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Des militants propalestiniens accusés d'avoir harcelé le ministre Marc Miller

durée 21h17
10 septembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — L'avocate représentant les militants propalestiniens accusés d'avoir harcelé criminellement le ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, affirme que ces accusations sont une tentative de «criminaliser la liberté d'expression».

Barbara Bedont soutient que ses trois clients manifestaient devant un bureau de campagne libéral des élections partielles dans l'arrondissement de Verdun, à Montréal, la semaine dernière lorsqu'ils ont vu M. Miller et deux de ses employés dans une voiture et les ont confrontés en criant des messages tels que «Honte à vous !».

Mohanned Mansour, Samar Elkahlout et Wendy Ing ont été accusés de harcèlement criminel et de méfait pour avoir prétendument endommagé la voiture dans laquelle se trouvait M. Miller, et ont reçu mardi des conditions qui incluent l'obligation de rester à au moins 50 mètres du ministre et des deux employés.

Mme Bedont nie que ses clients aient endommagé la voiture ou représenté une menace pour M. Miller ou les autres personnes. Elle a déclaré que cette affaire s'inscrit plutôt dans une tendance croissante des politiciens et de la police à tenter de réprimer la liberté d'expression.

«Il y a eu des cas dans le passé où les juges ont clairement dit que la liberté d’expression ne s’applique pas seulement aux discours populaires et joyeux. Elle s’applique aux discours qui pourraient être offensants, qui pourraient être insultants, et les politiciens en particulier doivent tolérer cela», a-t-elle plaidé.

«Au lieu de cela, les politiciens et les policiers l'ignorent et multiplient les procès contre les manifestants, en particulier les manifestants propalestiniens.»

Le bureau de M. Miller a refusé de commenter, car l’affaire est devant les tribunaux.

Mme Elkahlout – qui est également connue sous le nom de Samar Alkhdour – avait essayé de faire venir sa fille au Canada plus tôt cette année, mais la fillette de 13 ans est décédée dans la bande de Gaza avant que l’autorisation ne soit accordée. Elle a déjà dit aux journalistes que sa fille souffrait de graves problèmes de santé et qu'elle était morte de malnutrition.

Depuis, elle organise régulièrement des «sit-in» devant le bureau de circonscription de M. Miller à Montréal pour protester contre les politiques du gouvernement canadien à l’égard des réfugiés palestiniens.

Mme Bedont a déclaré que les conditions imposées mardi sont un «compromis» qui impose des limites aux accusés tout en leur permettant de poursuivre leurs manifestations, y compris devant la porte du bureau de M. Miller lorsque lui et les deux employés ne sont pas là.

Elle a indiqué que les conditions initialement proposées par la Couronne comprenaient de rester loin du bureau de M. Miller et de ne pas le dénoncer sur les réseaux sociaux, mais qu'elle les a contestées au motif qu'elles violent les droits de ses clients protégés par la Charte des droits et libertés.

«Ils ont droit à la liberté d'expression, à la liberté de réunion, a-t-elle soutenu. Et c'est pourquoi nous contestons ces conditions parce que les conditions auraient fondamentalement violé ces droits.»

L'affaire survient alors que certains politiciens ont demandé des sanctions plus sévères pour ceux qui harcèlent les députés. En juillet, l'ancien ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino a appelé à la création de «zones de protection» autour des bureaux de circonscription politiques pour protéger les députés et leur personnel d'une vague croissante de comportements menaçants.

Mme Bedont a affirmé qu'elle soutenait l'objectif de protéger les politiciens et les fonctionnaires de la violence. «Mais si l’objectif est simplement de faire taire les critiques et la liberté d’expression, alors je doute qu’une loi puisse résister à une contestation en vertu de la Charte», a-t-elle déclaré.

Elle a précisé que l’affaire contre ses clients devrait revenir devant le tribunal en novembre, mais qu'elle espère que les procureurs décideront d’abandonner les charges avant cette date.

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne