Après le sommet de l'APEC, Trudeau se rend au sommet du G20 au Brésil
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Par La Presse Canadienne, 2024
LIMA — Le premier ministre Justin Trudeau doit quitter le Pérou dimanche matin pour le sommet du G20 au Brésil, alors qu’Ottawa cherche à bien placer ses pions entre les États-Unis et les économies en plein essor des pays en développement.
Le Groupe des vingt est un forum intergouvernemental réunissant des dirigeants allant d’alliés de longue date, comme le président français Emmanuel Macron, à des populistes comme le président argentin Javier Milei.
Ils se réunissent à Rio de Janeiro lundi et mardi pour essayer de trouver un terrain d’entente sur des questions allant de la résolution de la faim dans le monde à l’établissement de règles autour des monnaies numériques.
Le sommet intervient moins de deux semaines après que les électeurs américains aient décidé de renvoyer Donald Trump à la Maison-Blanche l’année prochaine. Pendant la campagne électorale, M. Trump a promis de retirer les États-Unis des institutions mondiales et d’augmenter les tarifs sur les produits étrangers.
John Kirton, chef du groupe de recherche du G20, dit que le forum est le principal outil dont disposent les pays pour se préparer à la deuxième présidence du républicain Trump.
«Ce dont vous avez vraiment besoin, c’est des dirigeants les plus puissants, des pays les plus puissants du monde, qui parlent entre eux», a-t-il expliqué.
Une grande partie du temps du premier ministre Trudeau au sommet sera probablement consacrée à des discussions informelles avec divers dirigeants, bien qu’il soit également prévu qu’il ait quelques discussions officielles.
Dimanche après-midi, M. Trudeau participera à un événement organisé par le groupe anti-pauvreté Global Citizen en marge du sommet.
La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, assistera au sommet, qui pourrait être sa première occasion de rencontrer Justin Trudeau en personne depuis son entrée en fonction. Les deux pays font face à un examen de l’accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique en 2026, et les deux dirigeants ont été élus sur la base d’engagements à lutter contre les changements climatiques.
«Il y a aussi des préoccupations au sujet du niveau de l’investissement chinois au Mexique qui, selon moi, doivent être prises en compte, mais j’ai bon espoir que nous pourrons travailler de façon constructive au cours des prochains mois», a déclaré M. Trudeau lors d’une conférence de presse samedi à Lima, ajoutant que le Mexique a été un «partenaire solide» au Canada.
Le premier ministre canadien rencontrera probablement l’hôte du sommet, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, communément appelé Lula.
Selon M. Kirton le premier ministre M. Trudeau était en phase avec les trois principales priorités de Lula pour le sommet, qui sont l’égalité économique incluant les peuples autochtones, le changement climatique et l’énergie propre ainsi que la réduction de la pauvreté et de la famine
Lula a ajouté une quatrième priorité, l’intelligence artificielle — un point que Justin Trudeau a défendu lorsque le Canada a accueilli le sommet du G7 en 2018 et qui, selon lui, sera au centre de la présidence canadienne à titre d’hôte du G7 l’an prochain.
«Il est difficile de penser à un sommet du G20 où les priorités de l’hôte et celles du premier ministre canadien étaient si bien alignées», a indiqué M. Kirton.
Un autre point en commun est le désir de Lula pour une réforme de la gouvernance mondiale, quelque chose qu’Ottawa a poussé au G7 et aux Nations Unies.
Des pays comme le Brésil affirment ne pas avoir une voix adéquate dans les institutions qui ont été conçues à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’Europe et Washington jouaient un rôle dominant dans la formation des règles régissant les questions militaires, commerciales et de souveraineté.
Les pays des régions comme les Caraïbes ont les mêmes griefs à l’égard des institutions financières conçues au fil des décennies. Ils se plaignent de ne pas pouvoir obtenir un financement adéquat pour investir dans les infrastructures qui atténueront les effets des changements climatiques, dont la plupart sont causés par les pays industrialisés.
Vina Nadjibulla, vice-présidente de la recherche pour l’Asia Pacific Foundation, a exhorté les Canadiens à ne pas inclure le Brésil dans le bloc anti-occidental que représentent la Russie, la Chine, l’Iran et d’autres pays au sein des BRICS.
Elle soutient qu’Ottawa devrait plutôt se concentrer sur les priorités communes avec le Brésil, comme le libre-échange, la démocratie et le respect des règles mondiales – y compris les mesures visant à rendre ces règles plus efficaces pour les pays où vit la majorité de la population mondiale.
«Il est important, alors que nous entrons dans cette période beaucoup plus volatile et imprévisible des relations internationales, de maintenir des approches et des politiques intelligentes et nuancées envers les puissances émergentes et moyennes, comme le Brésil», a déclaré Mme Nadjibulla.
«Ce sera un vrai défi pour la prochaine administration Trump, qui a un engagement très limité envers le multilatéralisme et les institutions mondiales, et qui a beaucoup plus de tendances isolationnistes», a-t-elle souligné.
Comme lors des deux derniers sommets du G20, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov est à Rio en remplacement du président russe Vladimir Poutine, qui, depuis mars 2023, fait l’objet d’une ordonnance d’arrestation de la Cour pénale internationale pour son rôle dans la déportation d’enfants ukrainiens.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a causé des tensions lors des deux derniers sommets.
Dylan Robertson, La Presse Canadienne