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Blair promet que le Canada aura un budget de défense de 60G$ par an dès 2032

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12 juillet 2024
The Canadian Press, 2024
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Par The Canadian Press, 2024

WASHINGTON, D. C. — Faisant fi des critiques, le ministre de la Défense, Bill Blair, défend l'engagement de son gouvernement à investir annuellement 60 milliards $ à compter de 2032, une promesse lancée plus tôt cette semaine au terme du sommet des dirigeants de l’OTAN à Washington, D.C.

«Ce chiffre n’est pas sorti de nulle part, a réitéré M. Blair vendredi, après son retour à Toronto. C’est le résultat de beaucoup de travail acharné.»

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé jeudi le nouveau plan du Canada concernant son budget de défense, quelques heures seulement avant la fin du sommet de trois jours et après des jours de pression de la part des pays de l’OTAN.

Les membres de l’alliance ont convenu de consacrer au moins l’équivalent de 2% de leur produit intérieur brut national à la défense. Le Canada était le seul participant à arriver au sommet sans plan pour atteindre l’objectif.

Bien que l’engagement de M. Trudeau n’ait pas été détaillé, M. Blair a annoncé vendredi qu’il s’élèverait à environ 60 milliards $ par an à partir de 2032, sur la base des projections selon lesquelles le PIB du Canada se situerait un peu au-dessus des 3000 milliards $ cette année-là.

M. Blair a indiqué que la projection estimée provenait de l’OTAN. Il utilise des modèles de l’Organisation de coopération et de développement économiques, dont le Canada est également membre.

«Il était important d’être réaliste quant au temps qu’il faudrait pour réaliser ces investissements, et de le faire de la bonne manière, a précisé le ministre. Nous pensions que la date la meilleure et la plus vérifiable que nous puissions fournir à nos alliés était 2032.»

Assurance et méfiance

Cette annonce a apporté certaines assurances, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, ayant souligné jeudi lors d’une conférence de presse que cela signifiait que tous les alliés disposaient désormais d’un calendrier.

La haute-commissaire britannique au Canada Susannah Goshko et l’ambassadeur des États-Unis au Canada David Cohen ont tous deux publié des éloges pour cet engagement sur les réseaux sociaux.

Mais certains craignaient également que cette promesse ne viole au moins un des objectifs budgétaires du gouvernement fédéral.

Randall Bartlett, directeur principal de l’économie canadienne chez Desjardins, a publié une analyse en ligne montrant que le plan pourrait mettre en péril la nécessité pour Ottawa de maintenir un ratio déficit/PIB en baisse pour 2024-2025 et de maintenir les déficits en dessous de 1% en 2024-2025. 2026—27 et dans le futur.

Il a noté que le gouvernement fédéral «peut augmenter ses recettes ou réduire ses dépenses ailleurs pour financer l’augmentation des dépenses de défense sans augmenter la taille du déficit».

Le chef conservateur Pierre Poilievre a annoncé son refus de s'engager à atteindre l’objectif de dépenses de l’alliance s'il était porté au pouvoir, affirmant ne pas vouloir faire des promesses qu'il ne pourrait pas tenir.

Il a déclaré qu’il devrait d’abord éteindre le «feu de poubelle» dans les finances du Canada en arrivant au pouvoir avant de penser à un tel rehaussement de dépenses.

Les 10 travaux d'Ottawa

M. Blair n’a pas fourni de détails ni de chiffres sur la manière dont Ottawa tiendra ou paiera sa promesse, mais a fait état de dix objectifs que le Canada souhaite atteindre et qui figuraient dans la mise à jour d’avril de la politique de défense.

Il s’agit notamment de renforcer la défense aérienne au sol, de moderniser les capacités d’artillerie et d’acquérir une suite de drones de surveillance et de frappe.

L’élément le plus coûteux, de loin, est le renouvellement et l’expansion de la flotte sous-marine canadienne.

MM. Trudeau et Blair ont annoncé cette semaine que le Canada entamait le processus d’approvisionnement pour acheter jusqu’à douze sous-marins à propulsion conventionnelle pouvant se déplacer sous la glace.

M. Blair n’a pas voulu dire vendredi combien cela pourrait coûter.

Manque de détails

Le manque de détails attachés au nouveau calendrier a suscité le scepticisme de certains chefs d’entreprise et parties prenantes quant à la réalité de s’attendre à une augmentation des dépenses.

Le PDG du Conseil canadien des affaires, Goldy Hyder, a déclaré que l’année cible à elle seule ne «clarifie pas la manière dont les nouveaux investissements dans la défense seront financièrement viables». Il a ajouté qu’il était peu probable que cela apaise les inquiétudes des dirigeants internationaux.

Matthew Holmes, de la Chambre de commerce du Canada, a qualifié cette annonce de «pour le moins décevante».

En réponse aux critiques, M. Blair a déclaré que l’augmentation des dépenses de défense signifie que le gouvernement a l’occasion d’établir de meilleures relations avec l’industrie et les travailleurs canadiens.

«Il ne s’agit pas seulement de dépenser de l’argent le plus rapidement possible, a-t-il rappelé. Il s’agit d’investir.»

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne