Étude: les enfants d'âge préscolaire consomment beaucoup d'aliments ultra-transformés
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Les enfants d'âge préscolaire consomment de grandes quantités d'aliments ultra-transformés, ce qui les rend vulnérables à des problèmes de santé comme l'obésité plus tard pendant la vie, prévient une nouvelle étude.
Le problème est plus marqué chez les garçons que chez les filles, ajoutent les chercheurs.
«Au Canada, on voit qu'un enfant sur trois vit avec un surpoids ou une obésité, et la tendance ne décline pas, a dit la professeure Kozeta Miliku, de l'Université de Toronto. Et ces enfants-là ont tendance à grandir avec l'obésité et ils pourraient acquérir d'autres problèmes de santé associés à l'obésité, comme la maladie cardiaque, le diabète et même le cancer.»
Les aliments ultra-transformés sont ceux qui ont été produits industriellement et qui contiennent des ingrédients que l'on ne trouve généralement pas dans une cuisine familiale, comme des émulsifiants, des conservateurs, des colorants et des arômes artificiels.
Cette vaste catégorie comprend des produits tels que les boissons gazeuses, les nouilles instantanées et les croustilles, ainsi que des aliments moins évidents comme les yaourts aromatisés et les pains complets préparés dans le commerce.
«Presque la moitié de l'apport calorique quotidien des enfants d'âge préscolaire provenait d'aliments ultra-transformés, a souligné la professeure Miliku. Ce n'est pas surprenant parce que le Canada est l'un des pays où l'on consomme les plus de ces aliments, mais c'est quand même inquiétant de voir de tels chiffres chez des enfants de trois ans.»
Afin d'approfondir l'association entre la consommation d'aliments ultra-transformés et le développement de l'obésité, les chercheurs ont utilisé les données de plus de 2200 enfants inscrits à l'étude de cohorte CHILD, l'une des plus grandes études prospectives de cohorte de grossesse au Canada. L'étude recueille des informations auprès des familles dès la grossesse et à des stades clés du développement afin de suivre l'impact des facteurs génétiques et environnementaux sur la santé à long terme des enfants.
Les chercheurs ont analysé les données de questionnaires alimentaires détaillés remplis par les parents lorsque l'enfant avait trois ans et les ont comparées aux mesures physiques prises sur le même enfant à l'âge de cinq ans, notamment sa taille, son poids, son tour de taille et l'épaisseur de ses plis cutanés.
Les chercheurs ont établi une association entre une consommation accrue d'aliments ultra-transformés à l'âge de trois ans et des mesures plus élevées de la graisse corporelle ainsi qu'un risque plus élevé de vivre avec un surpoids ou une obésité à l'âge de cinq ans.
Ces associations ont été observées principalement chez les garçons. Elles sont restées significatives après la prise en compte d'autres facteurs tels que le niveau d'éducation des parents et le fait que l'enfant ait été allaité ou non.
«On ne comprend pas exactement pourquoi, mais c'est possiblement dû au microbiome intestinal, a dit la professeure Miliku au sujet de la différence entre les garçons et les filles. La consommation d'aliments ultra-transformés a été associée à un microbiome intestinal différent (entre les deux sexes), et c'est quelque chose que nous allons étudier.»
Les habitudes alimentaires sont acquises très tôt dans la vie, a-t-elle rappelé, «donc c'est important de nous demander comment on peut remédier à la situation».
«Bien que nous ayons trouvé une association significative chez les garçons uniquement, nous voulons que le message soit transmis à tous, a conclu la professeure Miliku. Nous devrions intervenir tôt pour qu'ils puissent commencer à avoir une relation saine avec la nourriture dès le début et adopter un mode de vie sain par la suite.»
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical JAMA Network Open.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne