Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Conservation du territoire: le Québec est premier et l'Ontario est dernière

durée 08h00
19 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

5 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Le Québec est premier de classe en matière de conservation des milieux terrestres et marins, alors que l’Ontario est la moins bonne élève du pays, selon le bulletin de notes de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP), publié mercredi.

Le Québec, les Territoires du Nord-Ouest et la Nouvelle-Écosse forment, avec le gouvernement fédéral, «le groupe des leaders» en matière de protection des terres et des océans.

À l’opposé, Terre-Neuve-et-Labrador, l’Alberta, la Saskatchewan et l’Ontario sont les provinces les moins bien notées.

La SNAP a examiné les progrès réalisés par les différents gouvernements, entre 2022 et 2024, en vue de respecter l’engagement du Canada de protéger au moins 30 % des milieux terrestres et marins d’ici 2030.

Cette cible est l’objectif phare de l’accord de Kunming-Montréal signé en 2022 lors de la COP15 sur la biodiversité.

Québec: A-

Le Québec, la plus grande des 10 provinces, protège 16,9 % de son territoire terrestre, soit 256 046 km2, et 10,4 % de son territoire marin, soit 16 140 km2, selon les données recueillies par la SNAP.

Si la Belle Province a obtenu une note de A-, c’est notamment pour avoir engagé 650 millions $ pour la conservation, souligne le rapport de la SNAP.

Le premier ministre François Legault avait profité de l’ouverture de la COP15 pour annoncer cette somme d’argent et promettre la protection de 30 % du territoire d’ici 2030.

Le rapport de la SNAP salue également le «processus novateur et ouvert au public et aux groupes autochtones» mis en place par le Québec pour identifier de nouvelles propositions d’aires protégées.

La SNAP félicite aussi le gouvernement pour avoir transféré la protection de la faune et des parcs du ministère des Ressources naturelles et des Forêts vers le ministère de l’Environnement.

«Le Québec n’est pas un élève parfait», mais «c’est celui qui fait le plus d’efforts pour atteindre l’objectif de protéger 30 % du territoire d’ici 2030», a expliqué le directeur général de SNAP Québec, Alain Branchaud.

Malgré ce bon bulletin, la SNAP souligne qu’il reste beaucoup de travail à faire et que le gouvernement n’a pas encore mis en place de straté­gie pour le rétablissement du caribou forestier, «ce qui entrave le progrès pour cette espèce en péril».

La SNAP recommande également de réviser la Loi sur les mines «pour mettre fin au libre accès aux ressources minérales» et «pour réduire la présence des claims miniers qui font obstacle à la création de nouvelles aires protégées».

«Un autre point faible du Québec, c’est l’absence de cohésion au sein du gouvernement», a fait remarquer Alain Branchaud.

«D'un côté, le ministère de l'Environnement fait des efforts pour créer les conditions gagnantes pour atteindre l’objectif de 30 %, mais de l'autre, certains ministères, en particulier le ministère des Ressources naturelles et des Forêts, viennent contrecarrer l'action du ministère de l'Environnement», a souligné le biologiste.

Le rapport de la SNAP indique qu’au Québec, environ 10 000 km2 sont en attente de protection.

Des mesures ont notamment été annoncées pour cinq nouveaux secteurs: le mont Kaaikop, les rivières Noire et Coulonge, Saint-Mathieu-du-Parc, le parc régional Massif-du-Sud et la Zec des Anses, «tandis que les travaux se poursuivent sur 18 autres».

Les mauvais élèves

Terre-Neuve-et-Labrador, l’Alberta, la Saskatchewan et l’Ontario ont reçu les notes les plus basses, allant de D- à F pour la voisine du Québec.

«Ces quatre provinces ont fait preuve de peu ou d’aucun engagement à protéger davantage de leurs milieux terrestres et ont manifesté un intérêt minime à l’égard de la mise en place de processus efficaces et équitables pour l’établissement d’aires protégées», peut-on lire dans le rapport de la SNAP.

L’Ontario protège «seulement» 10,9 % (117 129 km2) de son territoire, «tout en mettant en œuvre un programme de développement qui met en péril l’eau, les espèces sauvages, le climat et la santé des communautés».

La province donne la priorité à «la progression d’activités industrielles, comme l’exploitation forestière, l’exploitation minière et le développement routier plutôt qu’à la santé des écosystèmes», par conséquent, «des habitats d’espèces en voie de disparition et d’importantes zones humides sont sacrifiés à un rythme sans précédent».

Par exemple, les auteurs du rapport soulignent que, depuis 2022, les claims miniers ont augmenté de plus de 45 % dans la région du Cercle de feu des basses-terres de la baie d’Hudson.

«Dans ces zones humides sensibles, les activités d’exploration sont intrusives et dommageables, ce qui entraîne des cica­trices permanentes» et «l’octroi de claims miniers se fait souvent sans le consentement des Peuples autochtones et sans examen environnemental».

Le rapport déplore également «l’absence de l’Ontario» dans les discussions pour créer des aires marines nationales de conservation dans les Grands Lacs et souligne que le gouvernement de Doug Ford «refuse de collaborer avec Parcs Canada sur les lacs Érié, Huron et Ontario».

La création du parc urbain provincial d’Uxbridge et l’appui à la création du parc urbain nation­al Ojibway sont toutefois deux mesures positives prises par la province, selon SNAP Canada.

Une note de B pour le Canada

Le gouvernement fédéral a obtenu un B+ pour la conservation des milieux terrestres et une note de B- pour la conservation des milieux marins.

Le rapport salue le fait qu’Ottawa a soutenu des initiatives de conservation menées par les Peuples autochtones, signé «trois accords sur la nature avec deux provinces et un territoire» et fait progresser de nouveaux projets de parcs nation­aux et de parcs urbains nationaux.

«Dans son budget de 2021, le gouvernement fédéral a également investi de façon historique» dans la conservation de territoire par le biais de «l’Initia­tive du patrimoine naturel bonifié».

Ce financement prévoit 2,3 milliards $ sur cinq ans pour notamment conserver «jusqu’à 1 million de kilomètres carrés supplémentaires (km2) de terres et d’eaux intérieures», et aussi «prévenir la disparition d’espèces à risque imminent d’extinction».

Toutefois, «ce financement est à court terme et, à moins qu’il ne soit reconduit dans le budget de 2025, il s’épuisera au cours de l’année», signale le rapport de la SNAP.

Les biologistes saluent également le rôle de leader que le Canada a joué auprès des provinces et territoires.

Ainsi, avec la publication de la «Stratégie pour la nature 2030 du Canada» et de «la Loi sur la responsabilité à l’égard de la nature» (projet de loi C-73) en 2024, «le gouvernement du Canada a pris des mesures pour implanter le cadre mondial», c’est-à-dire l’accord Kunming-Montréal, «à l’échelle nationale».

Pour noter les différentes provinces et les territoires, la SNAP a principalement utilisé la Base de données canadienne sur les aires protégées et de conservation (BDCAPC), qui est compilée et gérée par Environnement et Changement clima­tique Canada.

Selon ces données, le Canada protégeait, en 2024, 13,7 % de ses milieux terrestres et 15,5 % des milieux marins.

En 2010, 9,6 % des milieux terrestres du Canada et 0,8 % de son territoire marin étaient protégés.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne