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Des étudiants en médecine visitent des musées pour le bien de leurs futurs patients

durée 14h13
16 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Les cours sur les maladies et l'anatomie font partie intégrante de la formation médicale traditionnelle. Un nouveau programme d'une université québécoise rend aussi les visites au musée d'art obligatoires dans le cursus.

À travers des portraits et des sculptures, les étudiants en médecine de l'Université de Montréal aiguisent leurs capacités d'observation et de communication afin de mieux soigner leurs futurs patients.

Aspasia Karalis, professeure au département de pédiatrie, explique qu'il ne s'agit pas pour les étudiants en médecine de réviser l'histoire de l'art, mais de mieux comprendre le «tableau complet» du cas d'un patient et les détails qu'ils peuvent négliger.

Selon Mme Karalis, l'interprétation d'une œuvre d'art développe des capacités de réflexion visuelle qui peuvent être appliquées au diagnostic d'un patient.

«Cette personne a-t-elle un certain âge? Cette personne a-t-elle une canne? La canne semble-t-elle adaptée au temps qu'il fait? Devrions-nous chercher à les aider autrement qu'en soignant leur fracture? Les réponses à ces questions peuvent fournir des indices sur le statut socio-économique de la personne et d'autres informations essentielles à sa prise en charge.»

Jusqu'à présent, quelque 400 étudiants de première année des campus de Montréal et de Trois-Rivières ont visité le Musée des beaux-arts de Montréal ou le Centre d'exposition Raymond-Lasnier à Trois-Rivières.

Répartis en petits groupes et guidés par un professeur d'art, les étudiants en médecine sont invités à répondre à trois questions: que se passe-t-il dans cette œuvre? Que voyez-vous qui vous fait dire cela? Que pouvons-nous trouver de plus?

Les œuvres présélectionnées sont liées à des thèmes abordés en classe, tels que les problèmes de communication entre un médecin et un patient. Une fois que les étudiants ont fait part de leurs interprétations, un médecin qui les accompagne leur explique comment la discussion précédente sur l'art peut être appliquée à la médecine.

Par exemple, un médecin peut être amené à négocier des points de vue divergents sur un patient avec des experts en santé de différentes disciplines.

«Ce processus semble très simple et intuitif, mais le fait de le réaliser devant une œuvre d'art sans avoir de réponse médicale factuelle et correcte à apporter nous permet de mieux comprendre comment nous traitons et attribuons un sens ou une signification à ce que nous voyons», affirme Mme Karalis.

Mélanie Deveault, directrice de l'apprentissage et de l'engagement communautaire au Musée des beaux-arts de Montréal, souligne que certaines des œuvres que les étudiants doivent interpréter sont plus réalistes, comme Rue jaune II de Lyonel Feininger, tandis que d'autres sont plus abstraites.

L'une des œuvres sélectionnées à Trois-Rivières, une peinture de l'artiste canadien John Der, représente une scène animée de personnes devant un tramway.

Marie-Andrée Levasseur, directrice des arts visuels à Culture Trois-Rivières, qui supervise les ateliers des étudiants en médecine au centre d'exposition de la ville, explique qu'il est demandé aux étudiants d'observer le tableau et de justifier leurs observations.

Pour David Tremblay, étudiant en première année de médecine, l'expérience a été inhabituelle au début. Cependant, il a déclaré que lui et les autres étudiants ont rapidement surmonté leurs appréhensions. Les ateliers l'ont aidé à réfléchir à son propre processus de réflexion lorsqu'il s'agit de poser un diagnostic.

«Cela aide vraiment les patients, car rien n'est noir ou blanc, comme on le voit dans les manuels», indique-t-il, soulignant que l'atelier l'a aidé à mieux apprécier une expérience passée avec un patient atteint d'un cancer de la vessie, mais qui ne présentait pas les symptômes habituels.

«Avant le musée, nous avons vu d'autres patients et il était beaucoup plus difficile d'accepter cette ambiguïté et d'accepter que ce n'était pas comme dans les manuels.»

Joe Bongiorno, La Presse Canadienne