L'aspirant chef libéral Frank Baylis aurait fait l'inverse de Trudeau face aux tarifs
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Le candidat à la direction du Parti libéral Frank Baylis estime que le premier ministre Justin Trudeau et les premiers ministres du Canada ont mal abordé les menaces commerciales du président Donald Trump.
L'homme d'affaires montréalais a déclaré jeudi que les dirigeants ont commis «erreur après erreur», à commencer par la décision de M. Trudeau de se précipiter vers le domaine de M. Trump à Mar-a-Lago, en Floride, au mois de novembre, peu après les premières menaces de tarifs douaniers.
M. Baylis a indiqué à La Presse Canadienne dans une entrevue que son gouvernement adopterait l'approche inverse. Il a assuré que la seule façon de traiter avec quelqu'un comme M. Trump est de rester ferme sur ses positions et de refuser de lui offrir quoi que ce soit.
«Vous ne vous rendez pas à sa résidence privée alors qu'il n'est même pas président. C'est une totale complaisance à son égard, a-t-il soutenu. Que s'est-il passé après notre visite? Est-il devenu plus agressif ou moins?»
Ottawa a présenté un plan de 1,3 milliard $ pour améliorer la sécurité aux frontières après que M. Trump se soit plaint de la drogue et des immigrants illégaux entrant aux États-Unis — des problèmes que les États-Unis ont plus avec le Mexique qu'avec le Canada.
Si le président américain a mis sur pause sa menace initiale de 25 % de droits de douane, il n'a pas abandonné cette idée et a depuis intensifié ses mesures concernant les importations d'acier et d'aluminium.
M. Baylis a rappelé que, même si les premiers ministres se sont rendus «en masse» à Washington au début du mois, aucun d'entre eux n'a réussi à obtenir une réunion avec le président ou le vice-président.
«Nous manquons de leadership de A à Z sur ce sujet et lorsque je serai premier ministre, tout cela cessera», a-t-il assuré.
M. Baylis a soutenu qu'il traiterait mieux avec Donald Trump que ses adversaires, en raison de sa solide expérience dans le monde des affaires et de la négociation de contrats avec les Américains.
«Que cela nous plaise ou non, les Américains ont mis à leur tête d'un homme très agressif et tyrannique, qui est un homme d'affaires, a-t-il déclaré. Les gens qui viennent d'un monde distingué de bureaucrates ou de banquiers ne sauront pas comment traiter avec ce personnage.» Ce commentaire était une pique envoyée au favori présumé de la course à la direction, Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et ancien haut fonctionnaire du ministère des Finances.
«Il ne s’agit pas d’une négociation. Il s’agit en réalité d’une extorsion, a fait valoir M. Baylis. Il s’agit d’intimidation et de voir tout ce qu'il peut prendre sans coûts. Donc, à moins que nous n’y mettions un terme, cela va continuer.»
M. Baylis est un militant de longue date du parti qui s’était présenté avec succès en 2015 sous la bannière libérale, avant de choisir de ne pas se représenter en 2019. Il a été le premier candidat à annoncer qu’il se présenterait pour remplacer le premier ministre Trudeau.
M. Baylis a vendu sa société Baylis Medical Company à Boston Scientific en 2022 pour 1,75 milliard $. Il a noté avoir négocié d’innombrables fois avec des Américains au cours de sa carrière.
«J'ai rencontré le genre de Donald Trump à de nombreuses reprises, donc ce n’est pas nouveau pour moi, a-t-il déclaré. Je n'apprendrai pas sur le tas, je ne tirerai pas des coups de feu partout, en essayant, en aidant et en espérant.»
M. Baylis est l'un des cinq candidats à la direction du Parti libéral qui s'affronteront dans des débats télévisés à Montréal lundi et mardi.
L'ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland, l'ancienne leader parlementaire du Parti libéral Karina Gould et l'ancienne députée libérale Ruby Dhalla briguent également le poste le plus important du parti.
Mme Freeland a axé toute sa campagne sur la démonstration qu'elle est la combattante la plus forte pour affronter M. Trump. M. Carney a basé sa campagne sur son expérience économique et commerciale.
Les libéraux choisiront leur prochain chef dans un peu plus de deux semaines.
Kyle Duggan, La Presse Canadienne