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Climat: il faut arrêter «d’abreuver les gens de mensonges» dit Yves-François Blanchet

durée 04h30
21 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Il faut arrêter «d’abreuver les gens de mensonges» et leur expliquer le coût réel de l’inaction climatique, selon le chef bloquiste Yves-François Blanchet, dont le parti politique a commandé une étude sur le sujet.

Le prix des aliments qui augmente en raison de sécheresses et d’inondations, les primes d’assurances et les taxes municipales qui bondissent après des catastrophes et les dépenses gouvernementales engendrées par la destruction d’infrastructures publiques ne sont que quelques exemples des coûts liés aux changements climatiques.

Ces coûts, selon plusieurs études, dont une commandée par le Bloc québécois à l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), se chiffrent en milliards de dollars chaque année au pays.

«Il y a eu une augmentation de 8,3 % du coût du panier d’épicerie» en 2023, «ça m’a jeté à terre de lire ça», a indiqué Yves-François Blanchet en réagissant à l’étude de l’IRÉC.

«Alors, pour une famille qui fait une épicerie de 500 $ par semaine, ça veut dire une augmentation de 40 $ par semaine, et si on met ça à la fin de l’année, c’est 2000 $, c’est beaucoup d’argent», a ajouté le chef bloquiste.

Les changements climatiques, parmi d’autres facteurs, ont contribué à la hausse du prix des aliments en 2023, selon l’IRÉC qui cite notamment «une combinaison de méga-sécheresses», de «vagues de chaleur et d’inondations» aux États-Unis qui ont entraîné une flambée des prix des légumes frais de 11 % sur un an et des fruits frais de 8,9 %.

«Ces augmentations se sont fait sentir sur les tablettes au Québec, gonflant la facture d’épicerie des ménages» et «les événements extrêmes locaux (pluies diluviennes, gels tardifs, etc.) affectent aussi les récoltes du Québec», peut-on lire dans l’étude.

Par exemple, toujours selon les données compilées par l’IRÉC, «en 2023, la production totale de légumes au Québec a chuté d’environ 9,2 %» et les conditions très humides de l’été expliqueraient cette baisse.

Taxe carbone: «arrêter de dire des bêtises»

Yves-François Blanchet a indiqué que son parti avait commandé cette étude «parce qu’on s’est fait abreuver de mensonges pendant terriblement longtemps».

Il a expliqué «qu’on a associé» les mesures de lutte aux changements climatiques, comme la tarification sur le carbone, «à des dépenses terribles pour les ménages, comme si les enjeux climatiques ne coûtaient rien» et qu’il faut arrêter «de dire des bêtises».

Cette étude, selon le chef du Bloc, permet à son parti «de dire aux gens, aux familles» qui «se lèvent à 5 h du matin et qui courent de la garderie jusqu’au travail» et qui «n’ont pas le temps de suivre toute l’information», qu’ils «paient très, très chers pour cette espèce de déni climatique qui est très à la mode et très populiste à travers le Canada».

Questionné à savoir quelle serait la principale mesure à adopter pour réduire les coûts liés à la crise climatique, Yves-François Blanchet a sans hésitation répondu qu’il faut arrêter de soutenir financièrement l'industrie pétrolière.

«On donne des dizaines de milliards, selon les années, à l’industrie pétrolière», a dénoncé le bloquiste.

«Ça ne nous donne aucun avantage économique, de quelque nature que ce soit», et en plus, les citoyens se «ramassent avec la facture des effets du changement climatique, des routes arrachées, des inondations dans les domiciles, de l’augmentation des coûts de santé».

Toutes ces dépenses, a résumé Yves-François Blanchet, «ça coûte beaucoup plus cher qu'un tarif sur le carbone».

Le chef conservateur Pierre Poilievre a fait campagne pendant des mois pour convaincre les Canadiens qu’il fallait supprimer la tarification sur le carbone.

Après avoir été nommé premier ministre, Mark Carney a annoncé que la tarification du carbone pour les consommateurs, qui ne s’applique pas au Québec, serait éliminée à partir du 1er avril.

Le chef conservateur a renchéri cette semaine en indiquant qu'il abrogera «au complet» la loi sur la tarification du carbone s'il est élu premier ministre, et pas seulement le volet pour les consommateurs.

Autrement dit, les industries seraient également dispensées de payer un prix sur la pollution.

Entre autres statistiques relayées dans l’étude de l’IRÉC, on peut lire qu’en 2024, «le Canada a connu une année record en matière de pertes liées aux intempéries, avec des dommages assurés totalisant 8,5 milliards de dollars».

La même année, les restes de l’ouragan Debbie au Québec, qui a détruit des routes et des infrastructures dans plus de 50 localités, ont causé des dommages totaux estimés à 2,5 milliards $.

On y souligne également que les coûts «des dommages aux habitations dus aux événements climatiques extrêmes» pourraient atteindre 13,6 milliards $ par an d’ici 2100» si aucune adaptation n’est mise en place.

«La tendance lourde demeure une augmentation des dépenses liées au climat, ce qui rappelle l’importance des efforts d’atténuation du changement climatique et l’urgence de multiplier les mesures d’adaptation, afin de limiter la "facture climatique" assumée par les citoyens», écrivent les auteurs de l’étude.

«En d’autres termes et au risque de nous répéter, une bonne partie des coûts liés aux dérèglements climatiques peuvent être évités si on investit dès maintenant dans des mesures d’adaptation», concluent-ils.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne