leur infarctus du myocarde.

La consommation de marijuana semble donc présenter «un risque substantiel et indépendant», même dans une population «ne présentant pas les facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels», préviennent les auteurs de l'étude.

Ce n'est que depuis quelques années, a expliqué le docteur François Simard, qui est cardiologue clinicien à l’Institut de cardiologie de Montréal, qu'on est en mesure d'isoler la consommation de marijuana comme facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires, puisque ce n'est que depuis quelques années qu'on retrouve dans la population des individus qui consomment uniquement de la marijuana sans aussi consommer, par exemple, du tabac ou de l'alcool à outrance.

Mais depuis dix ans, a-t-il dit, «il y a un signal de plus en plus important sur l'association entre la consommation (de marijuana) et l'impact cardiovasculaire».

C'est donc un phénomène nouveau d'accueillir des jeunes autrement en bonne santé, sans facteurs de risque apparents, qui ont été victimes d'un accident vasculaire cérébral ou d'un infarctus du myocarde, et de découvrir que leur consommation de marijuana est vraisemblablement en cause, a-t-il ajouté.

«Ce que je retiens de la plupart des études actuellement, c'est que (la marijuana) peut se retrouver à être un facteur de risque cardiovasculaire chez des patients qui sont jeunes et qui n'ont aucun autre facteur de risque, a dit le docteur Simard. Et quand on essaie de trouver pourquoi (ce patient) souffre malheureusement d'un AVC précoce ou d'un infarctus myocarde précoce, parfois c'est le facteur de risque qu'on réussit à identifier.»

Bien que les mécanismes par lesquels la marijuana ou ses composants peuvent avoir un impact sur le système cardiovasculaire ne soient pas entièrement compris, les chercheurs formulent l'hypothèse que la marijuana peut affecter la régulation du rythme cardiaque, augmenter la demande en oxygène du muscle cardiaque et contribuer au dysfonctionnement endothélial, ce qui rend plus difficiles la relaxation et l'expansion des vaisseaux sanguins, et peut interrompre le flux sanguin.

«Le cœur et les vaisseaux sanguins ont des récepteurs de cannabinoïdes, et la consommation de cannabis va activer ces récepteurs-là, a expliqué le docteur Simard. Il y a une plausibilité physiopathologique.»

Les auteurs ont aussi procédé à une méta-analyse de douze études, dont une menée au Canada, regroupant 75 millions de personnes dont les résultats ont été présentés lors d'un congrès de l'American College of Cardiology.

Cette analyse a montré un bond de 50 % du risque de crise cardiaque chez les consommateurs de marijuana. Elle a aussi montré que les consommateurs courants de marijuana étaient 1,5 fois plus susceptibles que les non-consommateurs d'être victimes d'une crise cardiaque.

Une des études comprises dans cette méta-analyse contient aussi une donnée qui frappe l'imaginaire: le risque d'infarctus du myocarde serait quintuplé pendant l'heure qui suit la consommation de marijuana.

«À ma connaissance, c'est la première étude qui montre une hausse aussi importante du risque dans les minutes après la consommation, a tempéré le docteur Simard. Je ne pense pas qu'on doive faire de ces chiffres-là une nouvelle vérité (...) tant que ça n'aura pas été validé par d'autres études.»

Même si, dans l'imaginaire populaire, la marijuana reste une substance inoffensive, et même si son risque pour le cœur est probablement moindre que celui du tabac, il ne faut en conclure que son risque est «neutre», a-t-il conclu.

«D'après moi il y a un risque au niveau cardiovasculaire, surtout si on est jeune, et si on consomme ça pendant plusieurs années, ça peut devenir un risque significatif», a résumé le docteur Simard.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal JACC: Advances.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne