Des événements marquent les huit ans de l'attentat à la mosquée de Québec
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Il y a huit ans, un homme armé a fait irruption au Centre culturel islamique de Québec et a tué six musulmans venus prier.
Il ne reste aujourd'hui qu'un seul trou de balle dans le mur de la mosquée.
Bien qu'une rénovation majeure ait effacé la plupart des traces de l'attaque, le président de la mosquée, Mohamed Labidi, affirme que le seul trou a été laissé là pour rappeler de ne jamais oublier la fusillade du 29 janvier 2017, qui a coûté la vie à Ibrahima Barry, Mamadou Tanou Barry, Khaled Belkacemi, Abdelkrim Hassane, Azzedine Soufiane et Aboubaker Thabti.
Avec le temps qui passe, il craint que la population en général ne tienne plus compte du message du souvenir.
«Malheureusement, cette année, il n'y a pas eu beaucoup d'enthousiasme de la part de nos frères du Québec qui n'ont pas répondu à l'appel de nos portes ouvertes à la mosquée et de nos conférences portes ouvertes», a-t-il déclaré. La participation aux événements et aux conférences, qui ont été organisés pour créer des ponts entre les communautés à l'approche de l'anniversaire, a été décevante, a-t-il ajouté.
«On dirait que les gens commencent à oublier», a-t-il dit.
Mercredi, d’autres événements sont prévus à Montréal et à Québec pour souligner cet anniversaire. La mairesse Valérie Plante présidera une cérémonie et une minute de silence à l’hôtel de ville de Montréal, tandis que les événements à Québec comprendront une discussion sur l’islamophobie, des prières et un souper de couscous en mémoire des victimes.
Une veillée est également organisée à 16 h mercredi, devant la station de métro Parc, à Montréal, pour rendre hommage aux victimes. «Leur mort violente a laissé six veuves sans leur mari et 17 orphelins sans leur père», a affirmé Samira Laouni, l’une des organisatrices de la veillée, dans un communiqué de presse. «Leurs histoires ne devraient jamais être oubliées. Nous devons toujours nous souvenir.»
Samedi, le premier ministre Justin Trudeau s’est rendu à Québec pour rencontrer les familles des victimes. Le maire de Québec et Amira Elghawaby, la représentante spéciale du Canada pour la lutte contre l’islamophobie, ont assisté à une cérémonie publique plus tôt dans la journée.
Alexandre Bissonnette a plaidé coupable en mars 2018 à six chefs d'accusation de meurtre au premier degré et à six chefs d'accusation de tentative de meurtre, et a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant au moins 25 ans. Le tireur a admis être entré dans la mosquée et avoir ouvert le feu juste après la prière du soir, tuant six personnes et en blessant plusieurs autres, dont un homme qui est resté paralysé.
M. Labidi croit qu'il y avait eu une «amélioration générale» des attitudes envers les musulmans depuis l'attaque - malgré quelques revers - et a salué le gouvernement fédéral pour ses actions visant à lutter contre l'islamophobie, comme la nomination de Mme Elghawaby.
Cependant, il est plus critique à l'égard du gouvernement du Québec, qui a récemment annoncé qu'il prévoyait de renforcer les lois sur la laïcité de la province et de mettre fin à la prière dans les lieux publics. Le premier ministre François Legault a déclaré l'année dernière qu'il voulait envoyer un «message très clair aux islamistes» selon lequel le Québec lutterait contre tout manque de respect de ses valeurs fondamentales, y compris la laïcité.
M. Labidi a affirmé que la communauté en avait assez de se sentir ciblée pour des votes. «À l'approche de chaque élection, il y a des partis qui choisissent des slogans pour attirer les votes des populistes, a-t-il dit. Mais à long terme, ce n'est pas bon pour notre société et cela amène des divisions.»
Il a indiqué que plusieurs des familles des victimes sont toujours membres de la communauté de la mosquée, comme les nombreux enfants que les six hommes ont laissés derrière eux. Il a déclaré que la douleur de la perte ne s'est jamais atténuée, ajoutant que tout le Québec a le «devoir de se souvenir» de la tragédie.
«Nous avons le devoir collectif de ne pas oublier, a-t-il soutenu. Il faut le garder vivant pour qu'aucune communauté minoritaire n'ait à vivre ce que nous avons vécu.»
La Presse Canadienne