Discussions de groupe de la GRC: un agent plaide l'«humour noir» en C.-B.


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Par La Presse Canadienne, 2024
Un agent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de la Colombie-Britannique affirme que lui et ses collègues ont utilisé «l'humour noir» pour évacuer leurs frustrations, mais qu'il n'est pas fier de ses déclarations et pense qu'il est malheureux que les discussions de groupe de la police aient été révélées par le biais d'une plainte.
L'agent Ian Solven de la GRC de Port Coquitlam a témoigné lundi à Surrey, en Colombie-Britannique, lors d'une audience sur le code de conduite impliquant lui et deux autres agents.
L'audience sur le code de conduite contre les agents a commencé le mois dernier.
Les trois hommes ont nié les allégations de harcèlement au travail et de conduite déshonorante alléguées par un collègue policier qui a fait l'objet de certains de leurs commentaires dans les discussions de groupe.
«Ce n'est tout simplement pas quelque chose dont je suis très fier», a déclaré M. Solven lors de l'audience.
M. Solven a mentionné avoir fait preuve d'un «manque de jugement» et regrette les commentaires qu'il a faits dans les discussions de groupe de la police, mais a ajouté que l'utilisation de «l'humour noir» était un moyen d'évacuer ses frustrations face au travail stressant de policier.
Il a précisé qu'il avait eu des «interactions négatives» et une mauvaise relation avec l'agent Sam Sodhi, qui s'est plaint des commentaires faits dans des groupes de discussion privés et sur les terminaux de données de la police en mai 2021 par M. Solven ainsi que les agents Mersad Mesbah et Philip Dick.
Ian Solven a souligné que certains des propos qu'il avait tenus envers M. Sodhi étaient «totalement inappropriés», repensant des années plus tard à la façon dont sa relation troublée s'était déroulée.
«Je n'aurais pas dû rendre les choses personnelles quand il s'agissait de ma frustration envers Sam», a-t-il indiqué.
M. Solven a expliqué qu'il était frustré par M. Sodhi, pensant qu'il revenait d'un congé pour blessure et qu'il éviterait les dossiers d'enquête complexes et ne soutiendrait pas suffisamment ses collègues policiers, y compris lors d'une arrestation violente d'un suspect.
M. Solven a déclaré qu'il était «inapproprié» de parler mal à des collègues dans le dos de M. Sodhi, et que la bonne chose à faire aurait été de lui parler directement de ses préoccupations.
D'autres commentaires ont également été faits au sujet du poids d'un collègue policier et d'une femme qui se trouvait dans un refuge de transition pendant une enquête, bien que M. Solven ait soutenu ne pas se rappeler exactement à quoi il faisait référence lorsque son avocat l'a interrogé.
L'agent a ajouté que le travail de policier est un travail stressant et que les premiers intervenants utilisent souvent un humour «différent» dont il n'est pas fier, «et c'est malheureux que cela se produise de cette façon».
Un supérieur lui a parlé de commentaires faits sur les terminaux de données mobiles de la GRC, l'agent ayant laissé entendre qu'il utilisait des téléphones personnels plutôt que les terminaux, selon M. Solven.
Il a témoigné qu'il y avait une blague courante sur la création régulière de nouveaux groupes de discussion entre les membres utilisant des applications de messagerie cryptées sur les téléphones personnels des agents, et qu'il croyait que les discussions étaient un «espace privé» où les agents parlaient de travail, de bière, de sport et d'événements d'actualité.
Il a raconté qu'un message sur l'utilisation de pistolet à impulsion électrique contre des personnes noires non armées qu'il a envoyé dans un groupe de discussion a été publié après un incident dans une station du SkyTrain où un homme menaçait les gens avec une seringue.
L'agent a indiqué qu'une foule s'était rassemblée et le filmait en criant après les policiers, et qu'il avait été tenu éveillé cette nuit-là par la perspective que la vidéo devienne une «nouvelle massive».
«Je sais que la GRC n'est pas la meilleure pour défendre ses membres en public, et j'avais peur d'être simplement jeté sous le bus pour cette situation où je faisais simplement mon travail», a-t-il déclaré.
Ian Solven a également témoigné du stress financier qu'il a subi en rejoignant la police après avoir quitté un emploi bien rémunéré, ce qui l'a obligé à faire beaucoup d'heures supplémentaires pour payer ses factures.
Darryl Greer, La Presse Canadienne