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Poilievre discret sur les changements fiscaux des libéraux sur les gains en capital

durée 07h00
5 mai 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, demande aux dirigeants d'entreprises de mener leurs propres batailles en ce qui concerne les changements proposés par les libéraux sur l'imposition des gains en capital.

Même s'il qualifie leur projet d'«attaque», il reste discret quant à savoir si son parti votera en sa faveur ou non.

La ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, a présenté la semaine dernière un projet de loi pour mettre en œuvre le plus récent budget fédéral, qui ne comprenait aucune de ses annonces marquantes.

Le gouvernement devrait plutôt déposer un projet de loi distinct visant à mettre à jour le système fiscal afin que les Canadiens et les entreprises les plus riches paient des impôts sur une plus grande part de leurs bénéfices.

Cela signifie que chaque parti devra prendre clairement position en votant oui ou non.

Les sondages montrent que les jeunes Canadiens soutiennent de plus en plus les conservateurs – une tendance que le premier ministre Justin Trudeau, qui compte depuis longtemps sur les électeurs de moins de 40 ans, espère inverser.

Le budget du mois dernier s'est fortement concentré sur la lutte contre l'abordabilité du logement. Mme Freeland et M. Trudeau ont présenté le plan de dépenses comme étant axé sur «l'équité générationnelle».

M. Poilievre a déclaré que les conservateurs voteraient contre le budget.

Mais alors qu’il se présente comme le champion de la classe ouvrière et celui qui comprend le mieux les inquiétudes liées au coût de la vie, appuiera-t-il des mesures qui, selon le gouvernement, ne toucheraient que les Canadiens les plus riches? Le PCC refuse de le confirmer.

«Les conservateurs voteront contre le budget inflationniste de Justin Trudeau», a indiqué le porte-parole Sebastian Skamski dans un communiqué.

«La législation n'existe pas encore à cause de l'incompétence de Justin Trudeau, alors il nous est impossible de nous prononcer sur le sujet», a-t-il ajouté. 

Les libéraux ont parcouru le pays pour vanter le fait que les mesures obligeront ceux qui tirent des bénéfices de la vente d'actifs à payer une plus grande partie de leur «juste part».

Les libéraux proposent de rendre imposables les deux tiers plutôt que la moitié des gains en capital.

L'augmentation du «taux d'inclusion» s'appliquerait à tous les bénéfices nets réalisés par les sociétés et à ceux supérieurs à 250 000 $ pour les particuliers. Elles ne s'appliqueraient cependant pas à la vente d'une résidence principale.

Le gouvernement estime que ce changement générera plus de 19 milliards $ de recettes fiscales au cours des cinq prochaines années, contribuant ainsi à financer de nouvelles dépenses, notamment pour des mesures destinées à stimuler la construction de logements.

«Il est évident que les libéraux élaborent leur "politique fondamentale" à la volée», indique M. Skamski dans le communiqué.

Il a ajouté que «les riches amis de Trudeau» ne paieront pas un sou de plus et que «les travailleurs et les Canadiens de la classe moyenne» feront les frais des dépenses libérales.

«Parlez-en au peuple, pas aux politiciens»

Le chef conservateur a élaboré sa pensée dans un récent texte d'opinion.

Il a imputé ce qu'il a décrit comme «l'attaque» à laquelle les entreprises et les entrepreneurs sont confrontés aux dirigeants d'entreprises eux-mêmes, écrivant que leur approche consistant à succomber aux libéraux n'a pas fonctionné.

«Ils avaient prévu de ne rien faire, à part se plaindre et espérer que leurs lobbyistes inutiles et surpayés rencontreraient Chrystia Freeland ou Justin Trudeau pour leur donner raison pendant que l'opposition harcèle le gouvernement pour qu'il fasse marche arrière», a-t-il écrit vendredi dernier dans le «National Post».

«Si vous voulez arrêter les dernières hausses d'impôts de Trudeau, n'en parlez pas aux politiciens, parlez-en au peuple.»

Ses commentaires – qui ont été largement diffusés par ses députés et d'autres conservateurs sur les réseaux sociaux – sont conformes au message que M. Poilievre envoie au monde des affaires depuis qu'il est devenu chef: il donnera la priorité aux «gens ordinaires» et non aux «entreprises canadiennes».

Il a également averti que cette approche ne changerait pas s’il devenait premier ministre.

Son texte répondait aux préoccupations exprimées par des associations professionnelles et des entreprises au sujet des modifications proposées sur les gains en capital.

M. Poilievre a souligné qu'ils devraient soulever ces questions directement avec leurs employés.

«De toute évidence, mon futur gouvernement fera exactement le contraire de Trudeau sur presque tous les sujets», a-t-il écrit.

On a demandé directement à M. Poilievre lors d'une entrevue la semaine dernière si un gouvernement conservateur abrogerait ou conserverait les modifications apportées aux gains en capital.

Il ne l'a pas spécifié, disant seulement qu'il s'agissait toujours d'une question «hypothétique».

Il a soutenu que le fait d'écarter les changements au régime d'imposition des gains en capital du projet de loi d'exécution du budget équivaut à une «volte-face» de la part des libéraux.

Même s'il n'a pas précisé son plan, il a jugé la mesure inefficace.

«Ce qui est clair, c'est que cela n'affectera pas les riches, car ceux-ci se contentent de vendre leurs actifs avant que le changement entre en vigueur. Ils transfèrent leur argent vers des paradis fiscaux. Ils ne paieront pas un sou de plus», a-t-il fait valoir dans une entrevue avec le média torontois CP24.

Stephanie Taylor, La Presse Canadienne