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L'activité physique légère aide à la concentration

durée 12h25
19 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Un effort physique léger permet d'améliorer, ou à tout le moins d'égaler, l'apprentissage comparativement à la sédentarité, démontre une nouvelle étude réalisée à l'Université de Montréal.

Une activité physique d'intensité moyenne demandait en revanche un trop grand effort pour permettre une attention soutenue, ont constaté la professeure Marie-Ève Mathieu, de l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l'UdeM, et son étudiant François Dupont, qui a mené ces travaux dans le cadre de son doctorat en sciences de l'activité physique.

«Même si l'activité physique est très légère, il y a une activation cardiaque, a expliqué M. Dupont. Et s'il y a un geste moteur, (...) c'est comme si le cerveau était réchauffé.»

Les deux chercheurs ont recruté 24 étudiants de l'université aux fins de cette étude, qui s'inscrit dans le cadre de la popularité des bureaux debout, des postes de travail actifs et des différents appareils conçus pour nous faire bouger pendant que nous sommes en position sédentaire.

Ils ont proposé à leurs participants trois configurations pour une séance d’étude: un bureau classique (station sédentaire), un petit pédalier sous le bureau (intensité faible) et un vélo stationnaire (intensité moyenne), afin de comparer les effets de la sédentarité et de divers niveaux d’intensité du mouvement sur l’attention, la mémorisation et l’anxiété.

L'environnement d'étude avait été aménagé de la manière la plus réaliste possible, y compris avec les distractions. Les participants ont regardé une vidéo en s'assoyant, à tour de rôle, à chacune des stations. Leur niveau d’attention durant l’écoute de la vidéo était mesuré grâce à des lunettes permettant le suivi oculaire. Les sujets ont ensuite passé un test sur la plateforme StudiUM pour évaluer leur mémoire à court terme.

L'effort léger a mené à d’aussi bons résultats pour l’apprentissage, sinon meilleurs, que d’étudier dans une position statique. Même si l'amélioration mesurée n'était que de quelques points de pourcentage, il ne faut pas pour autant la négliger, a dit la professeure Mathieu, puisque «5 % de plus ou de moins dans un examen, ça peut faire la différence entre un étudiant qui réussit ou qui échoue».

L'effort plus intense, toutefois, accaparait trop de capacités pour permettre une attention continue sur la tâche cognitive. Les yeux des participants étaient fixés en moyenne huit minutes de moins sur la vidéo, par comparaison avec le visionnement sédentaire, et le score au test de mémorisation était diminué de 9 %.

«L'attention, c'est un vase fermé, a dit M. Dupont. Si on attribue beaucoup de cette capacité-là à faire de l'activité physique, il y a un coût cognitif.»

Au-delà de l'impact sur la concentration, l'étude a permis de confirmer ce qu'on retrouve déjà dans la littérature scientifique: l'activité physique a un impact positif sur la santé mentale, notamment quand il est question de combattre la dépression et l'anxiété. Les participants ont ainsi rapporté, après la séance d'intensité modérée, se sentir moins anxieux, entre autres lors du test de mémorisation.

De plus, rappellent les deux chercheurs, chaque minute de sédentarité remplacée par une minute d'activité physique compte, puisque toutes ces minutes finissent par avoir un impact cumulatif.

Si on suppose cinq journées de travail de huit heures chacune, a dit Mme Mathieu, on parle d'un total de quarante heures passées essentiellement sans bouger. Mais si on finit par totaliser deux ou trois heures d'activité physique chaque jour, au moins dix de ces quarante heures de sédentarité auront été remplacées par quelque chose de plus sain.

«Ce n'est pas tout ou rien, a-t-elle souligné. On voit sur les réseaux sociaux des gens qui se plaignent d'avoir mal au dos parce qu'ils ont passé quarante heures devant leur bureau debout. Il ne faut pas partir en folie. (...) Mais on se bat contre les téléviseurs et les ordinateurs qui sont tellement addictifs, et il faut faire quelque chose.»

D'autant plus que les solutions actives peuvent être utilisées de façon variée selon la tâche, les préférences, le besoin ou l’état d’esprit des utilisateurs: pédaler en révisant ses notes de cours pour évacuer le stress, s’asseoir sur un ballon d’exercice lors d’une visioconférence…

«Que ça soit sur un bureau à pédalier ou autre chose, l'intensité légère vient briser la sédentarité, a conclu M. Dupont. Puis tu peux amener des bienfaits pour l'apprentissage, puis éventuellement pour la santé.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le Journal of American College Health.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne